Les choix de production électrique : anticiper et maîtriser les risques technologiques, techniques et financiers

  • Source : Cour des comptes

Fin octobre 2021, RTE a présenté les « principaux enseignements » de sa grande étude prospective baptisée « Futurs énergétiques 2050 ». Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité y présente entre autres 6 scénarios possibles d'évolution du mix de production d'ici à 2050, censés chacun permettre de garantir la sécurité d'approvisionnement électrique de la France dans un contexte de forte hausse de la consommation d'électricité (la part de l'électricité dans la consommation d’énergie finale pourrait passer de près de 25% à l’heure actuelle à 55% en 2050 selon la trajectoire de référence de RTE).

Ce rapport de RTE « devrait servir de fondement à une meilleure analyse du coût du mix électrique », constate la Cour des comptes dans la note ci-après publiée ce 18 novembre. L’institution chargée de contrôler l’emploi des fonds publics y alerte sur le fait que les « nouveaux moyens de production [...] nécessiteront, non seulement un investissement financier considérable, mais aussi d’importants délais de construction » qui exigent des « décisions urgentes ». Elle souligne également qu' « un effort accru d’efficacité et de sobriété énergétiques viendrait limiter les risques pesant sur les finances publiques ».

Pour rappel, Emmanuel Macron a annoncé, dans son allocution du 9 novembre 2021(1), que la France allait « pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays » pour compenser les futurs arrêts de tranches nucléaires(2). En 2020, le parc nucléaire français, constitué de 56 réacteurs en service, a compté pour 67,1% de la production totale d’électricité en France métropolitaine.

Cette note de la Cour des comptes consacrée aux choix de production électrique « fait partie d’un ensemble de travaux destinés à présenter, sur plusieurs grandes politiques publiques, les principaux défis auxquels seront confrontés les décideurs publics au cours des prochaines années et les leviers qui pourraient permettre de les relever. Cette série de publications, qui s’étale d’octobre à décembre 2021, s’inscrit dans le prolongement du rapport remis en juin 2021 au Président de la République, Une stratégie des finances publiques pour la sortie de crise ».

Lire l'étude :
Note de la Cour des comptes sur le futur mix électrique de la France

Sources / Notes

  1. Allocution du Président de la République, 9 novembre 2021.
  2. La Cour des comptes rappelle les points suivants sur la prolongation de la durée de fonctionnement
    des centrales nucléaires : « Il n’existe pas, en France, d’encadrement législatif ou réglementaire de la durée de fonctionnement des installations nucléaires de base. En revanche, elles sont soumises à un réexamen périodique tous les 10 ans, au titre des articles L. 593-18 et L. 593-19 du code l’environnement. EDF combine, dans une logique d’optimisation industrielle, ce réexamen périodique avec d’autres exigences techniques ainsi qu’avec la réalisation d’investissements de maintenance, ce qui donne lieu à un arrêt prolongé des réacteurs, appelé « visite décennale » (VD).
    Une exploitation au-delà de 60 ans n’est aujourd’hui pas prévue. RTE retient toutefois l’hypothèse, dans l’un des six scénarios de son rapport Futurs énergétiques 2050 publié le 25 octobre 2021, d’une prolongation de certains réacteurs au-delà de 60 ans tant qu’ils respecteront les normes de sûreté, tout en soulignant que cela repose sur un pari technologique lourd. Aux États-Unis, la commission de sûreté nucléaire (NRC) a accepté la prolongation à 80 ans de quatre réacteurs, Turkey Point 3 et 4, et Surry 1 et 2
    . »
  3. La Cour des comptes « estime nécessaire la tenue d’un débat sur le choix de production électrique, qui constitue un défi à la fois technologique, technique et industriel, et dont les conséquences en termes d’emploi et d’aménagement du territoire se répercuteront sur plusieurs décennies ».

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