L’efficacité énergétique, un « rôle vital », en particulier en temps de crise

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Efficacité énergétique

Les actions d’efficacité énergétique permettent de « s’attaquer immédiatement aux effets paralysants de la flambée des prix de l'énergie, en renforçant la sécurité énergétique et en luttant contre le changement climatique », souligne l’AIE. (©Pixabay)

La 7e Conférence mondiale sur l’efficacité énergétique de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’est tenue au Danemark du 7 au 9 juin, en présence d’une vingtaine de ministres. L’AIE a publié à cette occasion une analyse(1) pour souligner « le rôle vital de l'efficacité énergétique et des économies d'énergie pour faire face aux crises actuelles ».

Au moins « doubler les progrès d’intensité énergétique »

L’intensité énergétique est un indicateur central utilisé par l’AIE dans ses rapports consacrés à l’efficacité énergétique. Il désigne, pour une zone donnée, la quantité d’énergie consommée par rapport au produit intérieur brut (PIB)(2). Au niveau mondial, l’intensité énergétique a baissé en moyenne de 1% à un peu plus de 2% par an depuis une trentaine d’années (- 0,5% en 2020 dans le contexte d’épidémie de Covid-19).

Selon l’AIE, il est nécessaire d’au moins « doubler les progrès d’intensité énergétique » pour espérer atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 (scénario « NZE » de l’AIE), à savoir réduire de plus 4% par an cette intensité au niveau mondial d’ici à 2030.

Évolution de l'intensité énergétique mondiale

En 2021, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie ont connu leur plus forte hausse annuelle pour atteindre près de 36 milliards de tonnes. Entre 2000 et 2019, ces émissions avaient déjà augmenté de près de 10 milliards de tonnes. Mais environ 8 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires ont pu être évitées durant cette période grâce aux progrès d’efficacité énergétique, souligne l’AIE.

Impact de l'efficacité énergétique sur les émissions de CO2

Quelles actions ?

Les scénarios de neutralité carbone impliquent le déploiement d’une multitude de mesures d’efficacité énergétique et plus globalement d’actions sur la demande (électrification des usages, changements de comportements, numérisation dans l’industrie, etc.), indique l’AIE.

Dans le détail, l’AIE estime que, d’ici à 2030, près d’un tiers des réductions de consommations énergétiques pourrait provenir du déploiement « d'équipements plus performants d’un point de vue technique, allant des climatiseurs aux voitures et camions ». L’électrification des usages pourrait compter pour 20% des baisses de consommation (par exemple en remplaçant d’anciennes chaudières alimentées par des énergies fossiles par des pompes à chaleur plus efficaces ou en ayant recours à l'électricité pour fournir de la chaleur « basse température » à l’industrie). Les changements de comportements (transports notamment ou baisse des thermostats) pourraient, selon les estimations de l’AIE, compter quant à eux pour 18% des réductions de consommations.

Par rapport à un scénario tendanciel (avec les politiques actuelles), un scénario de « haute efficacité énergétique » permettrait d’économiser près de 95 exajoules (EJ) en 2030, estime l'AIE, soit « l’équivalent de la consommation d’énergie finale annuelle de la Chine ». L’AIE envisage que ce scénario réduirait en particulier la consommation mondiale de pétrole de près de 30 millions de barils par jour (« soit environ le triple de la production moyenne de la Russie en 2021 ») et la consommation mondiale de gaz de 650 milliards de m3 par an (« soit environ 4 fois ce que l’UE a importé de Russie en 2021 »).

Au total, l’AIE estime que le monde pourrait, à l’horizon 2030, consommer 5% d’énergie en moins pour « alimenter une économie 40% plus large » et près de 800 millions de personnes supplémentaires par rapport à aujourd’hui, grâce à des efforts supplémentaires d'efficacité énergétique. Sans nouvelles actions dans ce domaine, la demande mondiale d’énergie finale pourrait au contraire être 18% plus élevée en 2030 qu’à l’heure actuelle, indique l'Agence.
Sources / Notes
  1. 7th Annual Global Conference on Energy Efficiency, AIE, juin 2022.
  2. Le niveau d’intensité énergétique dépend entre autres de la structure de l’économie considérée (et notamment du poids des services et des industries intensives en énergie comme la sidérurgie), des politiques de maîtrise de la consommation mises en œuvre mais aussi de facteurs climatiques ou du niveau de vie de la population.

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