Allemagne : les prix de l'énergie font reculer la production industrielle en juillet

  • AFP
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La production industrielle en Allemagne est repartie en baisse en juillet, surtout dans les secteurs énergivores, tandis que les pénuries de biens intermédiaires continuent de peser, selon des chiffres provisoires publiés mercredi.

Le secteur manufacturier, pilier de la première économie européenne, a produit 0,3% de moins sur un mois en données corrigées des variations saisonnières, après un rebond de 0,8% (après révision en hausse de 0,4 point) observé en juin, selon un communiqué de l'institut de statistique Destatis.

L'activité industrielle faiblit depuis le printemps dans la lignée de la guerre d'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.

"La production dans les industries à forte intensité énergétique" comme la chimie ou la métallurgie "a considérablement diminué" en juillet, de 1,9% sur un mois et de près de 7% depuis février, détaille Destatis.

L'explosion en cours des prix d'énergie contraint un nombre croissant de PME à suspendre leur activité.

Près d'une PME industrielle sur dix a interrompu ou réduit sa production en Allemagne en raison de la hausse des cours, selon un sondage de la fédération du secteur industriel BDI présenté mercredi.

Selon cette enquête réalisée auprès de 600 entreprises, plus de 90% d'entre elles ont déclaré que l'augmentation des prix de l'énergie et des matières premières était un défi existentiel ou majeur pour leur activité.

En raison de cette augmentation des prix, une entreprise sur cinq envisage de délocaliser une partie ou l'ensemble de l'entreprise à l'étranger et environ 40% ont déclaré reporter leurs investissements dans la transformation écologique. Un cinquième, au contraire, les accélère.

Or, ces entreprises "ont été complètement oubliées" par le gouvernement de coalition allemand qui a annoncé dimanche un troisième plan de soutien face à l'inflation, selon Marc Tenbieg, directeur du lobby des PME en Allemagne, interrogé mercredi par la chaîne publique ZDF.

Sur un an, la production a baissé de 1,1% en juillet, a ajouté Destatis.

Les chaînes d'approvisionnement restent perturbées à la suite de la guerre en Ukraine et la crise du Covid-19, avec pour conséquence un retard dans le traitement des commandes.

Le pire pourrait encore venir avec l'arrêt "complet" des livraisons de gaz russe vers l'Allemagne annoncé par le géant russe Gazprom la semaine dernière sous le prétexte de problèmes techniques.

Sans gaz russe, la valeur du PIB allemand pourrait se contracter de 1,5% en 2022 et de 2,7% en 2023, a prévenu le FMI.

"Si l'on combine les effets directs, indirects et les incertitudes, la fermeture du robinet du gaz réduirait le PIB de 1,5% en 2022, de 2,7% en 2023 et 0,4% en 2024", par rapport à un scénario où l'Allemagne continue d'être approvisionnée en gaz, a indiqué en juillet l'institution dans un rapport.

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