
Entrée du site de la COP30 (©UN Climate Change - Kiara Worth - CC BY-NC-SA 4.0)
La « COP30 » désigne la 30e Conférence internationale des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette COP fait suite à la COP28 de Dubaï en 2023 et à la COP29 de Bakou qui s'est tenue fin 2024.
Cadre de la COP30
La COP30 a eu lieu du 10 au 22 novembre 2025 (se terminant un jour plus tard que le calendrier initial) à Belém, capitale de l'État du Para située au nord du Brésil. Cette ville de près de 1,5 million d'habitants se trouve dans l'estuaire des fleuves Tocantins et Pará, aux portes de la forêt amazonienne.
Le Brésil a rassemblé des dizaines de chefs d'État et de gouvernement les 6 et 7 novembre, en amont de la COP en raison de contraintes logistiques (avec notamment des prix de l'hébergement extrêmement élevés).
La prochaine COP (COP31) se déroulera en Turquie mais les négociations s'y dérouleront sous l'égide de l'Australie, une première.
Résultat de la COP30 : un accord « a minima »
En prélude de la COP30, Lula a appelé à une sortie « juste » et « ordonnée » des énergies fossiles. « La Terre ne peut plus supporter le modèle de développement basé sur l'utilisation intensive de combustibles fossiles qui a prévalu au cours des 200 dernières années », a lancé Luiz Inacio Lula da Silva au deuxième et dernier jour du sommet des dirigeants précédant la COP30.
Pas de mention directe des énergies fossiles, mais...
Dix ans après la COP21, le texte final de Belém se montre peu ambitieux. Les plus de 80 pays européens, latino-américains ou insulaires appelant à y mentionner une sortie des énergies fossiles ont dû se résigner à s'accorder avec toutes les Parties autour d'un « plus petit dénominateur commun ».
L'accord de Belém n'appelle ainsi à accélérer l'action que de façon « volontaire », et ne fait qu'une référence indirecte à la sortie des énergies fossiles, en rappelant le consensus de la COP28 à Dubaï, et sans écrire les mots explicitement.
Des réunions internationales auront toutefois lieu en juin et novembre 2026 sur les efforts « volontaires » pour sortir des énergies fossiles, avant qu'un rapport dédié soit présenté à ce sujet lors de la COP31.
Adaptation : tripler les financements pour les pays en développement
Le document « mutirão » issu des négociations (terme tiré d'un mot autochtone tupi-guarani signifiant « effort collectif » censé exprimer l'esprit des négociations promu par la présidence brésilienne) demande des « efforts pour au moins tripler » l'aide financière pour l'adaptation climatique des pays en développement à l'horizon 2035, soit un objectif de 120 milliards de dollars par an (par rapport à l'objectif actuel de 40 milliards de dollars par an). Il y a toutefois une « ambiguïté sur l'année de référence », note Joe Thwaites, expert du National Resources Defense Council.
En revanche, les pays développés ne se sont pas engagés à augmenter l'enveloppe globale de leurs financements climatiques (300 milliards de dollars par an d'ici 2035). Tout effort sur l'adaptation est comptabilisé au sein de cette enveloppe, le reste étant généralement des prêts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (efforts d'atténuation).
Réactions
- « Nous devons le soutenir car, au moins, il nous emmène dans la bonne direction », a jugé, avant l'accord, le commissaire européen au Climat Wopke Hoesktra à propos du texte.
- La ministre française de la Transition écologique Monique Barbut a reconnu que les Européens avaient préféré accepter ce texte en raison du "procès qui était fait aux Européens, qui était de dire qu'une des raisons pour lesquelles on s'opposait à ce texte, c'était parce qu'on ne voulait pas payer de l'argent pour les pays les plus pauvres."
- Le chef de la délégation chinoise, Li Gao, a salué un "succès dans une situation très difficile".
- « La science a prévalu, le multilatéralisme a gagné », a déclaré avant même l'adoption du texte de compromis le président brésilien Lula depuis Johannesburg.
Rappel du contexte
Le Brésil, grand pays pétrolier
Le Brésil est le 8e producteur de pétrole au monde (avec 3,4 Mb/j en 2024), le principal en Amérique latine, et envisage d'augmenter encore cette production dans le futur (comme les deux précédents organisateurs des COP). Une ambition « problématique, mais pas spécifique au Brésil », note Christian de Perthuis, fondateur de la Chaire Économie du climat. « La majorité des acteurs pétrogaziers partagent cette orientation ».
Le projet de Petrobras d'exploiter le gisement offshore de « Marge équatoriale » (qui s'étend sur 350 000 km2, à environ 500 km de l'embouchure de l'Amazone), au potentiel considérable, rencontre notamment de fortes oppositions des ONG environnementales. « On ne peut pas être un leader climatique et avoir en même temps l'intention de multiplier la production de combustibles fossiles », déplore notamment Suely Araujo, ancienne présidente de l'Institut brésilien de l'environnement et des ressources naturelles renouvelables (Ibama) et membre du collectif brésilien d'ONG Observatoire du climat.
Ce projet est soutenu par le président brésilien Lula qui appelle à se servir de la manne pétrolière pour « financer la transition énergétique, qui coûtera très cher ». Pour autant, la secrétaire brésilienne au Climat, Ana Toni, a promis que le Brésil ne se « déroberait pas » du débat sur la sortie des énergies fossiles.
Un président de la COP non lié à l'industrie pétrolière
Le 21 janvier 2025, Lula a nommé comme président de la COP30 André Corrêa do Lago, secrétaire du Climat, de l’Énergie et de l’Environnement au ministère des Affaires étrangères qui a eu une longue carrière dans la diplomatie (il était le principal négociateur brésilien lors des COP28 et COP29).
Cette nomination a été saluée par les défenseurs de l'environnement et la société civile brésilienne.
Action de Lula
Luiz Inácio Lula da Silva, dit « Lula », est le président brésilien depuis début 2023, après deux premiers mandats entre 2003 et 2011. Au cours de ces deux premiers mandats, « Lula avait réussi à diviser par pratiquement quatre le rythme de la déforestation, ses successeurs n’ont que partiellement relancé la déforestation », rappelle Christian de Perthuis.
Et les deux premières années de son mandat actuel ont été marquées par des avancées notables, avec une nouvelle forte réduction de la déforestation et une révision à la hausse des objectifs nationaux de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (avec l'ambition annoncée avant la COP29 de réduire de 67% lesdites émissions d'ici à 2035 par rapport à 2005, contre un objectif de 59% auparavant).
Pour Christian de Perthuis, « son objectif affiché d’arriver à zéro déforestation nette d’ici 2030 me paraît jouable. Mais la question cruciale est de savoir si la stabilisation des surfaces sera suffisante car le réchauffement affaiblit la croissance des arbres et leur capacité à absorber le carbone atmosphérique ».

Une délocalisation de la COP30 un temps envisagée
En juillet 2025, RFI s'est fait l'écho dans un article(1) des craintes d'une « forme de spéculation climatique » autour de la COP30, avec une flambée des prix des hôtels et des locations d'appartements à Belém. Le président autrichien a entre autres renoncé à se rendre à la COP30 à cause du prix des hôtels.
En réaction, l'organisation de la COP30 a notamment annoncé la location de deux bateaux de croisières pourvus de milliers de cabines, pour proposer des prix réservés (autour de 200 € la nuit) aux « petites » délégations. Dans ce contexte, certains participants appellent à une relocalisation de la COP, par exemple à Rio ou Sao Paulo.
« Je sais quels sont les problèmes de Belem », avait reconnu sur place le Président Lula en octobre 2025, soulignant dans le même temps l'importance de « montrer au monde ce qu'est l'Amazonie ».
Enjeux énoncés en amont de la COP30
La ministre brésilienne de l'Environnement Marina Silva qualifie la COP30 de « COP des COP », alertant entre autres sur la nécessité de parvenir « avant la COP30 à un alignement sur l'urgence climatique ». Peine perdue. Même l'Union européenne, divisée, n'a pas finalisé à temps son nouvel engagement climatique à l'horizon 2035.
Réévaluation des engagements des pays
À Belém, le principal enjeu était censé être la réévaluation des engagements de réduction d’émissions figurant dans les contributions déterminées au plan national (CDN ou NDC en anglais) pour la troisième période quinquennale d’application de l’accord de Paris (2026-2030), souligne Christian de Perthuis.
« C’est assez mal parti avec l’arrivée de Trump, le remplacement probable de Trudeau par un conservateur dont le premier des mots d’ordre est le démantèlement de la taxe carbone canadienne et les valses-hésitations de l’Union européenne sur la mise en œuvre du Green Deal », déplorait-il en février 2025 (le Parti libéral a finalement remporté les élections fédérales canadiennes d'avril 2025 devant le Parti conservateur et Mark Carney est devenu le nouveau Premier ministre). Et de souligner une grande inconnue, à savoir « la position de la Chine qui continue sur sa spectaculaire lancée dans les industries verts mais semble avoir relancé la construction de centrales thermiques à charbon en 2024 ».
Selon l'ONU Climat, seuls 10 des près de 200 signataires de l'accord de Paris de 2015 avaient soumis leur stratégie actualisée de réduction des gaz à effet de serre d'ici 2035 avant la date limite. Lors de la COP30, il ne faut ainsi « pas s'attendre à des gros titres ou à des accords sur des gros sujets clinquants », juge Marta Torres-Gunfaus, du groupe de réflexion Iddri.
Sur la base des dernières contributions déterminées au niveau national déposées, la trajectoire de réchauffement global envisagée d'ici la fin du siècle (en cas de mise en œuvre intégrale de ces CDN) serait de + 2,3 à + 2,5 °C selon le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE)(2), et de + 2,8 °C sur la base des politiques actuelles. Bien loin donc des ambitions de l'accord de Paris.
Bilan 10 ans après la COP21
L’objectif de « neutralité » carbone ou de « net-zéro », énoncé à l’article 2 de l’accord de Paris s’est « imposé comme une boussole guidant les stratégies de long terme des États et des grandes entreprises ». Mais le système des contributions déterminées au plan national censé poser des cibles intermédiaires « ne fonctionne pas correctement », constate Christian de Perthuis.
« Le système de gouvernance multilatéral semble plus faible que jamais et on ne voit guère comment les financements climatiques internationaux pourront être multipliés par trois d’ici 2030 avec le retrait des États-Unis qui étaient devenus sous la présidence de Biden le premier bailleur de fonds. La seule bonne nouvelle vient du côté de l’économie, avec la baisse historique des coûts des énergies de flux (éoliens et solaires) devenues compétitives par rapport aux énergies fossiles pour la fourniture d’électricité, et, demain, dans d’autres secteurs grâce à l’électrification des usages ».
Problématiques de la présidence brésilienne
La présidence brésilienne compte porter « deux problématiques complémentaires : l’arrêt de la déforestation d'ici à 2030 et la mise en place de ressources financières dédiées à la finance climat (taxe internationale sur les patrimoines et/ou taxe sur les billets d’avion). Un rehaussement des ambitions sur la déforestation est envisageable, facilité par la mise en place des mécanismes de finance carbone adoptés à Bakou (articles 6.2 et 6.4 de l’accord de Paris) », précise Christian Perthuis, qui juge toutefois une avancée sur les ressources financières dédiées « improbable dans le contexte international actuel ».



