Efficacité énergétique : des progrès loin d'être compatibles avec l'objectif de neutralité carbone

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Efficacité énergétique dans le monde en 2021

(©Pixabay)

Les progrès d'efficacité énergétique dans le monde devraient plus que « doubler par rapport aux niveaux actuels » pour espérer atteindre la neutralité carbone en 2050, avertit l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport publié le 17 novembre(1).

Une amélioration de l'intensité énergétique de 1,9% attendue en 2021

L’intensité énergétique est un indicateur central utilisé par l’AIE dans ses rapports consacrés à l’efficacité énergétique. Il désigne, pour une zone donnée, la quantité d’énergie consommée par rapport au produit intérieur brut (PIB). Le niveau d’intensité énergétique dépend entre autres de la structure de l’économie considérée (et notamment du poids des services et des industries intensives en énergie comme la sidérurgie), des politiques de maîtrise de la consommation mises en œuvre mais aussi de facteurs climatiques ou du niveau de vie de la population.

En 2021, l'intensité énergétique mondiale pourrait être réduite (c'est-à-dire s'améliorer) de 1,9% selon les dernières estimations de l'AIE, alors qu'elle n'avait diminué que de 0,5% en 2020. Au cours des 5 dernières années, l'intensité énergétique a été réduite de seulement 1,3% par an selon l'AIE, soit près de 3 fois moins que l'évolution jugée nécessaire par l'Agence dans son rapport Net Zero Emissions by 2050 (- 4,2% par an entre 2020 et 2030).

Évolution de l'intensité énergétique mondiale

Tripler les investissements liés à l'efficacité énergétique d'ici 2030

Selon les estimations de l'AIE, les investissements permettant d'améliorer l'efficacité énergétique dans le monde pourraient s'élever de 10% en 2021 (par rapport à 2020) et atteindre presque 300 milliards de dollars (dont 193 milliards d'euros dans les bâtiments). L'Agence juge qu'il faudrait « que ces investissements triplent d'ici 2030 pour atteindre les objectifs climatiques », conformément à son rapport « Net Zero ».

L'AIE mentionne une quarantaine de mesures dans l'industrie, les transports et le bâtiment, sans lesquelles la consommation d'énergie finale dans le monde pourrait être plus élevée de 30% en 2030 (par rapport à un scénario sans la mise en œuvre de ces mesures). Citons entre autres l'objectif de massivement développer les pompes à chaleur dans les bâtiments, la limitation à 100 km/h de la vitesse sur autoroutes à l'horizon 2030 ou encore le remplacement des vols régionaux par des trains à grande vitesse « lorsque c'est faisable ».

L'AIE considère « l'efficacité énergétique comme le moyen le plus propre et, dans la plupart des cas, le moins cher pour répondre à nos besoins énergétiques », a rappelé le directeur exécutif de l'Agence Fatih Birol.

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