Les réflexions de l'AIE en vue d'un « nouvel âge industriel des technologies propres »

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La crise énergétique actuelle constitue « un moment charnière pour les transitions vers des technologies propres dans le monde entier, entraînant une vague d'investissements qui devrait se propager dans les industries au cours des prochaines années », prédit l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport de perspective publié ce 12 janvier(1).

650 milliards de dollars par an à l'horizon 2030

Le rapport Energy Technology Perspectives de l'AIE vise à « fournir un état des lieux complet de l'état actuel des chaînes d'approvisionnement en énergie propre, en couvrant l'exploitation minière ; la production de matériaux comme le lithium, le cuivre, le nickel, l'acier, le ciment, l'aluminium et les plastiques ; et la fabrication et l'installation de technologies clés ». L'Agence souhaite y souligner les opportunités et les risques associés à ces secteurs.

Selon l'AIE, le marché mondial des « principales technologies énergétiques propres fabriquées en série » pourrait s'élever à environ 650 milliards de dollars par an à l'horizon 2030, soit « plus de trois fois le niveau actuel ». Sous réserve toutefois que les pays du monde entier mettent pleinement en œuvre leurs engagements annoncés en matière d'énergie et de climat.

Projections de l'AIE

L'AIE estime que le nombre d'emplois liés à la « fabrication d'énergie propre » dans le monde pourrait plus que doubler d'ici à la fin de la décennie, « passant de 6 millions aujourd'hui à près de 14 millions d'ici 2030 »(2). La part des énergies renouvelables dans la consommation mondiale d'énergie primaire pourrait en particulier passer de 12% en 2021 à 22% en 2030 selon le scénario « APS » de l'AIE basé sur les objectifs annoncés à ce jour (et 31% dans le scénario « NZE » jugé compatible avec la limitation du réchauffement à 1,5°C).

Chaînes d'approvisionnement

Le rapport Energy Technology Perspectives alerte entre autres sur la concentration du marché pour de nombreuses technologies « propres » : la production de masse des batteries, des éoliennes, des panneaux solaires des électrolyseurs ou encore des pompes à chaleur est, pour chaque secteur, « concentrée à plus de 70% » entre trois pays producteurs (la Chine figurant au premier rang pour toutes ces technologies). Cette dépendance accentue les risques pour les importateurs : l'AIE note entre autres que le prix des batteries a augmenté de presque 10% dans le monde en 2022, en raison de la hausse des prix du cobalt, du lithium et du nickel.

L'AIE appelle ainsi à « diversifier et à renforcer les chaînes d'approvisionnement d'énergie propre ». Elle note d'ailleurs que l'Inflation Reduction Act aux États-Unis comme le paquet « Fit for 55 » et le plan « REPowerEU » dans l'Union européenne visent à prendre en considération dans le même temps les objectifs climatiques, la sécurité énergétique et les politiques industrielles.

Le rapport met également en évidence « les défis spécifiques liés aux minéraux critiques nécessaires à de nombreuses technologies d'énergie propre, notant les longs délais de développement de nouvelles mines et la nécessité de normes environnementales, sociales et de gouvernance strictes. Compte tenu de la répartition géographique inégale des ressources minérales critiques, la collaboration internationale et les partenariats stratégiques seront cruciaux pour assurer la sécurité de l'approvisionnement ».

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