- Connaissance des Énergies avec AFP
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À Saint-Etienne, devant la pénurie d'essence, les automobilistes se succédaient sans discontinuer sous une pluie fine samedi sur la piste d'une station-service BP d'un quartier boulevard Karl-Marx, prêts à payer plus cher pour éviter de trop longues files d'attente ailleurs.
"C'est fluide, on n'a jamais eu de rupture. Les clients sont contents de trouver tous les carburants disponibles chez nous, mais ils râlent car le prix est élevé", commente ainsi anonymement un des employés qui ont reçu des consignes de discrétion de leur direction. Distante d'une cinquantaine de mètres, une station Total est en effet fermée depuis plusieurs jours, en raison du mouvement de grèves dans les raffineries.
"Ils abusent, c'est des profiteurs, l'État devrait bloquer les prix. La dernière fois que j'ai pris du sans plomb 95 dans la station d'à-côté il était à 1,50 €, là c'est 1,82 € !", peste Eric Souchon, un routier de 54 ans, qui estime que "les syndicats des pétroliers ont raison de demander une augmentation pour compenser celle de la bouffe". "Maintenant, j'essaie de marcher le plus possible, de rouler seulement le week-end", affirme, elle, dans un large sourire Marie-Josée Morato, 50 ans, une artiste de 50 ans, à propos de l'usage de sa Mini Cooper qu'elle décrit comme étant devenu "un luxe".
De son côté, Yann Saccucci, un universitaire de 43 ans, déclare lui-aussi désormais "moins utiliser la voiture, à la fois pour faire des économies et par conviction écologiste". "Déjà que l'essence est chère, mais en plus maintenant il faut galérer pour en trouver... ", commente sans se départir de sa bonne humeur Aurélie Bergamo, une architecte de 37 ans.
Arrive Asim Aydin. Il confie devoir avancer l'argent pour remplir le réservoir de l'utilitaire de son entreprise du Chambon-Feugerolles (Loire). "Ils ont un compte chez Total", dont la plupart des stations sont en rupture d'approvisionnement sur la région stéphanoise. Par conséquent, "je vais avancer 100 euros et le patron me remboursera", explique ce menuisier de 53 ans.
Patricia Robin, une secrétaire de 59 ans, a finalement renoncé à se servir dans une station d'un hypermarché de la périphérie stéphanoise "où il y avait une très grosse queue", préférant "venir ici et prendre le minimum, avant d'aller rendre visite" à sa mère dans le Pilat voisin.
Même son de cloche chez René Ferrara, un retraité de 70 ans : fataliste, il raconte avoir "fait plusieurs stations-service en panne de carburant avant d'arriver ici où le carburant est cher, mais on n'a pas le choix".