Les besoins de « refroidissement » face au défi du réchauffement climatique

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Refroidissement

Selon Toby Peters, près de 30% de la population mondiale est confrontée au moins 20 jours par an à des températures « menacant la vie humaine ». (©Pixabay)

La consommation mondiale d’énergie liée aux besoins de refroidissement (réfrigération, climatisation, etc.) pourrait augmenter de 90% d’ici à 2050, selon l’Université de Birmingham qui a organisé les 18 et 19 avril le premier congrès mondial consacré au « clean cold ». 

Jusqu'à 10% de la consommation finale d'énergie en 2050 ?

En 2017, le monde a consommé près de 3 900 TWh d'énergie à des fins de refroidissement (climatisation dans les logements et bureaux, réfrigération d’aliments et de médicaments, etc.), soit près de 3% à 4% de la consommation finale d'énergie selon Toby Peters, professeur à l’Université de Birmingham. D'après ses estimations, le secteur du refroidissement pourrait absorber 7 500 TWh en 2050, soit « 6,4% à 10% de la consommation globale d'énergie » à cet horizon, et ce malgré l'amélioration de l'efficacité énergétique des équipements associés.

Sous l’effet du réchauffement climatique et de la hausse du niveau de vie global sur Terre, les besoins de refroidissement devraient croître bien plus vite que la consommation mondiale d'énergie : près de 9,5 milliards d’appareils de refroidissement pourraient être en activité en 2050, contre près de 3,6 milliards à l'heure actuelle. Au milieu du siècle, le monde consommera ainsi plus d’énergie à des fins de refroidissement que pour le chauffage selon Toby Peters.

L’intégrité de la chaîne alimentaire constitue une problématique centrale du secteur : les problèmes de réfrigération lors du transport et de l’entreposage entraînent la perte de près de 200 millions de tonnes de produits alimentaires par an(1).

Marché du refroidissement

Le marché des équipements de refroidissement pourrait atteindre 260 milliards de dollars en 2050, contre 140 milliards de dollars par an à l’heure actuelle. (©Connaissance des Énergies, d’après Green Cooling Initiative)

Une problématique centrale dans la lutte contre le réchauffement

La hausse de la consommation d’énergie liée au refroidissement contribue au réchauffement climatique, qui renforce à son tour les besoins de refroidissement. Selon Toby Peters, les consommations supplémentaires d’énergie liées au refroidissement ne résoudront en outre pas le problème du gaspillage d’aliments et de médicaments.

A mix de production inchangé, les besoins mondiaux d’énergie liés au refroidissement pourraient engendrer des émissions supplémentaires de 2,5 milliards de tonnes d'équivalent CO2 par an à l’horizon 2050.

Selon Toby Peters, 20% à 25% de ces émissions proviennent de l’usage de fluides frigorigènes de catégorie HFC et HFC, ceux-ci ayant un pouvoir de réchauffement global « entre 1 300 et 3 260 fois plus élevé que le CO2 » selon l’Ademe(2). L’amendement de Kigali au protocole de Montréal, adopté en octobre 2016, « prévoit l’abandon progressif des fluides HFC sur l’ensemble de la planète », rappelle le ministère français en charge de l’énergie(3).

Restent 75% à 80% d'émissions qui sont « indirectes » (dues à la consommation d'énergie des équipements)(4). « Nous sommes assis sur une bombe carbone à retardement », juge Toby Peters qui appelle ainsi à encourager l’innovation dans le domaine du refroidissement. A l’heure actuelle, « seul près de 0,2% du budget européen en R&D (ingénierie) » y serait consacré selon le Birmingham Energy Institute.

Emissions liés au refroidissement

Selon Toby Peters, les émissions mondiales de gaz à effet de serre liées au refroidissement pourraient atteindre 6,5 milliards de tonnes d'équivalent CO2 par an à l'horizon 2050 malgré les mesures d'amélioration de l'efficacité énergétique. (©Connaissance des Énergies, d’après University of Birmingham)

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