Mégabarrage hydroélectrique sur le Nil : l'Égypte dénonce « une politique de fait accompli »

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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L'Égypte a accusé jeudi l'Éthiopie d'actions "unilatérales" après l'annonce par Addis Abeba que son mégabarrage hydroélectrique sur le Nil était terminé et serait officiellement inauguré en septembre.

Le plus grand projet hydroélectrique d'Afrique

Le Grand barrage de la Renaissance (Gerd), lancé en 2011 avec un budget de quatre milliards de dollars, est le plus grand projet hydroélectrique d'Afrique, s'étendant sur 1,8 kilomètre de large et 145 mètres de haut.

L'Éthiopie considère ce barrage comme essentiel à ses objectifs de développement et d'électrification, mais l'Égypte et le Soudan, situés en aval, craignent qu'il n'affecte leurs ressources en eau.

"L'Égypte rejette catégoriquement toute tentative de parvenir au développement de l'Éthiopie au détriment des droits des pays en aval", a déclaré jeudi le ministre égyptien des Ressources hydriques, Hani Sewilam, lors d'une rencontre avec des diplomates. L'Égypte "rejette fermement la poursuite par l'Éthiopie d'une politique de fait accompli à travers des mesures unilatérales concernant le Nil", a-t-il ajouté en accusant Addis Abeba de préférer "la fuite et le recul" à de véritables négociations.

Le Caire a plusieurs fois accusé l'Éthiopie de violer le droit international et d'ignorer des années de discussions visant à garantir un accord sur la façon dont le barrage devrait être rempli et exploité.

Opposition à « toute mesure unilatérale »

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé jeudi que le barrage était "désormais achevé" et que son pays se préparait "à son inauguration officielle".

"À nos voisins en aval, l'Égypte et le Soudan, notre message est clair : le barrage de la Renaissance ne constitue pas une menace, mais une opportunité commune", a-t-il ajouté. Mais Le Caire et Khartoum restent sceptiques.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le dirigeant de facto du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane, se sont rencontrés cette semaine et ont réaffirmé leur opposition à "toute mesure unilatérale" sur le Nil.

L'Égypte dépend du Nil pour 97% de ses besoins en eau douce, notamment pour l'agriculture, et craint qu'une exploitation incontrôlée du barrage ne réduise drastiquement sa part du fleuve. Le Caire et Khartoum ont demandé à l'Éthiopie de cesser ses opérations de remplissage en attendant que soit conclu un accord tripartite sur le sujet et sur les modalités de fonctionnement du barrage.

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