Le numérique, un univers énergivore en expansion

Objets numériques énergivores

« Au rythme actuel, le numérique sera considéré comme une ressource critique d’ici moins d’une génération » selon GreenIT. (©Pixabay) 

Le média GreenIT.fr a publié le 22 octobre ses dernières estimations concernant l'empreinte environnementale (notamment énergétique) du secteur numérique dans le monde(1).

Une consommation électrique de 1 300 TWh par an

En 2019, le secteur numérique mondial est constitué de « 34 milliards d’équipements(2) pour 4,1 milliards d’utilisateurs, soit 8 équipements par utilisateur », auxquels s’ajoutent les infrastructures de réseaux et les centres informatiques (data centers), rappelle la nouvelle étude de GreenIT.

Ce secteur numérique consommerait au niveau mondial de l’ordre de 1 300 TWh d’électricité par an(3) (5,5% de la consommation mondiale annuelle d’électricité), soit approximativement l’équivalent des productions électriques annuelles cumulées de la France, l'Allemagne et la Belgique. Cette consommation proviendrait, selon GreenIT, à 44% des utilisateurs (en incluant la consommation associée à la fabrication de leurs appareils), à 32% du réseau et à 24% des centres informatiques.

Précisons que GreenIT s’intéresse à l’empreinte environnementale globale du secteur numérique(4) (avec une méthodologie d’analyse de cycle de vie) en considérant 4 indicateurs : bilan énergétique(5), épuisement des ressources « abiotiques » (naturelles non renouvelables), émissions de gaz à effet de serre et tensions sur l’eau douce. Il est en particulier estimé que le secteur numérique compte actuellement pour environ 3,8% des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre.

Objets connectés et « tassement » des gains d’efficience énergétique

Selon GreenIT, l’empreinte environnementale (dont l’empreinte énergétique) du secteur numérique – provenant historiquement des ordinateurs et dispositifs d’affichage associés - sera beaucoup plus forte d’ici à 2025(6) en raison de :

  • la très forte croissance du nombre d’objets connectés (estimé à 48 milliards au niveau mondial en 2025 contre 1 milliard en 2010) ;
  • le doublement de la taille des écrans, notamment de télévision (entre 2010 et 2025) ;
  • un « tassement des gains en matière d’efficience énergétique » (alors que ceux-ci progressaient « sans interruption » jusqu’ici(7)) ;
  • une empreinte plus importante de la consommation d’électricité, celle-ci augmentant fortement dans les pays émergents dont les mix électriques sont généralement plus carbonés que ceux des pays occidentaux.

Au total, GreenIT estime que la consommation d’électricité du secteur numérique pourrait être multipliée par 2,7 entre 2010 et 2025 « parce que le nombre d’équipements augmente, mais aussi parce que certains équipements consomment de plus en plus d’énergie ».

Pour réduire l’empreinte énergétique et environnementale du secteur numérique, GreenIT émet des recommandations auprès des pouvoirs publics (par exemple, allonger la durée de garantie légale des équipements(8)) ainsi que des consommateurs (par exemple, favoriser des produits d’occasion ou reconditionnés, éteindre sa box et le boîtier TV associé quand ils ne sont pas utilisés, limiter l’usage du cloud et du streaming, etc.). En 2025, le monde pourrait compter plus de 68,5 milliards d’équipements « numériques » selon GreenIT, soit le double du niveau actuel.

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Sources / Notes
  1. Étude « Empreinte environnementale du numérique mondial », GreenIT, octobre 2019.
  2. « Quasi inexistants il y a encore 10 ans », les objets connectés seraient en particulier déjà 19 milliards en 2019 selon GreenIT (de 8 à 30 milliards selon les études). Le rapport fait par ailleurs état de plus de 7 milliards de téléphones (pour moitié environ des smartphones).
  3. Le secteur numérique compterait pour près de 4,2% de la consommation mondiale d’énergie primaire.
  4. Aux premiers rangs des sources d’impacts environnementaux listés par GreenIT figurent : la fabrication des équipements des utilisateurs ; la consommation d’électricité des équipements des utilisateurs ; la consommation d’électricité des réseaux ; la consommation d’électricité des centres informatiques.
  5. L’impact énergétique du secteur numérique ne se limite pas à la consommation d’électricité associée : « en fonction de l’étape du cycle de vie d’un équipement, on utilise différentes énergies primaires pour fabriquer différentes énergies finales […] Par exemple, pour extraire des minerais, on utilise du gasoil que l’on transforme en force motrice permettant d’animer une excavatrice », souligne GreenIT. Le bilan énergétique global, incluant notamment l’énergie grise nécessaire pour fabriquer les équipements avoisinait 3 400 TWh d’énergie primaire en 2010 selon GreenIT.
  6. GreenIT postule « un doublement, voire un triplement des impacts environnementaux en 15 ans » (entre 2010 et 2025).
  7. « Le nombre de traitements par joule doublait ainsi tous les deux ans [loi de Koomey]. Pourtant, la consommation électrique annuelle du numérique va presque tripler entre 2010 et 2025 passant d’environ 700 TWh à 1900 TWh. Cela signifie que les gains d’efficience énergétique sur la phase d’utilisation, qui se tassent depuis quelques années, ne compensent plus la hausse continue de la taille des écrans (effet rebond) ».
  8. La mise en place de consigne des EEE (équipements électriques et électroniques) permet par ailleurs d’augmenter le taux de collecte des DEEE.

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