
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a publié ce 6 février ses projets de décision sur le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (TURPE) pour la période 2025-2028 (« TURPE 7 »)(1). Elle a également communiqué à cette occasion sur l'évolution à venir du dispositif heures pleines/heures creuses.
Quelles sont les nouvelles heures creuses et celles qui vont disparaître?
Pour rappel, le dispositif heures creuses/heures pleines (HP/HC) est une option tarifaire qui consiste à diviser la journée en deux plages horaires : 16 heures « pleines » et 8 heures « creuses » (consécutives ou non), avec deux prix différents (indiqués dans l’offre de fourniture). La répartition actuelle des HC n'est plus adaptée aux besoins du réseau, compte tenu des changements de modes de consommation (télétravail, usages programmables…) mais aussi du fort développement de la production photovoltaïque décentralisée aux heures méridiennes.
Ainsi, la réforme présentée vise à « mettre en adéquation ces heures creuses avec les enjeux du réseau et de l’équilibre offre-demande. Concrètement, cela signifie déplacer une partie des heures mal placées (7h-11h ou 17h-23h) vers des créneaux où l’énergie est abondante et peu chère, principalement l’après-midi (11h-17h), notamment en été (du 1er avril au 31 octobre) ».
Plus précisément, les heures creuses qui vont être progressivement supprimées seront celles placées entre 7 h et 10h et 18h et 23h en été et entre 7h et 11h et 17h et 21h en hiver. Si les plages horaires des heures creuses vont évoluer, « les consommateurs conserveront un minimum de 5 heures creuses consécutives au cœur de la nuit » et disposeront ainsi au maximum de 3 heures creuses l'après-midi.

Qui est concerné ?
Près de 14,5 millions de foyers en France ont actuellement un contrat avec une option HP/HC. Pour environ 60% d'entre eux (8,8 millions de foyers), ces heures creuses sont uniquement situées la nuit (réparties entre 20h et 8h) tandis que les 40% de clients restants (5,7 millions) disposent d'heures creuses réparties sur deux périodes, la nuit (entre 20h et 8h) et en journée (entre 12h et 17h).
« Au terme de l’évolution en cours, ils seront 13,1 millions à disposer d’heures creuses réparties sur deux périodes, l’après-midi (11h-17h) et au cœur de la nuit, au moins en été » tandis que 1,4 million de foyers disposeront toujours uniquement d'heures creuses la nuit, celles-ci étant déjà « bien positionnées » selon les termes d'Emmanuelle Wargon.
Les clients disposant d'un contrat « Tempo » avec option HC/HP ne sont quant à eux pas concernés par la réforme.
Quand les heures creuses des ménages vont-elles changer ?
Les nouvelles plages d’heures creuses seront progressivement attribuées à compter du 1er novembre 2025 et jusqu’à fin 2027.
« Enedis communiquera les nouvelles plages d’heures creuses des clients à leurs fournisseurs 6 mois avant leur mise à jour, ce qui permettra à ces derniers de prévenir leurs clients au moins un mois avant le changement effectif », précise la CRE.
Quelles suites à cette réforme ?
À l'issue de ce chantier fin 2027, la CRE envisage la possibilité de mettre en place davantage d'heures creuses, notamment l'après-midi (voire au-delà de 8 heures l'été).
S'il juge la réforme actuelle nécessaire, Maxence Cordiez, membre du comité scientifique de Connaissance des Énergies considère « que la révision de ces tarifs n'aille pas plus loin » dès maintenant : « dans un sens qui serait à la fois plus favorable au système électrique et au consommateur. Il aurait ainsi été pertinent d'augmenter le nombre d'heures creuses par jour, contre une augmentation du tarif des heures pleines. Cela aurait simplifié le décalage de consommation pour les usagers (dont une partie des équipements, mêmes les véhicules électriques, sont souvent peu pilotables), et incité ces derniers à consommer réellement au moment des heures creuses (à la fois du fait de la différence de prix accrue et du fait du recentrage des heures pleines sur les heures auxquelles le réseau est véritablement le plus tendu) ».
« Normalement, le marché aurait dû pouvoir donner seul ces signaux », regrette pour sa part Nicolas Goldberg, associé énergie chez Colombus Consulting. « Malheureusement, les prix spot et leurs pas de temps horaires ne se reflètent pas dans les produits standards de marché, ce qui rend complexe la structuration de ces offres ».