- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le chancelier allemand Friedrich Merz a exclu jeudi toute remise en route du projet de gazoduc Nord Stream 2 pour approvisionner l'Europe en gaz russe, sans commenter les spéculations sur un possible passage de l'infrastructure sous pavillon américain.
Explosions en septembre 2022
"Nord Stream 2 n'a actuellement aucune autorisation d'exploitation, et cela ne changera pas", a déclaré à l'hebdomadaire die Zeit le dirigeant conservateur, entré en fonction la semaine dernière, maintenant le veto du gouvernement précédent sur la mise en service de ce gazoduc.
Voies de transit du gaz russe vers l'Europe, ces conduites reliant la Russie à l'Allemagne par la mer Baltique sont à l'abandon depuis des explosions inexpliquées en septembre 2022, quelques mois après le début de l'offensive russe en Ukraine.
Les deux conduites du gazoduc Nord Stream 1, en service depuis 2011, ont été détruites, tandis qu'un tuyau de la seconde paire Nord Stream 2 (NS 2) semble intact. NS2, achevé en 2021, n'a jamais obtenu l'autorisation d'exploitation nécessaire pour commencer à acheminer du gaz compte-tenu de la montée des tensions avec la Russie accusée de se servir des livraisons de gaz pour faire pression sur l'Europe et l'Ukraine.
Discussions entre Moscou et Washington
Des articles de presse ont évoqué récemment l'hypothèse jusqu'ici impensable d'une mise en service de NS2 dans le cadre d'un rapprochement entre le Kremlin et le président américain Donald Trump.
Dans une interview fin mars, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a fait état de discussions entre Moscou et Washington sur la question. "Les gazoducs Nord Stream sont en cours de discussion", avait-il déclaré à la chaîne russe Channel One.
"Il serait intéressant que les Américains usent de leur influence sur l'Europe et l'obligent à ne pas rejeter le gaz russe. Cela semblerait surréaliste", a-t-il insisté.
Selon plusieurs médias, l'investisseur américain Stephen Lynch, proche de Donald Trump et longtemps actif en Russie, souhaiterait racheter NS2 dans lequel il voit une opportunité de renforcer l'influence des États-Unis sur la politique énergétique européenne.
Accord de NS2 avec ses créanciers
La société d'exploitation de NS2, basée en Suisse, est actuellement propriété du géant énergétique russe Gasprom.
Insolvable, cette société a cependant échappé la semaine dernière à la liquidation pure et simple, la justice approuvant un accord conclu avec ses créanciers, parmi lesquels plusieurs entreprises énergétiques européennes comme Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall.
Cette décision de justice laisse en théorie à l'exploitant du gazoduc la possibilité de recherche un nouvel investisseur.
Mais les défis techniques, financiers et géopolitiques à une éventuelle mise en service de NS2 sont très nombreux, au premier rang desquels le refus de l'Allemagne de délivrer une certification à cet équipement qui aboutit sur son territoire.
L'Europe, qui a réduit sa dépendance au gaz depuis février 2022, cherche actuellement à s'en émanciper même si un sevrage total sera compliqué à mettre en œuvre.