Transport maritime : les tensions géopolitiques dopent les émissions de CO2

Christian de Perthuis

Professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine - PSL

Fondateur de la Chaire Économie du Climat

L’agence des Nations-Unies pour le commerce et le développement a récemment publié son rapport annuel sur le transport maritime(1). C’est l’une des analyses les plus complètes sur l’évolution de cette activité. Depuis novembre 2023, le transport maritime a été fortement affecté par les tensions géopolitiques en mer Rouge. Avec des implications importantes sur les émissions de CO2.

Des trajets allongés et une vitesse moyenne en hausse

En novembre 2023, le roulier Galaxy Leader est dérouté par les rebelles Houthis et son équipage est fait prisonnier. Cet incident témoigne de la vulnérabilité des navires transitant par le canal de Suez et provoque une redistribution rapide des lignes maritimes.

En 2024, le nombre de navires transitant par le canal de Suez est divisé par plus de deux, relativement à 2023. Le trafic contournant le cap de Bon Espérance augmente en proportion.

Reroutage des lignes maritimes

Ce reroutage a deux implications importantes pour le trafic maritime :

  • une augmentation de la distance moyenne parcourue pour transporter le même volume de marchandise. En 2024, les tonnages transportés par mer ont augmenté de 2,2 % relativement à 2023, mais les tonnes-km qui sont l’indicateur utilisé pour mesurer le trafic de 5,9% ;
  • pour ne pas trop retarder les livraisons, les armateurs ont souvent été contraints d’augmenter la vitesse moyenne des navires, surtout ceux de grande capacité.

Augmenter les km parcourus et accroître la vitesse moyenne des navires, cela fait plus de rejets de CO2 dans l’atmosphère. Aussi, l’agence onusienne estime que les émissions de CO2 se sont accrues de 5 % en 2024, relativement à 2023.

Emissions de CO2 du transport maritile

Ce contexte rappelle l’importance de la réunion extraordinaire du comité environnemental de l’Organisation Maritime Internationale qui se tient la semaine prochaine (14-17 octobre). 

Ce comité doit formellement adopter le projet de régulation visant à réduire les émissions de CO2 et à introduire une tarification carbone internationale à partir de 2028. Une réunion à haut risque compte tenu de l’hostilité de l’administration américaine qui a déjà menacé de représailles commerciales tout pays qui la mettrait en pratique.

Les autres articles de Christian de Perthuis

Commentaire

Albatros
Mon pauvre Monsieur, les navires de guerre tout comme les chars russes qui vont déferler sur les pays baltes bien avant 2035 ne sont pas à voiles alors que nos technocrates auront anéanti toute possibilité de motorisation thermique. Russes et "décarbonés", quelle chance !

Ajouter un commentaire

Sur le même sujet