Floatgen, la première éolienne offshore de France au large du Croisic

Eolienne Floatgen

Le prototype « Floatgen » d’Ideol est la première éolienne qui sera mise en service au large des côtes françaises. (©Above All-Centrale Nantes)

La première éolienne offshore de France a été « baptisée » le 13 octobre dans le port de Saint-Nazaire. Elle présente la particularité de reposer sur une structure flottante en béton. Présentation.

« Floatgen » : une barge flottante en béton

La France ne dispose à l’heure actuelle d’aucune éolienne offshore en service, au contraire de ses voisins européens disposant d’une façade maritime. L’inauguration de l’éolienne « Floatgen » fait ainsi figure d’événement pour la filière. Elle a eu lieu sur le Quai des Darses à Saint-Nazaire, à proximité du lieu de fabrication de sa fondation flottante (conçue par la start-up française Ideol et construite par Bouygues).

L’éolienne en question, dite « Floatgen », est a priori assez commune : fournie par le constructeur danois Vestas(1), elle dispose d’une puissance de 2 MW et se compose d’un mat de 60 mètres de haut et de pales de 40 m de long (le diamètre du rotor atteint ainsi 80 m). Ce sont ses fondations qui suscitent un intérêt particulier.

L’éolienne est maintenue en flottaison grâce à une barge flottante en forme d’anneau carré, creuse en son centre (« Damping Pool »), de 36 mètres de côté et de 9,5 m d’épaisseur. Ce flotteur, breveté par Ideol, est en béton, matériau plus léger que l’acier utilisé par d’autres systèmes flottants. Selon ses concepteurs, la structure se distingue des autres projets en cours par sa compacité (par rapport à l’éolienne flottante d’Eolfi/Naval Group) et par son faible tirant d’eau (7,5 m, notamment par rapport à l’éolienne flottante Hywind).

Barge de Floatgen
L’éolienne « Floatgen » présente l’avantage de pouvoir être assemblée avec sa fondation à quai, contrairement à d’autres systèmes d’éoliennes flottantes. (©Above All-Centrale Nantes)

6 lignes d’ancrage en nylon

L’éolienne Floatgen a pu être entièrement assemblée à quai, a insisté le PDG d'Ideol lors de l’inauguration. « Les éoliennes flottantes ont pour premier avantage sur les éoliennes posées de pouvoir être montées à terre, plutôt qu'en pleine mer, ce qui limite à la fois les risques et les coûts », a ainsi rappelé Paul de la Guérivière.

Des derniers tests sont actuellement réalisés dans le port de Saint-Nazaire, avant que l’éolienne soit remorquée, « dans les prochaines semaines selon les fenêtres météorologiques », à 22 km au large du Croisic. Le flotteur de l’éolienne d’Ideol sera alors ancré au fond marin à l’aide de 6 lignes semi-tendues en nylon, cette fibre synthétique présentant l’avantage de ne pas être sujette à la corrosion(2).

L’éolienne Floatgen sera implantée sur un site d’essais (SEM-REV) géré par Centrale Nantes et le CNRS, qui dispose déjà d’un câble haute tension pour transporter l’électricité jusqu’à la côte. Elle y sera testée en conditions réelles pendant 2 ans pour « valider la solution du point de vue hydrodynamique ». Elle pourrait alimenter en électricité 5 000 habitants selon Ideol qui ne communique toutefois pas de données sur la production attendue.

Ancrage de Floatgen
Sur le site d’essais, l’éolienne « Floatgen » sera ancré à 33 m de profondeur à l’aide de 2 lignes à l’avant de la barge flottante et de 4 lignes à l’arrière. (©Ideol)

Une technologie non mature à fort potentiel

Le projet « Floatgen » a bénéficié de plus de 23 millions d’euros de financements (sur un budget total de 25 millions d’euros), tant d’investisseurs privés que d’organismes publics (10 millions d’euros de financement européen dans le cadre du 7e Programme-cadre de recherche et de développement technologique, 5,7 millions d’euros de l’Ademe, etc.).

Le projet Floatgen se veut « un point de départ au développement de fermes éoliennes flottantes commerciales », indique Ideol. En France, plusieurs appels d’offres ont été lancés pour le développement de l’éolien offshore à partir de 2011, dont un pour des fermes pilotes flottantes (4 lauréats ont été désignés en 2016 dont « Eolmed » en Méditerranée qui utilise le flotteur d’Ideol)(3). Les acteurs de l’éolien flottant doivent désormais prouver la viabilité technique et économique de leurs systèmes(4).

A long terme, l’éolien flottant présente un potentiel important par rapport aux éoliennes « posées » qui sont limitées à des zone de faibles profondeurs (40 m à 50 m au maximum)(5). Pour l’heure, l’éolien flottant reste encore peu développé (une ferme commerciale dans les eaux écossaises et quelques démonstrateurs au Japon, en Norvège et au Portugal) alors que l’Europe comptait déjà près de 3 600 éoliennes posées au large de ses côtes à fin 2016(6)

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