La situation énergétique du Canada décryptée par l'AIE

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Lac Louise en Alberta

Lac Louise en Alberta. (©Pixabay)

Le Canada est un producteur, un consommateur et un exportateur de premier plan dans le paysage énergétique mondial, rappelle l’AIE dans un rapport consacré à ce pays publié le 13 janvier(1).

Rappels sur la situation énergétique du Canada

La consommation d’énergie primaire du Canada, pays d’un peu plus de 38 millions d’habitants, s’est élevée à 287,6 Mtep en 2020. Elle reposait à près de 76,5% sur les énergies fossiles, gaz naturel (39,1%) et pétrole en tête (32,7%). Le pays, grand comme 18 fois la France métropolitaine, fait partie des dix principaux producteurs mondiaux de pétrole, de gaz naturel, d’hydroélectricité, d’uranium mais aussi d’électricité d’origine nucléaire ainsi que d’origine éolienne ou encore de biocarburants. Il extrait par ailleurs d'importantes quantités de minéraux « critiques » essentiels dans le cadre de la transition énergétique. Au total, le Canada a exporté 44% de sa production d’énergie en 2020, indique l’AIE.

La production énergétique du Canada repose pour près de moitié sur le pétrole (51% en 2020). Le pays dispose des troisièmes réserves prouvées au monde de pétrole(2) (dont 97% sous forme de sables bitumineux et seulement 3% de réserves dites « conventionnelles)(3) et a produit près de 5,2 millions de barils par jour de pétrole brut en 2020, soit 55% de plus qu’en 2010(4).

Le Canada dispose d’une production d’électricité décarbonée à près de 83%, essentiellement grâce à son parc hydroélectrique (60% du mix électrique national en 2020) et dans une moindre mesure du nucléaire (près de 15%), et le pays ambitionne de porter cette part à 90% à l’horizon 2030. Dans cette optique, le gouvernement fédéral s’est entre autres engagé à faire fermer toutes les centrales à charbon « traditionnelles » du pays d’ici à 2030 et à lancer de nouveaux projets hydroélectriques. L’AIE souligne que l’intégration de nouvelles capacités éoliennes et solaires dans le mix électrique canadien sera facilité par le parc hydroélectrique de ce pays, constitué de larges réservoirs permettant un stockage à grande échelle.

Situation énergétique du Canada en 2020

Quelques recommandations de l'AIE

Comme dans chacun de ces « policy reviews » consacrés à des pays, l’AIE souligne les transformations en cours du système énergétique canadien et émet des recommandations pour renforcer notamment les engagements dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le Canada ambitionne de réduire de 40% à 45% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 2005 (et d’atteindre « zéro émission nette » d’ici à 2050). Pour soutenir ses engagements climatiques, le pays a entre autres mis en place un système de tarification du carbone et dispose d’un règlement fédéral portant sur les émissions de méthane de son important secteur pétrolier et gazier.

L’AIE souligne l’importance de réduire l’intensité carbone liée à l’extraction de pétrole et de gaz au Canada (celle-ci est déjà en déclin depuis plusieurs années), qui compte pour un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre. L’Agence internationale de l’énergie souligne également le rôle moteur du Canada dans de nombreux domaines d'innovation comme « la capture, l’utilisation et le stockage de CO2, l’hydrogène propre et les SMR, avec la perspective d’être un fournisseur de solutions énergétiques et climatiques aux autres pays ».

L'AIE recommande par ailleurs de promouvoir une stratégie nationale en faveur de l'efficacité énergétique, d'augmenter les interconnexions électriques entre les différentes provinces canadiennes, d'étendre l'accès à l'énergie auprès des communautés autochtones isolées du nord du pays et de prévoir des actions de soutien pour les travailleurs du secteur du charbon qui seront affectés par la transition énergétique.

Sources / Notes

  1. Canada 2022 Energy Policy Review, AIE, janvier 2022.
  2. 166,7 milliards de barils à fin 2020.
  3. Avec des coûts de production faibles en comparaison avec les coûts initiaux des projets, la plupart des projets sont rentables avec un prix du WTI supérieur à 40 $ par baril selon l’AIE.
  4. La majeure partie de cette croissance de production provient des sables bitumineux exploités dans le pays. Le régulateur canadien de l’énergie estime, dans son scénario Evolving (intégrant des actions renforcées pour lutter contre le réchauffement climatique) que la production nationale de pétrole pourrait atteindre un pic de 5,8 Mb/j en 2039. Son scénario de référence prédit que cette production atteindra un pic de 7,2 Mb/j en 2045.

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