Hydrogène « propre » : « un moteur de croissance » pour surmonter la crise selon le vice-président de la Commission européenne

  • AFP
  • parue le

Bruxelles a dévoilé mercredi un plan de développement de l'hydrogène « propre » dans l'UE avec pour objectif de décarboner les secteurs les plus polluants comme la sidérurgie et les transports, dans la course vers la neutralité climatique en 2050.

"C'est la clé d'une économie européenne forte, compétitive et sans carbone", a assuré le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans lors d'une conférence de presse. Pour la Commission, l'hydrogène "propre" doit permettre d'aider des secteurs qui peinent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. "La nouvelle économie de l'hydrogène peut être un moteur de croissance et nous aider ainsi à surmonter les dommages économiques causés par la pandémie de COVID-19", selon Frans Timmermans.

Il s'agit de remplacer les énergies fossiles dans l'industrie, notamment pour la production d'acier, de l'utiliser comme carburant pour le transport aérien et maritime, les poids-lourds, mais aussi pour les batteries. Elle en a fait un investissement prioritaire pour la transition et la relance de son économie après la crise liée au coronavirus.

Actuellement, le secteur de l'énergie est responsable de 75% des émissions de gaz à effet de serre de l'UE.

Avion neutre en carbone

La production et consommation actuelle d'hydrogène dans l'UE s'élève à 9,8 millions de tonnes par an, largement issue d'énergies fossiles. Soit une part infime de la consommation d'énergie européenne, mais que la Commission voit monter jusqu'à 14% en 2050 sous sa forme "propre" (produite par électrolyse de l'eau avec de l'électricité issue de sources renouvelables).

Dans un premier temps, la Commission souhaite soutenir l'installation de 6 gigawatts (GW) d'électrolyseurs et une production annuelle allant jusqu'à un million de tonnes d'hydrogène renouvelable, avant une augmentation progressive pour un développement à grande échelle entre 2030 et 2050.

"Nous sommes les leaders mondiaux dans cette technologie et nous voulons rester en tête mais nous devons faire un effort supplémentaire (...) car le reste du monde nous rattrape rapidement", a mis en garde Frans Timmermans.

Au sein de l'UE, l'Allemagne a annoncé début juin un investissement massif de 9 milliards d'euros, avec l'ambition de devenir le "fournisseur et producteur numéro 1" d'hydrogène dans le monde. La France va consacrer 1,5 milliard d'euros sur trois ans pour "parvenir à un avion neutre en carbone en 2035". "L'Allemagne a intérêt à pousser le dossier car elle dispose des champions potentiels pour créer une grande filière industrielle de l'hydrogène vert", note Clément Le Roy, analyste Energie au sein du cabinet Wavestone.

L'hydrogène propre doit participer à la mise en place d'un système énergétique mieux intégré en Europe, un objectif qui a aussi fait l'objet d'une nouvelle "stratégie" publiée mercredi. La Commission veut développer un système plus "circulaire", centré sur l'efficacité énergétique et l'électrification. Par exemple en réutilisant la chaleur résiduelle provenant de sites industriels ou de centres de données, ou en accélérant le passage aux véhicules électriques.

Toujours le gaz

Pour l'ONG Transport & Environnement, "l'UE a raison de donner la priorité à l'hydrogène dans les transports où il n'y a pas d'alternative pour décarboner". Mais comme d'autres défenseurs de l'environnement, elle s'inquiète du rôle conservé par le gaz.

La Commission européenne estime en effet que dans les premières années, une "période de transition" sera nécessaire pour assurer une production stable et des prix compétitifs, au cours de laquelle d'autres processus de production d'hydrogène, émetteurs de carbone, seront maintenus mais atténués par des techniques de capture de carbone. "La Commission est tombée dans le panneau de l'industrie des combustibles fossiles. (...) Elle offre une nouvelle bouée de sauvetage à cette industrie en faillite", a déploré Tara Connolly de Friends of the Earth.

Fin juin, une large coalition d'industriels - ExxonMobil, GE, ENI, Equinor ou Erdgas - a plaidé pour une production d'hydrogène au gaz naturel, accompagnée de technologies de capture de carbone, "nécessaire pour rendre les utilisations de l'hydrogène compétitives en termes de coût". "Aujourd'hui, il est 2 à 5 fois moins cher que l'hydrogène renouvelable et son déploiement contribuera à réduire le coût de ce dernier", avançaient-ils. Pour Lisa Fischer du think tank E3G, la Commission oublie que "si nous voulons de l'hydrogène vert, nous allons avoir besoin d'énergie renouvelable bien plus que ce que nous produisons à l'heure actuelle", estime-t-elle.

Commentaires

Serge Rochain

L'hydrogène propre à bas coût ne sera possible qu'avec l'utilisation des surplus éoliens par vent fort.
Le reformage du gaz naturel avec captation du CO2 n'est qu'une usine à gaz au coût élevé.

Rene BORIES

Risible de l'hydrogène vert ! au bilan des rendements ça doit friser les 2.5% de la quantité d'énergie primaire !

Collin

En France la consommation annuelle d'hydrocarbures est de 80 millions de tonnes /an
Il faudra remplacer cette énorme quantité (320 pétroliers géants de 250 000 tonnes ) par de l'hydrogène vert .
Impossible à produire sans de nombreuses centrales nucléaires .
Si non on va revenir au labourage avec des bœufs et des transports avec des brouettes .
Que proposez vous messieurs les écologistes ? Rien . Du vent .

Dominique

Le rendement des meilleurs électrolyseurs est de 70%.
Ensuite, il faut comprimer (rendement: 90%) ou liquéfier (rendement: 60%).
Si utilisation dans un moteur à combustion interne, rendement identique à celui de l'essence ou du gazole (variable entre 0% et 50% en fonction de la dimension du moteur, de son régime et de son taux de charge).
Si utilisation dans une pile à combustible, rendement 60%, puis (partiellement) une batterie (rendement 90%), puis un moteur électrique (rendement: 90%).
Avec de l'électricité achetée 160 € le MW.h, ça fait un MW.h en sortie de moteur électrique à 160/0,7/0,6(si H2 liquide)/0,6/0,95(si la moitié du courant passe par la batterie)/0,9=742 €/MW.h chiffre à doubler au minimum pour payer la filière (liquéfaction, transport, distribution). Soit 1.500 € le MW.h en sortie de moteur électrique.
Pour vérifier, l'hydrogène est aujourd'hui à la pompe à 15 € le kg (33 kW.h d'origine méthane avec émission de CO2) , soit 450 € le MW.h en entrée pile à combustible ou 450 €/0,6/0,95/0,9=877 € le MW.h en sortie de moteur électrique. Tout cela hors taxe.
Ma voiture diesel sur le cycle WLTC, (15,9 MJ pour, 23,265 km ou 68,3 MJ ou 19 kW.h pour 100 km) présente un rendement de 36% (avec du gazole à 44,8 MJ/kg et 840 kg/m3, soit: 37,6 MJ/litre) cela fait au calcul 5,1 l/100km (et dans la réalité, avec beaucoup d'autoroutes, 5,8 l/100km) soit avec du gazole (taxé à 200%) à 1,5 € TTC: entre 7,7 et 8,7 € les 100 km.
La voiture H2/PAC serait (avec de l'hydrogène issu d'électrolyse) à: 1,5 €/kW.h*19 kW.h= 28,5 € les 100 km hors taxes et 3 fois plus si l'on voulait y ajouter le même niveau de TICPE et TVA que sur les carburants (pour les caisses de l'état). Soit entre 3 fois et 10 fois plus cher qu'une voiture thermique. Il va falloir trouver les clients (pour des voitures également trois fois plus chères...)

Collin

Ma ZOE avec sa batterie consomme en mode "ECO" 13,5 kWh d'électricité pour 100 km . Je recharge en heures creuses à 0,1337 € le kWh . Compte tenu du rendement de l'opération
charge/décharge de 0,90% ,ça me fait un prix de 1,90 € pour 100 km . Cherchez plus économique en consommation aux cent kilomètres .

Dominique

Bonjour.
Ce qui vous semble être une économie est du au fait que votre voiture a été payée en partie par les autres (aides d'état et des régions) en qu'ensuite vous payez beaucoup moins de taxes sur votre "carburant".
Faire payer la moitié de sa voiture par les autres et ne pas payer de taxes sur le carburant par la suite est une opportunité fiscale, pas une économie.

Collin

Ce n'est pas pour rien que le gouvernement a remplacé la TIPP (Taxe Intérieure sur les Produits pétroliers ) par la TICPE (taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques
Ma Zoe marche à l'énergie nucléaire mais cette électricité est un produit énergétique . Il faut s'attendre à payer une taxe sur la consommation de ces voitures électriques quand il y en aura beaucoup ,au détriment des véhicules à moteurs thermiques . Ca sera difficile de mettre un compteur sur les prises de chargement . La mienne est une vulgaire prise domestique de 16 ampères . On peut faire confiance au fisc qui a beaucoup d'imagination ,comme par exemple une vignette au montant calculé selon la capacité de la batterie .

Dominique

On pourrait aussi acheter le courant des éoliennes au prix du marché (qui peut être négatif quand il y a beaucoup de vent et que la demande est faible)...

Collin

Les éoliennes sur notre territoire produisent ,bon an mal an , 20% seulement de leur puissance nominale . C'est un très mauvais investissement vu le prix ...Ca ne marche que la ou il y a un fort courant d'air permanent comme par exemple dans le détroit de Gibraltar . Ca ne peut nous servir qu'a un tout petit appoint à notre production d'électricité . Avec des pics de production aléatoires , complètements décalés par rapport à nos besoins .

Dominique

Vous avez raison: en France, les éoliennes permettent de faire des économies d'uranium, rien d'autre, mais à beaucoup plus cher car le kW.h éolien est acheté quand il est produit et pas quand il y en a besoin.
Et comme quand il y a beaucoup de vent en Europe, il y a trop de courant et que sa valeur chute jusqu'à devenir négative, cet achat à prix garanti est un scandale financé par les taxes sur nos factures.

Schricke

En ce qui concerne le "prix" de l'uranium, je pense qu'il convient de préciser que le coût du "combustible" nucléaire n'entre que pour moins de 10% dans le coût du kwh nucléaire ! Le reste est constitué par le coût de l'investissement, la Main-d'oeuvre, et la maintenance. (n'oublions pas d'ajouter, pour le consommateur, plus de 30 % de taxes et de "contributions" diverses et variées !... (notamment la CSPE qui, pour l'essentiel, subventionne les ENRi !)

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