Les technologies numériques : nouvel horizon des réseaux électriques centralisés en Afrique subsaharienne ?

  • Source : Ifri

En Afrique subsaharienne, la population pourrait presque doubler d'ici à 2050 selon les prévisions de l'ONU(1) et près de 20 millions d'emplois supplémentaires « devront être créés tous les ans au cours des vingt prochaines années afin d'absorber les nouveaux arrivants » sur le marché du travail, indique Hugo le Picard(2), chercheur au Centre Énergie & Climat de l’Ifri. Or, le secteur industriel, susceptible de fournir une partie importante de ces emplois, est fragilisé par la faiblesse des réseaux électriques centralisés dans la région.

Dans l'étude ci-après publiée le 22 octobre par l’Ifri et le think tank marocain Policy Center for the New South, Hugo le Picard souligne qu'améliorer la fiabilité des réseaux électriques doit constituer « une priorité absolue pour permettre le développement économique et industriel de l'Afrique ». Il y décrit les difficultés actuelles des réseaux électriques centralisés d'Afrique subsaharienne et « les réponses que pourraient apporter les nouvelles technologies digitales à ces défis ».

Les systèmes électriques en Afrique subsaharienne reposent sur des capacités électriques très limitées(3) et des réseaux vétustes et mal gérés(4). Dans ce contexte, le déploiement de réseaux intelligents - incluant des systèmes de contrôle et de gestion automatiques (pour détecter les pannes et réduire les coupures de courant par exemple), des capacités de stockage par batteries ou encore des compteurs intelligents - présente un fort intérêt dans la région, malgré les difficultés(5). Le recours aux technologies digitales est également jugé nécessaire pour accompagner le déploiement à grande échelle en Afrique subsaharienne des énergies renouvelables dont « la place dans le mix électrique du continent reste encore marginale ».

Lire l'étude :
Réseaux électriques en Afrique subsaharienne

Sources / Notes

  1. Pour atteindre 2,1 milliards d'habitants en 2050.
  2. Chercheur au Centre Énergie & Climat de l'Ifri, Hugo Le Picard est spécialisé dans les questions de pauvreté énergétique, d'accès à l'électricité et de financement d'infrastructures électriques en Afrique subsaharienne.
  3. En 2018, les capacités électriques installées en Afrique subsaharienne s'élevaient, hors Afrique du Sud, à près de 80 GW.
  4. Leur développement et leur modernisation nécessitent des investissements « colossaux » : de l'ordre de 120 milliards de dollars par an selon cette étude, alors que seuls 30 milliards de dollars ont été investis dans toute l'Afrique en 2018 dans les installations électriques et les réseaux(environ 20 milliards de dollars dans les capacités de production et 10 milliards de dollars dans les réseaux). L'investissement privé est en particulier jugé « primordial », les institutions de financement du développement (DFIs) ne pouvant répondre seules aux besoins.
  5. Manque de normes et de standards, prévalence d'habitats collectifs, etc.

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