Royaume-Uni : le nucléaire, prochaine source de tensions avec la Chine ?

  • AFP
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Après les télécoms et internet, l'atome ? En pleine tensions diplomatiques, la position incontournable de la Chine dans le nucléaire britannique commence à faire débat au Royaume-Uni, quitte à compromettre les ambitions énergétiques du pays.

L'âge d'or économique entre Londres et Pékin proclamé en 2015 semble révolu, emporté par les critiques britanniques sur la mainmise chinoise à Hong Kong et l'exclusion de l'équipementier Huawei du réseau 5G. La Chine reste pour l'instant muette sur de possibles représailles, et le nucléaire fait désormais office de nouveau front pour un grand nombre de députés britanniques inquiets de l'influence de la deuxième puissance mondiale.

Pékin, via le groupe CGN, est un rouage essentiel dans le renouveau du nucléaire voulu depuis plusieurs années par les gouvernements conservateurs successifs au Royaume-Uni afin de prendre le relais des vieilles centrales. "Notre politique énergétique est entre les mains des Chinois (...) et nous devrions réviser notre stratégie en la matière", s'emportait début juillet le député conservateur Iain Duncan Smith dans le quotidien The Telegraph.

CGN est présent aux côtés du groupe EDF dans le développement d'Hinkley Point C, la seule centrale nucléaire en cours de construction dans le pays, censée être livrée à partir de la fin 2025. Le chinois n'est que partenaire minoritaire aux côtés du français qui fournit les deux réacteurs de nouvelle génération EPR de la centrale.

Le modèle est le même pour le projet de centrale de Sizewell dans le Suffolk, sur la côte est anglaise, pour lequel EDF et CGN attendent une validation du gouvernement.

Hitachi en embuscade

Face aux critiques, le groupe chinois se vante lui d'avoir déjà investi 3,8 milliards de livres dans le pays avec des milliers d'emplois à la clé. "Tout ce que CGN attendait du Royaume-Uni c'était du prestige et le soutien à leur technologie - ce qu'il jugeait important afin de l'exporter vers d'autres pays", explique à l'AFP Steve Thomas, professeur à l'Université de Greenwich et spécialiste des questions énergétiques.

Car la participation du groupe chinois à Hinkley C et Sizewell est une contrepartie au développement de sa propre centrale, avec EDF comme partenaire minoritaire, celle de Bradwell dans l'Essex (sud-est). Le chinois tente de faire valider sa technologie auprès de l'autorité de régulation du nucléaire qui mène la dernière phase d'examen avec une décision attendue fin 2021 ou début 2022.

Bradwell, le site qui braque principalement certains députés, "sera une décision politique", tranche M. Thomas. "Si Bradwell est bloqué, je ne vois pas pourquoi les chinois ne se retireraient pas de Hinkley et Sizewell", estime-t-il. Et dans ce cas, le gouvernement n'aurait d'autre choix que de prendre une participation dans Hinkley C sauf à laisser tomber la centrale. Convaincre d'autres partenaires relèverait en effet du chemin de croix tant les investissements nécessaires sont importants tout comme les risques de retard ou de surcoûts. Hinkley Point C a par exemple subi des dépassements de budget et son coût est estimé jusqu'à 22,5 milliards de livres désormais.

Le japonais Toshiba avait lui renoncé en 2018 à construire une centrale nucléaire en Cumbrie (nord-ouest de l'Angleterre). Son confrère Hitachi, qui avait gelé son projet de de centrale nucléaire au Pays de Galles début 2019, semble lui prêt à le relancer mais sous conditions.

Il attend la publication dans les prochains mois par le gouvernement britannique de sa nouvelle stratégie énergétique qui pourrait comporter un nouveau modèle de financement pour le nucléaire.

« Dernier espoir »

Celui-ci ferait porter une partie des coûts dès le départ sur les consommateurs, avec une contribution qui s'ajouterait sur leurs factures d'électricité. M. Thomas rappelle que le gouvernement n'est pas très l'aise avec cette solution "mais c'est le dernier espoir pour le programme nucléaire", selon lui.

"Le renouveau du nucléaire doit jouer un rôle important en tant qu'énergie à faibles émissions carbone pour limiter le changement climatique. Nous sommes régulièrement en contact avec des promoteurs concernant leurs projets", se contente de dire le ministère de l'Énergie.

Le gouvernement britannique met le paquet sur les énergies renouvelables comme l'éolien et prévoit d'arrêter le charbon, mais le nucléaire reste incontournable pour atteindre l'objectif de neutralité carbone qu'il s'est fixé pour 2050. L'atome compte pour environ 20% de l'électricité dans le pays, une part que les pouvoirs publics entendent donc maintenir.

Commentaires

Avenirdunucléaire

Les Britanniques ainsi que d'autres européens et les Français feraient bien mieux de s'associer pour construire un prototype de réacteur RNR (4 G).
En Russie, le réacteur BN-800 est un réacteur nucléaire rapide refroidi au sodium qui a été couplé au réseau électrique national Russe le 10 décembre 2015. Il s’agit de la quatrième unité de production de la centrale nucléaire de Beloïarsk, située dans la ville de Zaretchny (sud-ouest de la Russie). D’une puissance de 800 MW, il fonctionne régulièrement depuis 4 ans . Aussi ceux qui disent que la 4 G ne fonctionne pas et ne fonctionnera jamais sont des menteurs et des incompétents. De plus: Si le déploiement commercial des réacteurs 4G dans le monde, pourrait se faire, en fait, à partir de la décénie 2050(ou après, vers 2060 ou 2070 au plus tard),c’est pour qu’ils aient le temps de pouvoir devenir économiquement rentables et compétitifs. En attendant, on fera de la 3G, et aussi des SMRs . Les réserves de l’ U238 en France représentent des millénaires d’utilisation des RNRs pour la production électrique française. Au cours de ces siècles, puis de ces millénaires, les fusions nucléaires tritium-deutérium, puis plus tard deutérium-deutérium et deutérium-hélium3 se seront rajoutés à la fission RNR, depuis bien longtemps.

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