Les coûts de production du nouveau nucléaire français

  • Source : SFEN

En 2017, 71,6% de la production électrique française a reposé sur l'énergie nucléaire. Pour rappel, le parc de production d’EDF est composé de 58 réacteurs nucléaires répartis entre 19 centrales. Il est prévu de fermer la centrale de Fessenheim à la mise en service de l’EPR de Flamanville, réacteur de 3e génération. L’objectif de la loi de transition énergétique de porter à 50% la part du nucléaire dans la production électrique française en 2025 a en revanche été repoussé par le ministre Nicolas Hulot.

Dans cette note publiée fin mars 2018, la Société française d’énergie nucléaire (SFEN) « analyse les différents paramètres permettant à la France de disposer de l’option nucléaire à l’horizon 2050 », en se concentrant sur les conditions de développement de l’EPR (l’horizon de temps étant jugé trop proche pour prendre en considération les « petits réacteurs modulaires » et la 4e génération). L’association scientifique qui soutient la filière nucléaire en France souligne les incertitudes et limites d'un hypothétique système « reposant en très grande partie, voire exclusivement, sur des énergies renouvelables variables, associées à du stockage, du biogaz et/ou des énergies fossiles avec capture et séquestration de carbone ».  

La SFEN insiste sur le fait que les « dérapages » de coûts des EPR en cours de construction sont inhérents aux premières réalisations, en prenant pour exemple la construction du tunnel sous la Manche. Elle juge que « les difficultés ont été surmontées » au prix de cette phase d'apprentissage (qui a porté ses « premiers fruits » sur le chantier des 2 EPR de Taishan en Chine) et met en garde sur la perte des enseignements, en cas d'arrêt des constructions de nouveaux réacteurs nucléaires en France.

Il est entre autres rappelé dans cette note que les investissements liés à la construction d'une centrale comptent in fine pour 50% à 75% (en fonction du taux d'actualisation) du coût de production de l'électricité sur la durée d'exploitation de l'installation. Pour bénéficier d'un effet de série, la SFEN recommande de « construire de manière systématique les réacteurs par paire ». Le coût d'un projet d'EPR dépend également du coût de financement. La SFEN appelle à ce titre les États à « dé-risquer » les projets, à l'image du Royaume-Uni qui attire les investsseurs avec des rémunérations garanties (Contracts for Difference, comme pour les EPR d'Hinkley Point C).

En définitive, la SFEN estime que les coûts de construction et de financement des projets EPR pourraient être respectivement réduits de 30% et 50%. Soulignant le caractère « programmable » de ces centrales de production, elle indique que leurs coûts de production pourraient « se situer dans la fourchette basse des centrales à cycle combiné gaz avec un prix du carbone » (de l'ordre de 20 à 30 euros par tonne de CO2). La SFEN appelle ainsi à définir un programme industriel en vue de la mise en service en France d'une première paire d'EPR (après Flamanville) à l'horizon 2030 (avec l'objectif de construire « trois paires de réacteurs au minimum »). Cette orientation devrait être précisée dans le cadre de la révision de la PPE (qui portera sur les périodes 2019-2023 et 2024-2028), préconise la SFEN.

Lire l'étude :
Note de la SFEN nouveau nucléaire

Sources / Notes

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