- Connaissance des Énergies avec AFP
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Les critiques fusaient vendredi à l'encontre de la banque centrale de Russie, incapable d'enrayer l'effondrement du rouble malgré une nouvelle augmentation de son taux directeur qui risque de peser sur une économie déjà fragile.
Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté vendredi sous la neige devant le siège de la Banque de Russie, alors que la monnaie russe plongeait au même moment à de nouveaux records de faiblesse.
"Pays, où est la justice? Si tu aides les banques, aide aussi les emprunteurs", disait notamment, selon le site Meduza, une pancarte tenue par ces détenteurs de crédits libellés en devises étrangères, qui ont vu leurs traites en roubles s'envoler ces derniers mois.
Depuis le début de l'année, la devise russe a perdu 36% de sa valeur face à la monnaie unique européenne et 42% face au billet vert, plombée par les sanctions introduites contre Moscou à cause de la crise ukrainienne et plus récemment par la chute des cours du pétrole. L'inflation devrait atteindre 10% d'ici à la fin de l'année.
Vendredi, sur fond de dégringolade du marché pétrole, l'euro a d'abord franchi 71 roubles avant de monter jusqu'à 72,25 roubles, du jamais vu. Le dollar s'est envolé à 57,98 roubles.
A la mi-journée, le rouble s'est légèrement repris, suggérant selon les analystes une intervention de la banque centrale, mais son rebond n'a pas tenu longtemps.
"Il faut agir plus fermement et injecter des montants plus sérieux, pour changer les attentes du marché", critique Alexeï Mikheev, analyste de la banque VTB24.
Pour cet expert, la Banque de Russie "cède aux spéculateurs".
L'effondrement du rouble a contraint l'institution à agir quasi quotidiennement depuis le début du mois, dépensant au total 5,5 milliards de dollars, sans succès.
Face à des Russes de plus en plus inquiets de la perte de leur pouvoir d'achat, la banque centrale a relevé jeudi, pour la cinquième fois cette année, son taux directeur à 10,5% (5,5% au début de l'année), cherchant à augmenter les rendements offerts par le rouble et à enrayer sa chute.
Elle est cependant limitée dans sa marge de manoeuvre par la récession equi guette en 2015 selon le gouvernement, car la hausse des taux d'intérêt des crédits risque de freiner encore l'économie.
La décision de la Banque centrale "va conduire à une baisse des revenus de la population et à une chute de la production, et le rouble va de toutes façons chuter", a estimé le quotidien Moskovski Komsomolets.