Pénurie de carburants : des automobilistes en quête du « graal » dans les stations-service en banlieue parisienne

  • AFP
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En proche banlieue parisienne, particulièrement touchée par la pénurie de carburants, des automobilistes résignés s'armaient de patience mardi matin devant des stations-service prises d'assaut, souvent obligés d'attendre plusieurs heures pour parvenir à faire le plein.

À 7h, une file de véhicules s'étirait sur plusieurs centaines de mètres devant une station essence TotalEnergies de Montreuil (Seine-Saint-Denis), pourtant en rupture totale de carburants depuis lundi soir.

"Le pompiste nous a dit qu'il serait peut-être réapprovisionné vers 08H00, mais il n'a pas su nous dire avec quel type de carburant", soupire David, emmitouflé dans une grosse doudoune. "J'ai trouvé des solutions toute la semaine, mais au bout d'un moment ce n'est plus possible", déplore ce mécanicien qui utilise désormais les transports en commun pour aller travailler, mais a besoin de son véhicule pour faire ses courses.

En tête de la file d'attente, Mohand, lui, n'a "pas le choix". Arrivé dès 5h, une heure avant l'ouverture de la station, ce salarié d'une entreprise de sécurité fait 100 km par jour pour se rendre sur son lieu de travail. "Je ne peux pas y aller, j'ai été obligé de prendre un arrêt maladie", assure-t-il. Après avoir déjà fait la queue pendant près de deux heures devant une station-service de la porte de Vincennes, à Paris, lundi, il avait été contraint de rentrer chez lui bredouille après que la station s'était déclarée en rupture de carburants.

« C'est vide »

Quelques mètres plus loin, Jefferson Saint-Louis tapote nerveusement sur le volant de son taxi. "J'ai déjà fait deux stations, on m'a dit : C'est vide. Là, je vais rentrer, je ne sais pas quoi faire", désespère-t-il. À Vincennes, une station essence Esso sur l'avenue de Paris était l'une des seules du secteur à disposer encore de carburants mardi matin, selon l'application Essence&CO. "C'est le graal", sourit Samuel Kritchmar, en remplissant le réservoir de sa moto après presque trois heures d'attente.

Entrepreneur dans le secteur des jus de fruit à Choisy-Le-Roi, dans le Val-de-Marne, il n'a "pas pu aller travailler ces derniers jours". "La chance que j'ai, c'est que je suis mon propre patron, souligne-t-il. Mais si je ne me lève pas le matin, je ne fais pas rentrer d'argent. Si ça continue comme ça, je vais être obligé de fermer ma boîte."

Dans cette petite station-service du Val-de-Marne, Céline Barrouin-Lagorce, la directrice, s'est muée mardi matin en agente de la circulation et oriente les véhicules vers les pompes. "Elles seront vides d'ici deux heures", prédit-elle.

Après avoir été en rupture totale de carburants le week-end dernier, la station a été réapprovisionnée lundi. "Sur une journée normale, je vends 3 500 litres de carburants. Hier, c'était le double", détaille-t-elle. Mais, entre les difficultés d'approvisionnement et les heures supplémentaires de ses salariés, la semaine ne sera pas aussi rentable que d'habitude. Dans cette petite station-service, le prochain passage du camion-citerne est attendu dans les prochains jours. "Mercredi ou jeudi... Si tout va bien", espère Mme Barrouin-Lagorce.

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