BP Energy Outlook 2022 : 3 trajectoires d’ici à 2050 dans un monde d’incertitudes

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Scénarios de BP Energy Outlook 2022

Éoliennes dans l'Illinois. (©Invenergy)

La major BP a publié le 14 mars son Energy Outlook 2022(1) qui présente 3 scénarios possibles d’évolution du secteur énergétique mondial d’ici à 2050.

3 scénarios d’évolution du mix énergétique mondial

BP présente 3 scénarios dans son Energy Outlook :

  • un scénario tendanciel dit « New Momentum » dans la lignée de l’évolution actuelle du système énergétique mondial. Dans celui-ci, les émissions mondiales de gaz à effet de serre n’atteindraient un pic qu’à la fin des années 2020 et ne seraient, en 2050, inférieures que d’environ 20% à leur niveau de 2019 ;
     
  • deux autres scénarios dits « Accelerated » et « Net Zero » devant respectivement permettre de réduire de près de 75% et 95% les émissions de gaz à effet de serre d’ici la moitié du XXIe siècle, par rapport à 2019. Ces deux scénarios sont censés être compatibles avec l’objectif de limiter la hausse de la température mondiale entre 1,5°C et 2°C.

BP mentionne « quelques traits communs » au cours des prochaines décennies dans ses 3 scénarios, en particulier un développement rapide de l’éolien et du solaire (soutenu par une électrification plus ou moins rapide du système énergétique : la part de l’électricité dans la consommation finale d’énergie passe de près de 20% en 2020 à 30% en 2050 dans le scénario « New Momentum » et à près de 50% dans le scénario « Net Zero ») et un « rôle crucial » encore du pétrole et du gaz naturel malgré la baisse des consommations.

Mais le rythme de la transition du système énergétique mondial varie drastiquement d’un scénario à un autre : dans son scénario tendanciel « New Momentum », BP estime que la consommation finale d’énergie dans le monde pourrait être, en 2050, supérieure de près de 15% au niveau de 2019. Au contraire, la major envisage une baisse de 10 à 25% de cette consommation mondiale dans ses deux autres scénarios (avec un pic de la demande dès le début des années 2020 dans son scénario « Net Zero »).

Évolution de la consommation mondiale d'énergie finale dans les différents scénarios de BP

Les énergies fossiles encore majoritaires en 2050 dans le scénario tendanciel

En ce qui concerne la composition du mix énergétique mondial, BP estime que la part des énergies fossiles dans la consommation globale d’énergie primaire pourrait être réduite, en 2050, légèrement en dessous de 60% dans son scénario « New Momentum » (contre près de 80% en 2019) et jusqu'à près de 20% dans son scénario « Net Zero ».

Dans ses scénarios « Accelerated » et « Net Zero », BP estime que l’éolien et le solaire pourraient compter pour près de 70% de la production mondiale d’électricité à l’horizon 2050, cette très forte intégration de filières intermittentes dans le système électrique mondial étant notamment permise par le recours à l’hydrogène comme source de flexibilité. La production nucléaire dans le monde pourrait quant à elle augmenter de 80% (« Accelerated ») ou plus que doubler (« Net Zero ») d’ici la moitié du XXIe siècle (comptant alors toujours pour près de 10% de la production mondiale d’électricité).

Évolution de la part des filières fossiles et renouvelables dans les scénarios de BP

Ajoutons que BP intègre, dans ses scénarios « Accelerated » et « Net Zero », une très forte croissance de la consommation mondiale d’hydrogène dans les secteurs des transports (carburants dérivés de l’hydrogène) et dans l’industrie entre 2030 et 2050. Cet hydrogène serait produit à partir de sources renouvelables (pour près de 65% en 2050) mais également encore à partir d’énergies fossiles avec des dispositifs de capture et de stockage de CO2.

La major britannique indique que ses 3 scénarios n’ont pas vocation à être « des prédictions de ce qui pourrait arriver ou de ce que BP souhaite voir » mais des pistes de possibles évolutions dans un univers très incertain. Qui plus est dans le contexte actuel : BP précise que son rapport a été « largement préparé avant l'action militaire de la Russie en Ukraine » dont les conséquences possibles à court et long terme sur les marchés de l’énergie ne sont à ce titre pas développées.

Évolution du mix énergétique mondial dans les différents scénarios de BP