- Source : Rexecode
La programmation pluriannuelle de l'énergie « est au sommet de la pile du ministre de l'Énergie, elle est aussi au sommet de la pile du Premier ministre » a assuré le ministre de l'Économie ce 4 novembre. Alors que le décret de la PPE 3 se fait toujours attendre, Raphaël Trotignon rappelle, dans une note que vient de publier Rexecode, l'importance de cette feuille de route, « seule à même de réduire quelques incertitudes pour que les acteurs économiques puissent décider les investissements qui font la transition ».
Morceaux choisis des 10 grands « repères » détaillés par le directeur du pôle Énergie-Climat de Rexecode dans sa publication (accessible en bas de cet article).
Sur l'électrification des usages
Raphaël Trotignon rappelle que la consommation d'électricité a baissé « de 475 TWh par an dans les années 2010 à un peu moins de 450 TWh ces dernières années », en contradiction avec les objectifs d'électrification des usages et de développement des capacités de production. Une baisse certes liée à des gains d'efficacité énergétique et à une plus grande sobriété consécutive à la crise énergétique mais aussi à une désindustrialisation « relativement plus importante en France que chez ses principaux voisins ».
Rexecode envisage que la consommation française d'électricité pourrait atteindre « environ 470 à 490 TWh en 2030 et entre 550 et 640 TWh en 2050, sous des hypothèses d’accélérations raisonnables des tendances récentes d’électrification des usages ». Pour satisfaire cette hausse attendue, une meilleure gestion du système électrique sera nécessaire avec le développement d'outils de flexibilité et une évolution côté production via différents moyens possibles : une réduction de nos exportations, une utilisation accrue du parc nucléaire et surtout de nouvelles capacités éoliennes et solaires, « sorte d’assurance permettant de diversifier le mix, de couvrir des risques éventuels de moindre disponibilité du parc nucléaire et du calendrier de développement de nouveaux EPR ».

Sur l'évolution des factures d'énergie
« Le prix de l’énergie payé par le consommateur final, ménage ou entreprise, est une construction économique et politique, et non le simple reflet des marchés », rappelle Raphaël Trotignon. Pour l'heure, les ménages français bénéficient encore de prix « relativement bas », d'autant plus qu'ils ont pu bénéficier d'une protection renforcée lors de la crise énergétique (l'État a pris en charge des boucliers tarifaires dont le montant avoisine 25 milliards d'euros).
Les ménages pourraient être amenés à supporter une part plus conséquente des coûts de la transition énergétique dans les années à venir. L'impact de ces charges supplémentaires devrait faire l'objet d'une compensation pour les ménages les plus fragiles (notamment par une redistribution des revenus générés par la tarification du carbone et le nouveau marché ETS 2, « comme le prévoit le Fonds Social pour le Climat au niveau européen »).
Trois objectifs contradictoires
La note de Rexecode met en exergue un « trilemme » fondamental de la politique énergétique. Les décideurs doivent « arbitrer en permanence entre trois objectifs légitimes mais souvent contradictoires : la soutenabilité environnementale, c’est-à-dire l’atteinte des objectifs climatiques de décarbonation ; la sécurité d’approvisionnement, qui garantit la disponibilité de l’énergie à chaque instant et la résilience du système ; l’accessibilité des prix, qui recouvre à la fois la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat du revenu des ménages ».
Et Raphaël Trotignon souligne que « chaque option favorise certains acteurs et en pénalise d’autres, oppose le court terme au long terme ». La PPE, tant attendue, constitue précisément une « tentative d’explicitation d’un arbitrage entre ces trois objectifs ». D'où la difficulté politique et sociale d'accoucher de cette feuille de route déterminante.


