La transition énergétique européenne « accélérée » par la guerre en Ukraine ?

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Impact de la guerre en Ukraine sur le mix énergétique européen

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La transition énergétique en Europe pourrait connaître « une petite accélération », en raison de l’invasion russe de l’Ukraine, selon une nouvelle analyse de l'Energy Transition Research de DNV publiée ce 6 avril(1).

Une baisse drastique des importations de gaz russe

À l’horizon 2024, « 34% du mix énergétique en Europe proviendra de combustibles non fossiles […] soit deux points de plus que dans les prévisions précédant la guerre en Ukraine », selon le modèle actualisé de la société de certification norvégienne DNV. D’où la mention d’une « petite accélération » de la transition énergétique de l’Europe (zone géographique entendue au sens large : « tous les pays européens, y compris les pays baltes, mais sans la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et la Turquie »)(2).

Cette actualisation des prévisions de DNL résulte de la prise en compte d’un futur recul du gaz dans le mix énergétique européen (baisse de 9% de la consommation européenne envisagée en 2024 par rapport au niveau retenu dans le modèle d'avant-guerre). DNV prévoit dans ses nouvelles prévisions une baisse de 90% des importations annuelles de gaz russe en 2024 par rapport à ses prévisions « d'avant guerre ».

La chute des importations de gaz russe d’ici à 2024 ne sera, selon DNV, que partiellement compensée : pour près de 65% par des importations gazières d’autres pays, principalement du Moyen-Orient et des États-Unis sous forme de GNL ; et pour près de 7% par une hausse de la production européenne de gaz, en particulier en Norvège et au Royaume-Uni.

DNV rappelle que « le rôle du GNL importé est limité par la capacité de regazéification, la construction des infrastructures supplémentaires devant prendre de 2 à 5 ans ». 

Impact de la guerre en Ukraine sur le mix énergétique européen selon les prévisions de DNV

Une révision à la baisse de la consommation d’énergie et des émissions de CO2 associées

La baisse de consommation de gaz en Europe sera elle-même en partie compensée par une plus importante demande d’autres sources d’énergie : énergies renouvelables et nucléaire mais également charbon… Ce recours accru au charbon à court terme, très décrié dans le contexte de lutte contre le réchauffement climatique, est nuancé par DNV qui indique que d’ici 2024, « seulement 6% de la réduction de l’approvisionnement européen en gaz naturel sera compensé par le charbon » (contre près d’un tiers notamment par le nucléaire et 20% par les bioénergies notamment).

Au total, DNV estime que la guerre en Ukraine va conduire dans les deux prochaines années à une consommation énergétique en Europe 3% plus faible que celle envisagée précédemment (avant l’invasion russe), principalement en raison d’un ralentissement de la croissance économique et grâce à des gains d'efficacité énergétique.

Compte tenu de la progression des filières bas carbone au détriment du gaz, les émissions de CO2 en Europe liées à la consommation d'énergie pourraient par ailleurs être « inférieures de 2,3% au cours de la période 2022-2030, par rapport à la trajectoire modélisée avant la guerre en Ukraine », précise DNV.

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