
Le Haut conseil pour le climat (HCC) est un organisme indépendant chargé « d’évaluer l’action publique en matière de climat et sa cohérence avec les engagements européens et internationaux de la France, en particulier l’Accord de Paris, l’atteinte de la neutralité carbone en 2050, et le respect des budgets carbone de la France »(1).
La création du HCC a été entérinée par décret du 14 mai 2019(2) (il est mentionné dans la loi relative à l’énergie et au climat de 2019), après une annonce du Président français Emmanuel Macron en novembre 2018.
Missions
Le Haut conseil pour le climat fait mention de « deux missions principales » qui prennent la forme de publications :
- un rapport chaque année sur le respect de la trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre, la bonne mise en œuvre des politiques et mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et développer les puits de carbone ;
- un avis tous les 5 ans sur les projets de stratégie bas carbone et de budgets carbone et la trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre sur laquelle s’engage la France.
Le HCC publie également ponctuellement des avis sur auto saisine, par exemple en janvier 2025 sur la PPE 3 et en mars 2025 sur le plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC 3).
Le HCC indique par ailleurs être « régulièrement mobilisé dans des auditions parlementaires, des consultations du Conseil économique, social et environnemental (CESE), des missions d’inspection ainsi que des réunions de travail avec des institutions telles que la Cour des Comptes ». À travers ces contributions, il joue « un rôle central dans l’éclairage des décisions publiques et l’évaluation des politiques climatiques ».
Le HCC souligne par ailleurs sa mission pédagogique, avec « des rapports destinés à nourrir le débat public et à sensibiliser les citoyens aux enjeux climatiques ».
Membres du HCC
Outre son Président, le Haut conseil pour le climat est composé de « maximum 12 membres » (soit 13 membres au total), choisis pour cinq ans en raison de leur expertise scientifique, technique et économique dans les domaines des sciences du climat et des écosystèmes, de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que de l’adaptation et de la résilience face au changement climatique.
Le Haut conseil pour le climat est présidé par Jean-François Soussana (ingénieur agronome, directeur de recherche à l'INRAE)depuis mi-2024. Celui-ci a succédé à Corinne Le Quéré.
Il est accompagné des 12 membres suivants (par ordre alphabétique)(3) :
- Michel Colombier (ingénieur et économiste, directeur scientifique de l'IDDRI) ;
- Sophie Dubuisson-Quellier (docteur en sociologie, directrice de recherche au CNRS) ;
- Marion Guillou (spécialiste de l'alimentation, présidente de l'Académie d'Agriculture de France) ;
- Céline Guivarch (économiste, directrice de recherche à l'École des Ponts) ;
- Jean-Marc Jancovici (associé fondateur de Carbone 4 et président fondateur de The Shift Project) ;
- Paul Leadley (professeur à l'Université Paris-Saclay, travaillant sur les interactions entre la biodiversité, le changement climatique et le fonctionnement des écosystèmes) ;
- Goneri Le Cozannet (chercheur à la direction des Risques et de la Prévention du BRGM) ;
- Benoît Leguet (directeur général de l’Institut de l’économie pour le climat - « I4CE », qui répond ici à une interview de l'AFP en octobre 2022) ;
- Selma Mahfouz (économiste, Inspectrice générale des finances et directrice du pôle Expertise ESG de l’Institut mutualiste pour l'environnement et la solidarité, rapporteure générale du rapport de Jean Pisani-Ferry sur « les incidences économiques de l’action pour le climat » en 2022) ;
- Valérie Masson-Delmotte (climatologue, chercheuse au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de l’Institut Pierre Simon Laplace à l’université Paris Saclay et coprésidente du groupe de travail sur les bases physiques du changement climatique du GIEC depuis 2015) ;
- Diane Strauss (directrice du bureau français de l'ONG Transport & Environment, experte de la décarbonation des transports et de l'énergie en Europe) ;
- Laurence Tubiana (présidente et directrice exécutive de la Fondation européenne pour le climat, présidente du conseil d’administration de l’AFD, elle était ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique et représentante spéciale pour la COP21 à Paris en 2015).
Moyens
Le Haut conseil pour le climat dispose d’un Secrétariat « qui assure, sous l’autorité de la présidence, le suivi et l’organisation des travaux et en particulier, la préparation et la rédaction des documents de travail et des publications du HCC et l’organisation de la communication ».
Le président du Haut conseil pour le climat bénéficie d'une indemnité forfaitaire mensuelle de 1 000 euros. Le montant de cette indemnité forfaitaire mensuelle est fixé à 500 euros pour les autres membres du HCC(4).
Interventions récentes
Parmi les prises de positions récentes du HCC, citons notamment les interventions suivantes.
En janvier 2025, le HCC a publié un avis sur le projet de PPE 3 dans lequel il présente les « 6 conditions de la réussite » de cette feuille de route, avec des propositions pour favoriser les mobilités propres, garantir les investissements, assurer l'accessibilité de la transition et la résilience au changement climatique ou encore renforcer la gouvernance de cette feuille de route. Le HCC y insiste également sur la nécessité de préciser les chemins pour sortir concrètement à terme du charbon, du pétrole et du gaz fossile (avec notamment une « anticipation nécessaire dans tous les secteurs pour respecter l’engagement de sortie du pétrole en 2045 »). Il demande aussi des « trajectoires détaillées » pour le développement de l'électricité et de la biomasse.
En juillet 2025, le HCC a appelé à un « sursaut collectif », face au ralentissement du rythme de décarbonation en France et aux « reculs » sur certaines mesures comme la rénovation des bâtiments. Dans son rapport annuel intitulé « Relancer l'action climatique face à l'aggravation des impacts et à l'affaiblissement du pilotage », il rappelle que le rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre a beaucoup ralenti en 2024 (-1,8%). Le HCC y souligne même qu'une grande partie (70%) de cette réduction peut être attribuée à des facteurs « conjoncturels », tels que la douceur hivernale ou le redémarrage de réacteurs nucléaires. Les experts du HCC regrettent également « l'affaiblissement » du Secrétariat général à la planification écologique, organisme rattaché à Matignon et soulignent l'importance de « relancer la diplomatie climatique de la France » au niveau international.
Le HCC prend aussi position sur des sujets internationaux via l'intervention de ses 13 membres, son président Jean-François Soussana ayant notamment dénoncé la suppression de données scientifiques menée par l’administration Trump aux États-Unis - une « politique de déni du changement climatique » - lors d’une audition devant la commission du développement durable de l’Assemblée nationale en mai 2025.
