Effacement électrique: l'appel d'offres pour 2018 n'atteint pas ses objectifs

  • AFP
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L'appel d'offres 2018 pour développer l'effacement électrique, qui consiste pour les abonnés à interrompre momentanément et volontairement leur consommation de courant pour soulager le réseau en cas de pointe, n'a pas atteint les objectifs affichés, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.

Sur les 2 200 mégawatts (MW) ouverts dans le cadre de cet appel d'offres, mené par le gestionnaire du réseau de transport RTE pour le compte du ministère de la Transition écologique et solidaire, seuls 733 MW ont été attribués, ont indiqué à l'AFP plusieurs entreprises du secteur.

Au total 29 offres, déposées par sept lauréats différents, ont été retenues, a détaillé Christopher Darguence, directeur Europe de l'ouest d'Energy Pool, un des lauréats, qualifiant ce résultat de "grosse surprise".

RTE n'a "même pas précisé quel volume d'offres avaient été déposé" par les candidats, ni pourquoi ont été écartées celles qui ressortaient à un prix supérieur à 30 000 euros par MW et par an, a pointé M. Darguence, qui regrette ce manque de transparence. "La flexibilité qu'offre l'effacement est essentielle dans la transition énergétique, notamment pour le développement massif des énergies renouvelables" pour piloter leur intermittence, défend-il.

Contacté, RTE n'a pas souhaité faire de commentaire, tandis que le ministère de la Transition écologique n'était pas en mesure dans l'immédiat de répondre aux questions de l'AFP. Il n'a par ailleurs pas encore publié ces résultats, tout comme ceux d'un récent appel d'offres sur l'autoconsommation, qui s'est lui aussi soldé par un résultat inférieur aux attentes.

La France s'est fixé comme objectif d'atteindre 5 000 MW de capacités d'effacement cette année et 6 000 MW en 2023, contre entre 2 500 et 3 000 MW l'an dernier. Les sites industriels très consommateurs (métallurgie, chimie, papeterie) sont actuellement les principaux contributeurs, alors que les plus petites entreprises et les particuliers sont moins mobilisés.

Les appels d'offres doivent permettre à cette filière de décoller. Dans une étude publiée fin 2017, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), jugeait qu'une grande partie du gisement actuel est inexploité "du fait d'une rémunération encore trop faible".

Elle estimait qu'avec une rémunération de 30 000 euros/MW/an le potentiel est de 1 500 à 3 000 MW, et qu'avec une rémunération de 60 000 euros/MW/an, il atteint entre 2 000 et 5 000 MW.

Pour Fabien Choné, directeur général délégué de Direct Energie, également opérateur d'effacement, cet appel d'offres illustre "l'absurdité" des dispositifs français de soutien à l'effacement. Il regrette notamment l'absence de soutien suffisant à l'effacement des particuliers, dont le potentiel via le chauffage électrique est très important.

Commentaires

Pierre-Ernest

Le Gouvernement agit avec des pincettes chaque fois qu'il s'agit de refléter la réalité de la disponibilité future de l'énergie fournie par les sacrosaintes "renouvelables", car il sait bien que les Français ont l'intuition qu'on leur vend des systèmes incapables de fournir l'énergie dont ils ont besoin. Car c'est bien de gestion de la pénurie d'énergie dont il s'agit. Un gros pari a été fait sur la disponibilité de moyens de stockage de l'énergie dans le futur. Malheureusement le futur arrive, et les moyens de stockage ne sont pas au rendez-vous. Pour peu qu'un ministre pétri de convictions fasse encore arrêter quelques centrales nucléaires, et on sera vraiment au stade de la pénurie réelle.

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