Se passer du gaz russe, casse-tête énergétique pour l'Allemagne

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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"Pas de tabou" pour se libérer de la dépendance au gaz russe : l'Allemagne doit diversifier ses approvisionnements et explore toutes les alternatives, misant sur l'importation de gaz naturel liquéfié et suggérant même un report de la sortie du nucléaire et du charbon.

La première économie européenne est contrainte de revoir toute sa stratégie énergétique pour se passer des importations russes qui représentent 55% de ses achats gaziers. Mais ce "changement de cap" annoncé par le chancelier Olaf Scholz, en réaction à l'invasion de l'Ukraine, se comptera en années, impliquera des dépenses massives et se heurte à des difficultés techniques, préviennent les experts.

Équipements à construire

Pour effectuer cette volte-face, Berlin compte d'abord sur un plus grand recours au gaz naturel liquéfié, ou GNL, transporté via la mer, grâce à un processus de liquéfaction. Un premier pas a été franchi mercredi : le gouvernement a annoncé le déblocage d'une enveloppe exceptionnelle de 1,5 milliard d'euros pour acheter du GNL, dont les principaux exportateurs sont les États-Unis, le Qatar et l'Australie.

Mais les infrastructures manquent cruellement : le pays n'a pour le moment aucun terminal méthanier sur son territoire pour recevoir les livraisons. Une situation qui oblige Berlin à faire appel à l'un des 21 terminaux présents dans l'UE, ce qui n'est pas sans coût, en terme de transport, alors même que le prix du gaz et de l'énergie s'est envolé ces derniers mois.

"Il faut construire rapidement nos propres méthaniers GNL en Allemagne, avec les connexions et l'infrastructure nécessaire", a donc conclu le ministère de l'Économie. Plusieurs projets étaient en gestation depuis des années mais bloqués par le manque d'appui économique et politique. Ils devraient bénéficier d'un "soutien financier public", assure le gouvernement.

C'est le cas d'un équipement prévu dans la ville de Stade (nord). "Les études techniques sont terminées", assure à l'AFP Hanseatic Energy Hub, la société en charge du projet. Dans le port de Wilhemshaven (nord), le groupe belge TES va lui aussi construire un terminal LNG, a-t-il annoncé mercredi. Mais ces chantiers ne devraient pas aboutir avant plusieurs années : "Pour un terminal, il faut minimum trois ans de procédure d'autorisation, et deux ans de construction", explique à l'AFP Karen Pittel, expert énergie pour l'institut économique IFO.

Autre obstacle, plus politique : comme les ministres écologistes, dont le vice-chancelier et ministre de l'Économie Robert Habeck, vont-ils faire accepter à leurs troupes cette source d'énergie à l'impact environnemental controversé ? Le gaz reste une énergie fossile dont l'exploitation contribue au réchauffement climatique, dénoncent les défenseurs de l'environnement.

Objectifs sacrifiés ?

Sans alternative à court terme, l'Allemagne s'interroge : faudrait-il, pour garantir la sécurité énergétique du pays sans gaz russe, abandonner temporairement certains objectifs climatiques ? Une gageure là encore pour un gouvernement qui se veut exemplaire en matière de transition écologique : le contrat de la coalition au pouvoir depuis trois mois prévoit une sortie du charbon dès 2030.

D'autant que le virage vers les énergies renouvelables nécessite, paradoxalement, l'utilisation d'une énergie d'appoint - gaz, charbon ou nucléaire, lorsque le soleil ne brille pas ou que le vent ne souffle pas. Les infrastructures permettant de stocker l'énergie renouvelable, via l'hydrogène, ne seront pas au point avant plusieurs années.

"Il n'y a aucun tabou", a déclaré récemment, Robert Habeck, ministre Vert de l'Économie et du Climat. "À court terme, il se peut que nous devions garder des centrales à charbon (...), par mesure de précaution", a-t-il ajouté.

Le ministre a même évoqué la possibilité de repousser la fermeture des trois dernières centrales nucléaires allemandes prévue cette année. Une solution qui reste toutefois très délicate d'un point de vue technique. "On ne prolonge pas comme ça une centrale nucléaire qu'on a décidé de fermer", estime Karine Pittel, de l'IFO. "Une poursuite de l'exploitation ne serait pas réalisable (...) les obstacles sont extrêmement élevés, tant sur le plan technique qu'administratif", a confirmé au Handelsblatt l'énergéticien RWE, opérateur de la centrale de Emsland, qui doit fermer fin 2022. Le ministre l'a d'ailleurs admis : "le nucléaire ne nous aiderait pas pour l'hiver 2022/23".

Commentaires

APO
Et on ne parle que du Gaz, mais quand on va rajouter le pétrole dans le panier du "marché" cela va être encore plus "Rock & Roll" pour un Mix d'énergie à équilibrer... En France, nous ne devrions pas nous moquer trop des Allemands (moi le premier), nous avons 500 TW.h de Gaz à "remplacer", sans compter le pétrole du Marché !!!! Le plus dur est devant nous et on ne s'en approche pas encore...
Denis Gourgouillon
Voilà où conduit l'incompétence le manque de vision à long terme et le dogmatisme 1) pas de vision et on s'engouffre à fond pour le gaz russe sans diversification indispensable pour un bien essentiel qu'est l'énergie 2)dogmatisme antinucléaire et on ferme les centrales pour se retrouver à sec pour l'hiver prochain Si Poutine ferme le gaz il fera froid à Berlin. Comment le gouvernement va expliquer qu'on se gèle parce qu'on. n'a pas prévu de stratégie Rien que le gaz et antinucléaire 3 L'Allemagne s'est opposée. au gaz de schiste américain et a opté pour le gaz russe sous la pression de Schroeder. Le gaz américain n'est pas plus polluant que le gaz russe. Au fait pourquoi ne pas mettre Schroeder comme les oligarques ??? Fillon a demissionne Schroeder veut se maintenir pour toucher les juteuses primes de nord Stream et du gaz russe. Donc il faudrait le sanctionner comme un oligarque: pas déplacement et ses biens bloqués
Serge Rochain
Tandis que Gourgoulon avait lui prévu que Poutine allait déclanché cette guerre contre l'Ukraine ! Monsieur Gourgoulon, est-ce que M. Poutine qui semble rêver les la Grande Russie va envahir le Kazakhstan pour l'intégrer dans sa Russie historique ? Vous savez ce pays qui est devenu notre premier fousnisseur d'uranium..... et pas qu'à nous, tous les pays nucléophiles s'y servent, c'est même le premier exportateur mondial d'uranium.... ben on serait dans de beaux draps !
Ravon
1)Les ressources en uranium sont plus larges que celles des mines du Kazakhstan. 2) Si on avait eu des visionnaires nous n'aurions pas ferrailler le projet ASTRID et le nucléaire de 4° génération. Les surgénérateurs sont étudiés en Chine, en Inde, en Russie et les Japonais viennent de rejoindre les USA. 3) Nous avons aussi la voie du Thorium à terme et le joli scénario avec beaucoup de renouvelable intermittent impose 27 centrales gaz ( Source ministère de l'écologie) qui condescend à admettre que " la France devra accepter de dégrader son bilan carbone"
Serge Rochain
Qui a dit que seul le Kazakhstan possédait de l'uranium ? Il n'empeche que si ce pays bloquait ses fournitures presque tous les pays du mode aurait un gros problème d'approvisionnement car il reste le premier exportateur mondial et tout le monde si fourni, même ceux qui en disposent en interne, lesquels s'empresseraient de se réserver le leur en attendant des jours meilleurs. Pour Astrid il serait temps de revenir aux réalités, personne n'a encore trouvé la pierre philosophale de la surgénération en 70 ans de recherche on ne va pas la trouver miraculeusement dans les 15 ans qui viennent et le thorium est aussi une vieille histoire qui n'a toujours pas déboucher sur des solutions permettant de remplacer le bon vieil uranium qu'on arrive tout de même a maitriser moins mal que tout le reste de ce qui s'appelle l'atome. Quant au 100% renouvelable qui imposerait des centrales à gaz vous l'avez rêvé sauf si vous parlez de biogaz, et dans ce cas on reste bien dans le renouvelable/
Ravon
Grossière erreur : https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/superphenix . Mr Rochain vous vous agitez sans savoir beaucoup de choses finalement.
Serge Rochain
La production industrielle c'est 15% de la durée de vie de SP ! Et le KWh le plus cher du monde. Question de définition ! Et ce n'est pas 6 lignes qui expliquent la longue vie inactive de SP ! Mais c'est vrai qu'il n'y a pas =grand chose à dire sur la seule derniere année où il a enfin produit quelque chose, sans que cela soit suffisant pour le réabiliter. renseignez vous sur plus gras que ces 6 lignes si vous voulez apprendre quelque chose sur SP
jean-jacques Attia
Que de temps perdu avec le minuscule Rochain... Il faut lui reconnaitre de l'obstination. Ah, une nouvelle qui va l'intéresser, même si je crains que cela ne le dépasse : la déclaration récente de l'Académie des Sciences, de l'Académie des Beaux-arts, de l'Académie des Sciences morales et politiques à propos de la place des éoliennes dans le mix énergétique français. (je ne donne pas de lien : même quand je le fais, Rochain ne trouve pas le texte). Et puis la sortie de deux documents qu'il aura tout le loisir de ne pas regarder : - "Nucléaire, une énergie qui dérange" https://www.youtube.com/watch?v=yNUIaqCPttc - "Le vent du mensonge" https://vimeo.com/ondemand/leventdumensonge?fbclid=IwAR3WnHjANoZnVXEzmVUuAVu8sSdrcmto1xEuXIR-z1C1WRZCUDVZtAQ7qhQ
EtDF
2 axes de réponse: Pour celui qui sait tout et ne sait rien: Il y a dans les tiroirs français assez d'uranium pour tenir 200 ans, au rythme actuel. On achète le minerai d'uranium pour aussi faire tourner nos chaines d'affinement, une technologie bien maîtrisé ici qu'il n'est pas raisonnable de perdre également, d'autant plus que nous sommes fournisseur de différents pays, y compris les allemands et les belges... Puisque les Allemands se lamentent qu'il faut au moins 3 ans pour construire un terminal de GNL, pourquoi donc leur faut-il tant de GNL, source plutôt carbonée-à-l'aise... Pourquoi n'implantent t'ils pas 10000 mats éoliens supplémentaires (ça devrait peut être suffire?) puisqu'ils ont les industriels de pointes et qu'avant l'hiver prochain ce peut être fait.. Pourquoi rêver à des terminaux voire à de l'affreux nucléaire? Est ce qu'un je-sais-rien peut tout nous dire ici???
FLUCHERE
Doit-on pleurer sur un pays qui ne veut plus de nucléaire non seulement chez lui mais aussi chez ses voisins ? Doit on pleurer sur un pays qui s'est pieds et poings liés au gaz russe qui faisait le bonheur d'un ancien chancelier et de son ancien ministre de l'environnement ? Doit-on pleurer sur pays qui importe 50 % de charbon de Russie ?. Les Allemands ont délibérément choisi la situation dans laquelle ils se trouvent. Il fallait réfléchir avant.
EtDF
Et juste avant la guerre en Ukraine! • https://wattsupwiththat.com/2022/02/25/will-siemens-financially-catastrophic-wind-power-division-bankrupt-the-company/ • 2022 February 25 Guest essay by Eric Worral Climate Economics wind power FT:Siemens’ Wind Energy Losses Threaten the Future of the Company h/t Net Zero Watch; Shareholder Fury: According to FT, the disastrous financial losses in Siemens’ wind power unit are a threat to the financial credibility of the entire company. Siemens Energy’s struggling wind unit blows Germany’s largest spinout off course Investors quiz management after four profit warnings in 18 months Joe Miller in Frankfurt Even as groups of teenagers routinely protested against climate change in the streets below his Munich office, Christian Bruch struck a defiant tone. “Everybody is looking for a silver bullet which . . . makes [energy] sustainable overnight,” Bruch told the Financial Times in the summer of 2020, as he prepared to take charge of Siemens Energy. “[But] over the next decades we’re going to need natural gas.” His unfashionable stance failed to cut through to investors. Weeks later, against the backdrop of a resurgent Green party, Siemens Energy slumped on its stock market debut in Frankfurt after becoming Germany’s largest ever spin-off. Those who did invest in the fossil fuels company were more attracted to its sole clean energy business — the rapidly growing Spanish manufacturer of wind turbines, Siemens Gamesa, or SGRE. Yet it is this renewables unit — rather than the gas and coal contracts that make up the bulk of Siemens Energy’s balance sheet — that now threatens the company’s future and is causing headaches for its largest shareholder, Siemens. … SGRE’s problems reverberate beyond Siemens Energy’s boardroom. They have raised doubts among executives as to whether European and American companies can compete in the wind energy sector, or whether, as with solar, they will eventually be undercut by cheaper Asian imports. … Read more: https://www.ft.com/content/1901cc04-8fa9-48c7-a499-6b5bbc78cfe6?fbclid=IwAR0anG9pYI1p2Vruc7Gg-67rx1qVAJYNQghFNOr4a5cf3EjV3EbtHTjtYSY There is an obvious explanation for why Asia is undercutting European manufacturing so badly – the Chinese economy is powered by coal. Siemens and other big European manufacturers face an increasingly impossible disadvantage vs Asia, because of skyrocketing European energy prices. European energy prices are skyrocketing largely because European countries have embraced wind turbines and solar panels manufactured by the likes of Siemens.

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