Un train roulant au colza expérimenté pendant 3 mois sur la ligne Paris-Granville

  • AFP
  • parue le

La région Normandie et la SNCF ont annoncé mercredi l'expérimentation durant trois mois, entre avril et juin, de trains roulant au colza sur la ligne Paris-Granville afin de réduire l'empreinte environnementale de la compagnie ferroviaire.

Le recours au B100, un agrocarburant 100% végétal obtenu à partir de la transformation d'huile de colza, permet de réduire "d'environ 60%" les émissions de gaz à effet de serre des trains roulant habituellement au diesel, selon un communiqué commun de la région, de la SNCF et de Bolloré Energy.

Cette dernière va fournir à la SNCF du B100 "produit en France par son partenaire Valtris Champlor, transformateur français de colza", selon la même source. C'est la première fois que cet agrocarburant est expérimenté sur un train en service commercial, selon le communiqué.

Le B100, qui permet en outre de réduire les émissions de particules fines et d'oxydes d'azote, est déjà proposé par Bolloré Energy notamment à des sociétés de transport routier de marchandises. Il offre une autonomie proche du gazole et ne peut être utilisé que par les professionnels du transport ayant leur propres dispositifs de stockage et de distribution, précise le communiqué. Son utilisation est "possible sans modification significative des rames".

La SNCF propose entre trois et cinq trains par jour de Paris à Granville, un trajet qui dure un peu plus de trois heures. La société de chemin de fer a pour objectif de sortir du diesel d'ici 2035.

Interrogée par l'AFP, l'association France Nature environnement Normandie (FNEN) a salué "une initiative positive", mais qui ne peut être qu'une "étape vers une mobilité neutre en carbone". "Le colza c'est un plus par rapport au diesel" mais "ça émet des gaz à effet de serre alors que l'hydrogène produit avec des énergies renouvelables n'en émet pas du tout", a précisé André Berne, vice-président de FNEN.

"Pourquoi ne pas électrifier la ligne ?", ajoute cet ingénieur. La production d'agrocarburants ne doit pas se faire au détriment de l'alimentation "de ceux qui meurent de faim" et "le colza est produit avec beaucoup de produits phytosanitaires", souligne encore M. Berne.

"Les trains à hydrogène, c'est une solution qui est à plus moyen terme (...) Les trains à hydrogène c'est à 2, 3 ans pour les premières circulations d'essais", a précisé mercredi sur RTL Jean-Aimé Mougenot, directeur TER délégué au sein de SNCF Voyageurs. La SNCF compte "900 trains qui roulent au diesel", a précisé M. Mougenot.

Commentaires

Nicolas Jacques

Les réductions des émissions de C02 avancée par la SNCF sont discutables, à mon avis.
Une étude récente semble indiquer que si l'on prend en compte la réaffectation des sols, l'utilisation de biodiesel à base de colza serait en fait plus émetteur en CO2 que du diesel fossile.
https://www.lemonde.fr/energies/article/2016/04/28/les-biocarburants-em…

Pour l'hydrogène produit à partir de renouvelable, il est faux de dire que son utilisation n'émet pas du tout de CO2, car il faut tenir compte du cycle de vie des équipements. Par exemple, produire de l'hydrogène à partir de solaire conduirait à environ 3 kg de CO2 rejeté par kg d'H2 produit.
https://www.euractiv.com/section/energy-environment/news/eu-taxonomy-sh…

Oscar Brun

De toute façon on importe comme d'habitude alors évidemment on ne peut pas parler de carburant propre car il faut prendre en compte toute la filière .
Source : Terre Net - La France dépend actuellement à près de 45 % des importations de protéines végétales pour nourrir ses animaux d'élevage, une dépendance que les producteurs d'oléoprotéagineux aimeraient voir descendre à 35 %, avec l'aide du nouveau plan protéines inscrit dans le volet agricole du plan de relance pour un montant de 100 millions d'euros.
Seul hic, alors que la campagne de semis s'achève à la mi-septembre, le colza, premier rempart contre les importations de soja, est mal en point.
40 % de surfaces en moins en trois ans

Hbsc Xris

Cultiver des plantes pour faire des carburants et appeler cela bio, c'est vraiment de la manipulation d'opinion de haut vol...
La baisse des surfaces en colza va se poursuivre si l'interdiction des néonicotinoïdes est confirmée. Les agriculteurs ne sont pas fous et se tournent vers d'autres productions (ou prennent leur retraite sans repreneur). Le colza viendra de plus en plus d'Europe de l'est ou d'Asie, indifférents aux ukases écologistes.
Le bouquet, c'est que le colza cultivé est autogame et n'a donc aucunement besoin des abeilles comme de nombreuses plantes qui nous nourrissent contrairement aux absurdités racontées dans la presse, genre 80% de notre alimentation dépend des insectes pollinisateurs ! Faux 10 à 15% au plus, et encore... les pulvérisateurs à pollen sont désormais bien au point et largement utilisés dans certaines parties du monde.
Ce sont les apiculteurs qui ont besoin du colza et d'autres plantes pour nourrir leurs abeilles et forgent le mythe qu'ils sont indispensables pour profiter de plantes qu'ils ne cultivent pas. Un peu comme si des éleveurs de ruminants amenaient des vaches ou des moutons paîtrent dans votre jardin en vous interdisant de tondre ou de désherber.

Brigitte Bertin

Les biocarburants issus de cultures végétales non alimentaires sont une mauvaise idée: pollution des sols, déforestation, émission de COV et de CO2. Si les bioplastiques ont bien une vertu écologique pour lutter contre la pollution par les plastiques, les biocarburants n'en ont pas, sauf s'ils sont issus des sous produits de l'agriculture mais cela ne permettra jamais de remplacer le pétrole, juste de l'économiser un peu.
La bio-ingénierie n'en est pas moins passionnante qui dans un avenir plus ou moins proche, permettra de produire des bio-matériaux à partir de micro-organismes et de sous-produits végétaux.

Oscar Brun

Il serait bien dans un premier temps de recycler nos déchets y compris les huiles et s'en servir comme biocarburants au lieu d'importer du soja etc.. Il faut aussi développer de nouvelles sources d'énergie pour cela il faut encourager certaines initiatives et pas seulement les grosses compagnies sinon on n'avancera pas et notre planète continue de brûler en attendant.

Pierre-Ernest

Il faudrait détruire un mythe qui circule depuis des lustres et qui induit les politiques à prendre de mauvaises décisions :
ce mythe est de considérer les combustibles et carburants "biosourcés" comme innocents vis à vis de l'effet de serre. En réalité, le CO2 émis par les moteurs ou les appareils de chauffage qui consomment ces produits est du "vrai" CO2, non différent de celui qui est émis par les fossiles. Ce qui est, par contre, un geste efficace pour l'effet de serre, c'est de planter des arbres ou du colza. Mais à condition de ne pas détruire ces arbres ou ce colza. Le fait de faire rouler des trains au colza revient, en fait, à annuler l'effet bénéfique de la plantation.
Vous allez dire que c'est une évidence. Bien sûr. Mais c'est une évidence qu'il ne faut pas oublier...

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