La major américaine Chevron laisse la voie libre à Occidental pour acquérir Anadarko

  • AFP
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Après une âpre bataille pour s'emparer du spécialiste du gaz naturel Anadarko, la major pétrolière américaine Chevron a jeté l'éponge jeudi, laissant la voie libre à sa compatriote Occidental Petroleum soutenue par le milliardaire Warren Buffett.

Deuxième groupe pétrolier américain après ExxonMobil, Chevron a décidé de ne pas faire de nouvelle offre pour acquérir Anadarko, pour lequel il proposait 33 milliards de dollars, dette non comprise. Cette décision ne laisse plus sur la table que les 38 milliards de dollars proposés par Occidental Petroleum. "Gagner dans tout environnement ne signifie pas gagner à tous les coûts", explique avec humour le PDG Michael Wirth, disant s'attendre désormais à ce qu'Anadarko mette fin à leur accord de fusion pour se marier avec Occidental.

Chevron, dont la rentabilité a été affectée depuis 2014 par la chute des cours de l'or noir et qui pâtit également des difficultés de l'activité de raffinage via ses stations-essence, a préféré ne pas aggraver sa situation financière. "Les coûts et une discipline en terme d'utilisation des capitaux sont importants et nous ne diluerons pas nos retours (sur investissements), n'éroderons pas la valeur pour nos actionnaires, juste pour pouvoir dire qu'on a effectué une acquisition", a encore défendu M. Wirth.

L'entreprise ne cède pas le terrain les mains vides puisqu'elle va percevoir 1 milliard de dollars d'Anadarko au titre d'indemnités de rupture des fiançailles et a déjà prévu de verser cette somme à ses actionnaires via une augmentation de 25% à 5 milliards de dollars de son programme de rachats d'actions.

À Wall Street, l'action gagnait près de 3% dans les premiers échanges. À l'inverse, le titre Anadarko baissait de 2,89%, les investisseurs semblant déçus de ne pas avoir de surenchère.

Occidental malmené en Bourse

Occidental décrochait de près de 6%, les agences de notation Standard & Poor's (S&P) et Moody's ayant déjà prévenu qu'elles pourraient abaisser la note de solidité financière parce que l'entreprise allait devoir augmenter sa dette pour financer cette transaction. Cette opération "va laisser la société avec moins de flexibilité pour affronter un environnement de prix bas du pétrole et du gaz et amplifie la nécessité de réduire la dette en urgence", estime Andrew Brooks de Moody's.

De grands actionnaires d'Occidental ont également exprimé leur mécontentement, promettant, comme la société énergétique T. Rowe Price (3% du capital), de voter contre la réélection des membres du conseil d'administration à la prochaine assemblée générale. Anadarko est un spécialiste du gaz naturel devenu une des ressources les plus prisées par les majors au moment où la lutte contre le changement climatique a rendu les énergies fossiles « indésirables ».

Chevron et Occidental Petroleum veulent ainsi mettre la main sur ses actifs dans la région du bassin permien, qui s'étend de l'ouest du Texas au sud-est du Nouveau Mexique. Cette zone, qui abrite les principales réserves américaines d'hydrocarbures de schiste, est devenue officiellement, il y a quelques semaines, le champ de pétrole brut le plus prolifique au monde devant le bassin saoudien Ghawar avec des extractions de 4,1 millions de barils par jour (Mb/j) en mars, d'après l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).

Chevron semblait avoir la main après avoir obtenu un accord de fusion avec la direction d'Anadarko pour racheter l'entreprise à 33 milliards de dollars (dette non comprise). Mais Occidental, qui avait déjà approché la fiancée auparavant, était sorti du bois, proposant 38 milliards. La société a également reçu le soutien du milliardaire américain Warren Buffett, qui lui a promis 10 milliards de dollars en échange d'une participation au capital.

Pour obtenir l'aval des actionnaires d'Anadarko, Occidental a de nouveau musclé son offre, en promettant davantage de cash après être parvenu à un accord de principe avec le groupe français Total pour lui vendre ultérieurement les actifs de sa cible en Algérie, au Ghana, au Mozambique et en Afrique du sud. "Le conseil d'administration (...) a unanimement déterminé que l'offre révisée d'Occidental Petroleum du 5 mai constitue une proposition supérieure", a déclaré lundi Anadarko.

Le mariage Occidental-Anadarko constituerait une des plus importantes fusions dans le secteur pétrolier depuis le rachat en 2015 de BG Group par Royal Dutch Shell pour 61 milliards de dollars. L'opération pourrait lancer un mouvement de consolidation dans le secteur pétrolier, font valoir les experts. ExxonMobil pourrait, par exemple, faire une offre sur Pioneer Natural Resources, avance la banque Morgan Stanley.

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