- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le chancelier allemand Friedrich Merz inaugure mardi le salon international de l'automobile de Munich, au moment où l'interdiction européenne de vendre des voitures à moteur thermique en 2035 agite cette industrie, cruciale en Allemagne mais en crise.
« 2035 pas atteignable » pour le patron de Volkswagen
Sa prise de parole est attendue par un secteur allemand aux abois face à la concurrence chinoise dans l'électrique, aux coûts élevés et aux tensions commerciales internationales.
Les géants du secteur, BMW, Mercedes et Volkswagen, ont exprimé publiquement leurs doutes sur l'objectif fixé par Bruxelles : "2035 n'est pas atteignable", a jugé lundi Oliver Blume, patron de Volkswagen, et apparaît comme un objectif appelé à des "clauses de revoyure" chaque année.
Ces industriels, rejoints durant le week-end par Stellantis (Peugeot, Fiat, Opel), appellent à une approche plus pragmatique, conciliant décarbonation et maintien des emplois.
En Allemagne, le secteur a déjà perdu plus de 50 000 postes entre mi-2024 et mi-2025, selon le cabinet de conseil EY.
Une lettre ouverte appelant à « ne pas reculer »
Plus de 150 entreprises - constructeurs de véhicules électriques, fabricants de batteries ou opérateurs de recharge - ont de leur côté exhorté lundi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à "ne pas reculer" sur l'interdiction des voitures thermiques dans l'UE.
À l'issue du salon vendredi, les constructeurs rencontreront Mme von der Leyen à Bruxelles pour discuter de l'avenir du secteur face aux défis de l'électrification, de la concurrence et des tensions commerciales.
"Il faut passer aux actes, et vite, avant la fin de l'année", a martelé lundi Jean-Philippe Imparato, directeur pour l'Europe de Stellantis.
Concurrence chinoise
En outre, la concurrence de la Chine déstabilise les Européens. Le salon de Munich voit une forte présence d'entreprises chinoises, avec une centaine d'exposants sur environ 700, soit 40% de plus qu'en 2023.
Quatorze constructeurs présentent leurs modèles, du géant BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, à GAC, qui débute sur le marché européen.
BYD a présenté lundi sa compacte Dolphin Surf, vendue depuis mai autour de 20 000 euros: elle sera produite dès fin 2025 dans sa future usine hongroise, contournant ainsi les droits de douane européens sur les importations chinoises.
En face, Volkswagen réplique avec trois marques grand public --VW, Cupra et Skoda-- pour lancer des véhicules d'entrée de gamme : l'ID.Polo et l'ID.Cross pour VW, et la Cupra Raval, tous attendus en 2026 autour de 25 000 euros.
L'objectif affiché : capter environ 20 % du segment des petites voitures électriques en Europe, soit plusieurs centaines de milliers de véhicules par an.
BMW et Mercedes cherchent à séduire la clientèle premium avec des SUV électriques d'une importance stratégique : le iX3 de BMW, premier modèle de la gamme "Neue Klasse", avec 800 km d'autonomie et recharge rapide, et le GLC électrique de Mercedes, prévu l'an prochain avec 700 km d'autonomie.
Le groupe Tesla absent
Le chancelier Merz pourrait en dire plus mardi sur la concertation promise récemment sur l'avenir du secteur automobile allemand, pilier de son économie mal en point, à l'image de Volkswagen qui aborde le salon en pleine restructuration.
Le groupe de Wolfsburg va se séparer de 35 000 employés d'ici 2030 au sein de la marque VW et arrêter la production dans deux usines allemandes.
Porsche, Audi et des centaines de PME de sous-traitants subissent également des plans sociaux. "La situation est misérable pour l'économie allemande", résume Ferdinand Dudenhöffer, expert du secteur.
Parmi les marques étrangères au salon international, Ford, Hyundai, Kia sont présentes à Munich, de même que Renault qui présentera la sixième génération de la Clio hybride.
Un absent de marque : l'Américain Tesla, présent il y a deux ans, et dont les ventes européennes, grevées par l'engagement politique droitier d'Elon Musk, ont chuté de 43% au premier semestre. De quoi laisser davantage de visibilité aux marques chinoises.