Nucléaire iranien : plus que quelques jours pour parvenir à un nouvel accord

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Tour Azadi à Téhéran

Une semaine. La fenêtre pour éviter à l'Iran des sanctions européennes est en train de se refermer mais les Européens veulent encore croire à une solution diplomatique pour contrôler le programme nucléaire de la République islamique.

Le 28 septembre comme échéance

Le groupe E3, composé de l'Allemagne, la France et du Royaume-Uni, et l'Iran se sont renvoyés cette semaine la responsabilité de l'échec des négociations qui s'est traduit vendredi par le feu vert du conseil de sécurité de l'ONU au rétablissement des sanctions.

Le programme nucléaire iranien empoisonne de longue date les relations de l'Iran avec les pays occidentaux, États-Unis en tête, et Israël, son ennemi juré, qui soupçonnent le pouvoir iranien de vouloir se doter de la bombe atomique. Ce que Téhéran dément vigoureusement, affirmant défendre son droit au nucléaire civil.

Si aucun nouvel accord n'est trouvé d'ici au 28 septembre pour remplacer celui de 2015, les sanctions levées en vertu du précédent traité seront rétablies.

Les ministres des Affaires étrangères des trois pays européens ont réitéré jeudi à leur homologue iranien leur offre d'extension de la résolution 2231 afin de prolonger de six mois la période de levée des sanctions et permettre de nouer un nouvel accord - au moins intérimaire - dans ce laps de temps.

Des « contacts à haut niveau » à venir aux Nations Unies ?

"À ce stade, l'Iran n'a pas saisi cette offre et n'a pas répondu aux demandes qui étaient raisonnables et précises formulées par l'E3", a déclaré Pascal Confavreux, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a assuré avoir présenté à ses homologues européens une proposition "créative, équitable et équilibrée, qui répond aux préoccupations légitimes, et est mutuellement bénéfique".

En dépit de ce blocage, "des conversations sont en cours et nous espérons qu'elles pourront aboutir", a indiqué l'Élysée vendredi soir, disant espérer "des contacts à haut niveau" en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York la semaine prochaine.

"Nous espérons que nous pourrons dans les délais impartis obtenir un accord qui nous permette d'atteindre notre objectif d'avoir toute garantie que le programme nucléaire iranien est à nouveau sous contrôle", a ajouté la présidence française.

Les 3 conditions des Européens

Le feu vert du conseil de sécurité de l'ONU au rétablissement des sanctions est une décision encore réversible durant une semaine.

Pour cela, les Européens ont posé trois conditions : reprise des négociations directes et sans précondition, plein accès donné aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) aux sites nucléaires iraniens et informations précises sur la localisation des matières enrichies.

Pour les spécialistes de l'Iran, la probabilité d'y parvenir est ténue. "Les chances d'une impasse diplomatique sont bien plus élevées que celles d'une avancée", estime Ali Vaez, du groupe de réflexion International Crisis Group: "Les divergences de vues sont trop vastes pour être comblées en quelques jours effrénés de diplomatie accélérée".

Pour Thierry Coville, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), le risque désormais est que les Européens soient "hors-jeu", eux qui avaient été les principaux artisans de l'accord de 2015. Téhéran a déjà accusé les Européens de saper les négociations.

Négocier avec Washington ?

"La porte de sortie dans les prochains mois, si les sanctions sont véritablement réinstallées, c'est la propension des Américains à vouloir négocier", poursuit Thierry Coville.

Sur ce point, Ali Vaez observe que le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio "est impatient de rétablir les sanctions et il pense que cela mettra l'Iran à genoux", tandis que l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, "pourrait encore ouvrir une voie étroite vers un accord".

L'imposition des sanctions "pourrait même accélérer l'urgence de négociations", explique Clément Therme, chercheur associé à l'Institut d'études iraniennes lié à l'université de la Sorbonne. Car celles-ci pourraient avoir un fort impact économique susceptible de susciter un vif mécontentement populaire. Des projections montrent que les sanctions pourraient avoir des effets "délétères", avec une accélération de l'inflation passant "de 50% à 90%", et également affecter les exportations de pétrole, cruciales pour l'Iran, souligne-t-il.

"S'il était amené à penser que sa survie est menacée, le régime pourrait chercher un compromis et se rapprocher des Occidentaux", y compris des Européens : "A un moment donné, même les idéologues se heurtent au mur de la réalité".

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