Jean Castex annonce de nouvelles mesures contre le bond des tarifs de l'énergie

  • AFP
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Attention, sujet explosif à sept mois de la présidentielle! Le Premier ministre Jean Castex annonce jeudi soir sur TF1 de nouvelles mesures pour aider les Français à faire face à la flambée des prix du gaz et de l'électricité.

Depuis plusieurs jours, la pression monte sur le gouvernement, conscient que ce bond de la facture énergétique "inquiète beaucoup les Français", a reconnu le porte-parole Gabriel Attal. "Les Français n'ont pas à prendre de plein fouet cette augmentation des prix du gaz (...) Nous assurerons notre rôle de protection des Français face à la flambée des prix de l'énergie", a assuré jeudi Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, devant le Conseil national de l'hydrogène.

Il n'a pas voulu dévoiler les annonces qui seront faites au 20H par Jean Castex, mais celles-ci devraient concerner "le plus de monde" possible, selon la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.

Selon une source gouvernementale interrogée par l'AFP, ces mesures s'adressant aux ménages comme aux entreprises ne seraient pas forcément des leviers fiscaux (TVA) ou une nouvelle rallonge au chèque énergie, mais pourraient concerner des mécanismes de lissage en amont dans la construction du prix.

"Il y a des marges de manœuvre car nous avons des rentrées supplémentaires avec cette hausse des prix du gaz", qui signifie rentrées fiscales supplémentaires pour l'Etat, a souligné Barbara Pompili.

Intervenant après une chute en 2020 liée à la récession due à l'épidémie de Covid-19, le bond actuel des tarifs s'explique par une conjonction de raisons: stocks bas, forte demande avec la reprise économique, incapacité de la Norvège et de la Russie à augmenter leurs livraisons, spéculation sur les matières premières...

Le régulateur de l'énergie a ainsi annoncé lundi une hausse de 12,6% TTC, effective vendredi, des tarifs réglementés du gaz appliqués par Engie, dans le sillage de la hausse des cours sur le marché. Ils avaient déjà augmenté de 8,7% au 1er septembre, après plus de 5% en août et près de 10% en juillet.

Les tarifs de l'électricité devraient eux aussi connaître une nouvelle augmentation "aux alentours de 12%" en début d'année prochaine, a indiqué Barbara Pompili. L'évolution des prix est en effet directement liée aux fluctuations du gaz et à la hausse du prix des quotas de CO2.

Le pouvoir d'achat en question

Le 15 septembre, le gouvernement avait pris les devants en annonçant un versement exceptionnel de 100 euros en décembre pour les 5,8 millions de ménages bénéficiaires du chèque énergie.

Au delà de l'enjeu social, l'exécutif cherche politiquement à désamorcer les risques d'un mouvement de protestation rappelant les "gilets jaunes", et qui s'était cristallisé à l'automne 2018 autour de l'augmentation du prix des carburants automobiles.

"D'un point de vue politique, il faut faire très attention" à ce sujet, car "dans une élection présidentielle les gens votent avec le porte-monnaie", a souligné le politologue Pascal Perrineau jeudi sur BFMTV.

Or, Emmanuel Macron compte faire en partie campagne, s'il se représente, en se présentant comme le défenseur du pouvoir d'achat des Français qui, malgré la crise du Covid-19, a été globalement préservé en 2020 (+0,4% selon l'Insee). Cette année, il "va augmenter de 1,5% à 2%. Donnons-nous rendez-vous fin 2021 pour vérifier", a déclaré jeudi matin Jean Castex, interrogé par Midi Libre en marge d'un déplacement à Montpellier.

Depuis plusieurs jours, oppositions, syndicats et associations de consommateurs pressent l'exécutif de prendre des mesures plus énergiques. "Avec +600 euros sur la facture de gaz, l'aide de 100 euros annoncée par le gouvernement n'est clairement pas à la hauteur de la gravité de la situation", a dénoncé le député écologiste ex-LREM Matthieu Orphelin.

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a pour sa part jugé nécessaire d'"augmenter encore" le chèque énergie et de l'"élargir" à davantage de bénéficiaires", en particulier aux "franges des salariés qui sont un peu au dessus" des critères actuels.

L'UFC-Que choisir propose plutôt une baisse temporaire de la TVA, prenant exemple sur l'Espagne où elle a été réduite temporairement de 20% à 10%. " L'Etat matraque les consommateurs avec des taxes et une TVA à 20 %", a dénoncé son président Alain Bazot.

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