Retour sur l'appel à la sobriété énergétique des années 1970 : interview de Patrice Geoffron

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L'appel aux économies d'énergie qui a suivi le choc pétrolier de 73 était "plus direct" que l'actuel discours gouvernemental sur la "sobriété choisie", juge l'universitaire Patrice Geoffron.

Professeur d'économie à l'Université Paris Dauphine-PSL où il dirige le Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières, Patrice Geoffron compare la situation de 1973 avec l'actuelle crise énergétique.

Concernant la dépendance de la France aux énergies fossiles, "il serait faux de considérer que nous sommes mieux protégés que dans les années 1970. Notre dépendance est encore massive et le retard pris en matière de décarbonation nous fragilise très dangereusement".

La "sobriété énergétique" est-elle née en 1973 ?

L'impératif de sobriété s'impose dans des sociétés en crise, ce qui est le cas à partir du premier choc pétrolier. Par exemple, c'est en 1974 qu'un décret vient instaurer une limitation dans la température du chauffage.

Mais dans les générations précédentes, la sobriété était la norme: pendant les guerres, et même pendant les Trente glorieuses à un moment où les réseaux d'acheminement de l'électricité et du gaz étaient moins maillés qu'à l'heure actuelle. Bref, nous redécouvrons à chaque choc certaines des contraintes des sociétés du passé, contraintes bien plus drastiques alors.

Quelles différences et quelles similitudes entre la situation énergétique de 2022 et celle de 1973 ?

La crise de 1973 était pétrolière. Celle de 2022 a un front plus large : gazière, mais avec une transmission au prix de l'électricité. Pétrolière aussi, comme nous en aurons la confirmation dans quelques semaines, lorsque l'embargo à l'encontre du pétrole et des carburants russes sera entré en vigueur, ce qui tirera les prix vers le haut.

Quelles similitudes, quelles différences dans les réponses apportées à la crise énergétique, par les gouvernements de ces deux périodes ?

Il me semble que, dans les années 1970, le discours sur la sobriété était plus direct qu'actuellement. On peut l'observer à quelques indices, comme la limitation de vitesse imposée, alors, sur autoroute à 120 km/h.

Surtout, l'actuel gouvernement se distingue de ceux des années 1970 par ses boucliers sur le gaz et l'électricité et autres +ristournes+ à la pompe, affichant une posture plus protectrice.

Commentaires

JEAN CLAUDE FABRE

Dans les années 70, il n'y avait que le choix de la sobriété à long terme. A ce jour, le développement des énergies alternatives, par les ENR à court terme, en attendant un nouveau cycle du nucléaire ( après remise en service globale du parc), lui-même en pleine évolution dans l'attente de la fusion qui achève son parcours exploratoire, la lecture de l'avenir est fondamentalement différente.

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