Le Danemark, bon élève de la transition énergétique ?

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Energie au Danemark

En 2016, la production d’électricité d’origine éolienne au Danemark a atteint 12,8 TWh. (©Courtesy of Vestas Wind Systems A/S)

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié le 27 novembre un rapport consacré à la politique énergétique du Danemark(1). Elle y souligne les efforts du pays pour décarboner son économie et rappelle la très forte pénétration des énergies intermittentes dans son mix électrique.

La transition énergétique danoise en cours

Au Danemark, « on a du pétrole » et on poursuit néanmoins une transition énergétique rapide dont l’AIE salue les avancées (réduction des émissions de gaz à effet de serre, développement des énergies renouvelables, amélioration de l'efficacité énergétique, importance de la cogénération, etc.). Producteur d’hydrocarbures depuis les années 1970, ce pays scandinave de 5,7 millions d’habitants est exportateur net de gaz et produit quasiment autant de pétrole (142 000 barils par jour en 2016) qu’il en consomme(2).

En 2016, la consommation d’énergie primaire du Danemark était encore satisfaite à près de 65% par les énergies fossiles mais la part de ces dernières a été sensiblement réduite au cours de la dernière décennie (87% en 2006). Dans le même temps, la part des énergies renouvelables a doublé en 10 ans (16,3% en 2006 à 32,6% en 2016(3)). Le pays ne dispose par ailleurs pas de parc nucléaire.

D’ici à 2030, le Danemark souhaite couvrir au moins la moitié de sa consommation énergétique grâce aux énergies renouvelables. A l’horizon 2050, il souhaite même se passer des énergies fossiles, un objectif particulièrement ambitieux mais en vue duquel le pays se trouve « sur la bonne voie » selon l’AIE. L’agence souligne que les plans énergétiques danois permettent de fixer un cadre prévisible et stable (la stratégie 2020-2030 est en cours de préparation).

Energie au Danemark
Plus de 90% de la consommation danoise de charbon est destinée à la production d’électricité. (©Connaissance des Énergies)

Un mix électrique à dominante intermittente

Le Danemark a fait très sensiblement évoluer son mix électrique au cours des deux dernières décennies, l’éolien et les bioénergies ayant progressé au détriment du charbon. En 2016, la production électrique nationale reposait à près de 42,5% sur l’éolien (cette part était même de 48,8% en 2015 grâce à des meilleures ressources en vent). La part du charbon dans ce mix électrique a pour sa part baissé de plus de 90% au début des années 1990 à 28,8% en 2016.

Au total, la production éolienne a plus que doublé en 10 ans (de 6,1 TWh en 2006 à 12,8 TWh en 2016) et le Danemark prévoit de poursuivre l’extension de son parc (de 5,1 GW en 2015 à 7,8 GW en 2025 selon l'AIE). Autre filière intermittente, le solaire apporte une contribution croissante au mix électrique danois bien qu’encore modeste (2,5% en 2016). Selon l’AIE, l’éolien pourrait compter pour 60% de la production électrique danoise en 2025.

Malgré cette très forte intégration d’énergie « variable » qui devrait encore augmenter, l’approvisionnement électrique est jugée stable et sécurisé par l’AIE « grâce à un système électrique flexible et à un haut niveau d’interconnexions transfrontalières ». Les centrales à charbon devraient par ailleurs conserver un rôle dans le mix électrique national selon l’AIE, notamment lors des périodes de sécheresse impactant la production hydroélectrique de la Norvège et de la Suède (et affectant ainsi les importations du Danemark depuis ces pays).

Précisons que les ménages danois sont, avec les Allemands, les consommateurs particuliers payant le plus cher leur électricité au sein de l’Union européenne en raison du très haut niveau des taxes (plus de 65% du prix final, contre environ 35% en France selon Eurostat)(4). Notons par ailleurs que le réseau électrique danois présente la particularité d’être divisé en deux grandes zones non synchronisées : « DK.1 » pour l’ouest du Danemark, « DK.2 » pour l’est du pays(5).


En 2016, les énergies renouvelables ont compté pour plus de 60% du mix électrique danois. (©Connaissance des Énergies)

Un objectif difficile à atteindre en 2020…

Entre 2005 et 2015, le Danemark a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 27% alors que son PIB a augmenté d’environ 7% durant cette période selon l’AIE. Dans le secteur énergétique, ses émissions ont baissé de 34%, les transports et la production électrique restant les principaux secteurs émetteurs.

L’intensité carbone du Danemark(6) figure ainsi désormais parmi les plus faibles des pays développés (après la Suisse, la Suède, la France et la Norvège qui disposent toutes d’un grand parc hydroélectrique ou nucléaire, contrairement au Danemark). Rappelons par ailleurs que le Danemark dispose d’une taxe carbone depuis mars 1992(7).

Selon l’AIE, les mesures actuelles du Danemark lui permettront d’atteindre ses différents objectifs à l’horizon 2020 « sans efforts supplémentaires », à l’exception d’une cible : porter à 10% la part d’énergie renouvelable dans le secteur des transports(8). Comme « dans tous les pays, il est nécessaire de faire davantage pour limiter les émissions » de ce secteur, souligne par ailleurs l’AIE. L’agence appelle ainsi à encourager le développement des véhicules électriques, des biocarburants « durables » et du biogaz.

Tout en continuant à décarboner son mix énergétique, le Danemark devra par ailleurs réduire les coûts associés à sa transition énergétique, indique l’AIE. L’agence recommande notamment au pays d'ajuster sa fiscalité énergétique afin d’orienter les choix des producteurs et des consommateurs vers les solutions bas-carbone.

Au Danemark, la combustion d’énergie compte pour près de 74% des émissions nationales de gaz à effet de serre. (©Connaissance des Énergies)

Sources / Notes

  1. Rapport 2017 de l’AIE sur le Danemark
  2. 164 000 b/j en 2016. En 2014, le niveau de la production nationale dépassait encore celui de la consommation.
  3. Outre les énergies fossiles et renouvelables, le mix énergétique primaire du Danemark comprend les importations d’électricité du pays (la source d’énergie utilisée pour cette production électrique n’est pas identifiée).
  4. Statistiques d’Eurostat au 1er semestre 2017.
  5. Ces deux zones sont reliées par une ligne électrique à haute tension, avec une capacité d’échanges de 600 MW (Great Belt Interconnector).
  6. 0,13 kg CO2 par dollar de PIB.
  7. Qui porte sur la consommation de plusieurs produits énergétiques en fonction de leur intensité CO2.
  8. Près de 7% en 2015.

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