EDF « ne passera pas » l'année, si le gouvernement maintient tel quel son bouclier tarifaire, alerte le CSEC du groupe

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Lourdement endettée, EDF ne "passera pas le cap de la fin d'année" si le gouvernement maintient les mesures mises en place dans le cadre de son bouclier tarifaire pour contenir la hausse de la facture des ménages, selon le CSE central (CSEC) d'EDF qui a présenté mercredi des pistes alternatives.

"EDF a été plongée dans le rouge à dessein par le pouvoir en place ces derniers mois", a accusé mercredi Philippe Page Le Mérour, secrétaire du CSEC, qui présentait les conclusions de la procédure de droit d'alerte économique engagée en début d'année, après l'annonce de mesures gouvernementales impliquant la mise à contribution du groupe pour contenir la facture d'électricité des ménages et des entreprises français.

Dans la ligne de mire du CSEC : la décision du gouvernement d'obliger EDF à vendre davantage d'électricité à bas prix à ses concurrents pour protéger le pouvoir d'achat des Français, en relevant le plafond de l'Arenh, ou "Accès régulé à l'électricité nucléaire historique" de 100 à 120 TWh d'électricité vendue à prix réduit à ses concurrents.

La dette d'EDF "en fin d'année dernière était à 42 milliards d'euros, les mesures gouvernementales font basculer la dette au-delà de 50 milliards d'euros, probablement aux alentours de 60 milliards d'euros en fin d'année 2022, voire au-delà si d'autres mesures gouvernementales venaient à suivre les recommandations de la CRE (Commission de régulation de l'énergie)", a affirmé le secrétaire du CSEC, s'appuyant sur les travaux d'un cabinet d'expertise mandaté pour la circonstance.

"Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage et là, la rage a été inoculée de force par le gouvernement", a-t-il tonné, soupçonnant le gouvernement de laisser volontairement se dégrader la situation financière de l'entreprise pour la renationaliser provisoirement, et de préparer son démantèlement.

Dans sa résolution, votée mardi à l'unanimité par les organisations syndicales représentatives lors d'une séance extraordinaire du CSEC, ce dernier propose deux mesures permettant selon lui de protéger le pouvoir d'achat et de juguler l'inflation tout en préservant la santé financière de l'entreprise: suspendre l'Arenh et "calculer les tarifs en fonction du mix de production français, c'est-à-dire de sortir du mariage avec le marché européen" qui "impose une fixation des tarifs en fonction des énergies fossiles utilisées en Europe", selon son secrétaire.

Ces conclusions doivent être présentées le 29 juin lors d'un conseil d'administration d'EDF, qui aura un mois pour apporter des "réponses motivées" à ces propositions.

Commentaires

Guillaume
Une dette qui est aussi due aux déboires du nucléaire qui coûte un pognon de dingue.
Michel DESPLANCHES
Surtout au tarif et aux obligations ARENTH qui pillent EDF au profit des distributeurs alternatifs !
Serge Rochain
Bien que ce soit une stupidité qui maintien EDF à l'abri d'avoir une vraie concurrence, elle a bon dos l'ARENH, ce n'est pas elle qui a fabriqué un truc idiot qui coute 6 fois plus cher qu'anoncé l'EPR !
Guillaume
A quand un vrai investissement dans les économies d'énergie avec notamment un reste à charge nul pour les ménages et des démarches simplifiées...
Yann
Considérant la valeur du MW du marché de capacité variabilisé à 6000 hdm cela fait 3€/MWh qui additionnés aux 42 € de l'Arenh, cela fait 45 € bien moins que la moitié du coût total du nucléaire. Nos politiques quels qu'ils soient nous enfument avec le concept éculé de l'énergie pas chère.
Vlady
La dette d ' EDF est plus ancienne que ça : dès que l ' UE a imposé la libéralisation du secteur gaz/électricité , divers acteurs du secteur sont partis à l ' assaut du monde . C ' est ainsi qu ' EDF a acheté , acheté , acheté tout ce qui bouge , ou presque , avoir les yeux plus gros que le ventre , ça se paie un jour !! Gérer un secteur au niveau national , c ' est une chose , se frotter à des vérités étrangères , c ' est tout autre chose , surtout avec les encouragements de l ' UE et son dogme "concurrence libre et no faussée" ! Et ce qui devait arriver arriva : EDF , comme tant d ' autres , s ' est cassé la gueule , royalement , et c ' est le cochon payeur de contribuable qui trinque
Jean BLIN
Contre tous ses présidents (qui étaient des ingénieurs, jusqu'à que Chirac y nomme des commerciaux) la filière nucléaire a été laissée sans vision d'avenir, sans planification, sans grands investissements et destruction de ses projets, études et prototypes (Symphonie, Phénix et Superphénix, Astrid) par tous les gouvernants depuis le 1er jour du 1er septennat de Mitterrand et tous ses successeurs jusqu'à Macron inclus. Faut donc pas s'étonner de sa situation que les gouvernants français et l'UE ont crée et de l'alerte du CSEC qui a parfaitement raison de réagir et de pointer du doigt les 2 raisons du déficit et des difficultés actuelles.

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