Le véhicule électrique « moins onéreux qu’un véhicule thermique, même avec des prix élevés de l’électricité »

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Peugeot e-208

En 2022, la Peugeot e-208 est la voiture électrique la plus vendue en France. (©Stellantis-Peugeot)

 « À l’usage, un véhicule électrique est moins onéreux qu’un véhicule thermique, même avec des prix élevés de l’électricité, mais le surcoût à l’achat demeure important », indique France Stratégie dans une note publiée ce 16 novembre (accessible en fin d'article).

Une compétitivité du véhicule électrique avec les aides actuelles

Pour acheter une voiture électrique de segment B dite « citadine », le surcoût par rapport à un modèle équivalent à moteur thermique est estimé en moyenne à 16 000 euros par France Stratégie. Avec les différentes aides (bonus écologique de 6 000 euros(1), taxe malus sur les émissions de CO2, prime à la conversion, etc.), ce surcoût peut être ramené à près de 7 200 euros.

Pour un SUV (segment C), la différence à l’achat entre un modèle électrique et son équivalent thermique avoisine 10 000 euros mais elle est « presque entièrement compensée par le bonus et la taxe malus » (le surcoût est ramené à 660 euros), indique France Stratégie.

À l’usage, « le véhicule électrique est moins coûteux pour un ménage (économie de l’ordre de 1 200 euros par an en tenant compte de l’entretien et de la facture énergétique pour un véhicule du segment B) ». En ce qui concerne la revente des véhicules, les incertitudes sont importantes : la valeur d’une voiture à moteur thermique « peut être amenée à beaucoup baisser à mesure que des restrictions de circulation se développent », mais les véhicules électriques, réputés plus « durables » que les modèles thermiques, peuvent « subir une décote plus importante en cas de progrès technique rapide, notamment sur l’autonomie des batteries ».

Surcoûts et économies liés à l'achat d'un véhicule électrique

Au total et « sans actualiser les gains futurs, le surcoût à l’investissement pour un véhicule électrique du segment B par rapport à un véhicule thermique équivalent est rentabilisé par les gains à l’usage au bout de 13 ans en l’absence d’aides, ramené à moins de 6 ans en tenant compte des aides en vigueur » pour un ménage « non modeste ». La rentabilité d’un véhicule électrique par rapport à un modèle thermique est en revanche « immédiate pour un modèle d’entrée de gamme acheté par un ménage très modeste, ou pour un SUV C pour l’ensemble des ménages ».

Quid de la compétitivité des véhicules électriques en cas de forte hausse des prix de l’électricité ?

Dans un contexte de flambée des prix de gros de l’électricité (la hausse des tarifs réglementés a été contenue à 4,5% entre le 2e trimestre 2021 et le 2e trimestre 2022 avec la mise en place d’un « bouclier tarifaire » sans lequel cette hausse aurait été de 37%), la question du coût futur des recharges de véhicules électriques se pose dans le calcul de la rentabilité de ces modèles.

Cette incertitude « liée au contexte actuel sur l’évolution du prix de l’électricité pourrait ainsi constituer un frein au passage à l’électrique », note France Stratégie(2) qui constate que, malgré les mesures de soutien public importantes, les véhicules électriques ont compté pour seulement 10% des ventes de voitures neuves en France en 2021.  Pour rappel, la France s’est fixé comme objectif de mettre fin aux ventes de véhicules thermiques à l’horizon 2035.

La note de France Stratégie note par ailleurs que les aides actuelles à l’achat d’un véhicule électrique représentent un coût élevé à la tonne de CO2 évitée : pour une voiture de type citadine, « avec une hypothèse d’une durée de vie de 16 ans (et plus de 200 000 kilomètres parcourus) du véhicule électrique, les aides à l’achat s’élèvent à 300 euros par tonne de CO2 évitée ».

France Stratégie émet enfin plusieurs recommandations : « un ciblage plus fin du bonus écologique, notamment en le restreignant aux véhicules électriques de petite taille ; un durcissement du malus sur les émissions et sur le poids, avec notamment pour ce dernier son extension aux véhicules électriques ; un accompagnement spécifique pour les ménages modestes, surtout positionnés sur le marché de l'occasion où l’ore électrique est limitée (par exemple par des formules de leasing) et un cadrage des anticipations sur le prix de l’électricité et la disponibilité des recharges ».

Sources / Notes

  1. Un abaissement à 5 000 euros du bonus écologique est prévu dès janvier 2023.
  2. France Stratégie a cherché à mesurer l’impact d’« une hausse hypothétique du prix de l’électricité de 60% et 120% sur les coûts d’usage et les coûts totaux de possession du véhicule ». La note constate que pour un véhicule « SUV », « même la situation la plus défavorable sur les prix de l’électricité ne sau­rait pas à modifier l’ordre de mérite des options ». Toutefois, elle note également qu'une « piste à investiguer serait de définir un barème d’éligibilité au bonus écologique en fonction de la taille ou du poids du véhicule plutôt qu’en fonction de son prix » (réduisant ainsi les aides aux SUV électriques).

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