Arabie saoudite : les attaques venues du « Nord » et « parrainées » par l'Iran

  • AFP
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L'Arabie saoudite a accusé mercredi l'Iran d'avoir "incontestablement parrainé" les attaques contre deux infrastructures pétrolières majeures du royaume, assurant qu'elles provenaient du "Nord" et qu'une enquête allait déterminer le lieu exact du lancement.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a été dépéché en Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, réaffirmant à son arrivée la responsabilité de l'Iran selon les États-Unis et qualifiant l'attaque "d'acte de guerre".

"L'attaque a été lancée depuis le Nord et a été incontestablement parrainée par l'Iran", a déclaré de son côté le porte-parole du ministère de la Défense saoudien, Turki al-Maliki, au cours d'une conférence de presse pour présenter les conclusions d'une enquête officielle, lors de laquelle ont été dévoilés des débris de "drones" et de "missiles de croisière".

Selon lui, 18 drones et sept missiles de croisière ont frappé samedi les deux sites après avoir été lancés d'un endroit qui n'est pas le Yémen, situé au sud de l'Arabie saoudite, où les rebelles Houthis ont pourtant revendiqué l'attaque. Le responsable saoudien n'a toutefois pas directement accusé l'Iran d'avoir lancé les attaques depuis son territoire, affirmant seulement sa certitude quant aux capacités du royaume à trouver le lieu de lancement à l'issue de l'enquête.

L'Iran dément avoir joué le moindre rôle dans les attaques contre l'Arabie saoudite, son rival régional, qui ont fait baisser de moitié la production de pétrole du royaume et fait flamber les prix du brut, avant un repli. La République islamique apporte en revanche un soutien politique aux rebelles yéménites Houthis. Riyad intervient militairement au Yémen depuis 2015 dans le cadre d'une coalition pour soutenir le gouvernement contre les rebelles.

« Tester la volonté internationale »

Les États-Unis accusent l'Iran d'être à l'origine de ces attaques. Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi dans un tweet avoir ordonné le durcissement "des sanctions contre l'État iranien". Ces sanctions, dont la nature doit encore être détaillée, viendront s'ajouter aux mesures punitives déjà sans précédent imposées par Washington à Téhéran depuis que le milliardaire républicain a retiré son pays en mai 2018 de l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015.

Lors de sa visite en Arabie saoudite, le secrétaire d'État américain doit s'entretenir avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, afin de "coordonner les efforts pour contrer l'agression iranienne dans la région".

Dans un échange téléphonique avec ce dernier, le président russe Vladimir Poutine "a appelé à une enquête approfondie et objective", selon le Kremlin. Le président français Emmanuel Macron s'est lui aussi entretenu avec le prince héritier, homme fort du royaume, et va envoyer, selon l'Élysée, des experts pour participer à l'enquête saoudienne, tout comme les Nations Unies, selon des sources diplomatiques.

Le prince héritier a estimé mercredi que les attaques permettaient de tester "la volonté internationale de lutter contre les opérations de sabotage qui menacent la sécurité et la stabilité mondiales", selon l'agence officielle saoudienne SPA.

« Tensions »

Dans une note transmise lundi à l'ambassade de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains en Iran, la République islamique a assuré n'avoir "joué aucun rôle dans cette attaque" et "condamné les accusations" américaines, selon l'agence officielle iranienne Irna. Ce message "met en garde les responsables américains" en soulignant "que si une action quelconque devait être prise contre l'Iran, celui-ci opposerait une réponse immédiate d'une portée bien plus grande qu'une simple menace", d'après la même source.

Le président Hassan Rohani avait auparavant affirmé que les attaques de samedi étaient "un avertissement" lancé par les rebelles yéménites à Riyad. Mercredi, les rebelles Houthis ont menacé de frapper "des dizaines de cibles" à Dubaï et Abou Dhabi aux Emirats arabes unis, allié de Riyad au sein de la coalition qui intervient au Yémen.

Les attaques contre l'Arabie saoudite ont réveillé la crainte d'une confrontation militaire avec l'Iran, alors que Washington et Téhéran ont frôlé l'affrontement direct en juin. M. Trump avait dit avoir annulé in extremis des frappes contre des cibles iraniennes après que Téhéran eut abattu un drone américain.

Alors que, dimanche, la Maison Blanche avait indiqué que M. Trump n'écartait pas l'hypothèse d'une rencontre avec le président Rohani lors de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le président américain a finalement dit préférer "ne pas le rencontrer". Téhéran avait exclu un peu plus tôt toute négociation avec les États-Unis à l'ONU, à moins qu'ils décident de réintégrer l'accord sur le nucléaire iranien, selon les propos de l'ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême iranien.

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