Les mots et les maux de l’écologie

  • Source : Terra Nova

Le terme « écologie punitive » revient fréquemment dans la rhétorique politique depuis une bonne décennie en France. Cette expression, notamment employée au sujet des taxations énergétiques, « signifie que la défense de l’environnement telle que la promeuvent les écologistes serait liberticide et autoritaire, typique d’une gauche qui ne sait que taxer et interdire ».

Dans la note ci-après publiée le 14 février par le think tank Terra Nova, Leo Cohen et Thierry Pech(1) s'interrogent sur ce « pont aux ânes du discours politique sur l’environnement » et l'énergie qui a « pour effet de confisquer le débat. Et pour cause, dès qu’une mesure se voit apposer le tampon « écologie punitive », il ne s’agit plus de questionner son efficacité, d’interroger ses modalités de mise en œuvre ou d’examiner les dispositions compensatoires qui l’accompagnent ».

Les auteurs soulignent qu' « en l’état actuel de la science, on ne connaît pas de politiques qui soient capables d’atteindre les objectifs de décarbonation de notre économie et de protection de la biodiversité dans les délais requis sans exiger de chacun un minimum d’effort et de changement. On sait même que la transition coûtera cher car il faudra mettre au rebut une très grande quantité de capital brun pour lui substituer une très grande quantité de capital vert »(2).

Ils s'insurgent par ailleurs contre « la facilité avec laquelle les pourfendeurs de l’écologie punitive déportent le débat sur le terrain social, en se présentant comme les hérauts des petites gens qui n’ont pas les moyens d’être vertueux », prenant l'exemple des 3,5 millions de ménages en situation de précarité énergétique en France et rappelant que le nombre de foyers ayant des difficultés à payer leurs factures d’énergie a presque doublé entre 2013 et 2020 : « pour eux, ce n’est pas la rénovation thermique ou le changement de chaudière qui sont punitifs, mais le statu quo ».

Lire l'étude :
Rhétorique autour de l'écologie punitive

Sources / Notes

  1. Leo Cohen est consultant, ancien conseiller au ministère de la transition écologique, auteur de 800 jours au ministère de l’impossible, l’écologie à l’épreuve du pouvoir (Les Petits Matins, 2022, à paraître).
    Thierry Pech est directeur général de Terra Nova.
  2. Les auteurs rejettent sur ce point l'idée d'une possible « transition douce et heureuse annoncée par les adversaires de l’écologie punitive (qui) promet au contraire d’encourager, de récompenser. Une orthopédie de l’enthousiasme aux allures de conte pour enfants. Les Français vont donc passer de 11 t CO2 par an (moyenne actuelle) à 2 t CO2 (objectif de la décarbonation) de leur propre initiative. Ils vont devenir spontanément héroïques : se mettre au vélo, à la marche, au bio, au végétarisme, changer de chaudière, cesser de prendre l’avion, isoler leur logement, trier leurs déchets… le tout en l’espace d’une génération et sans la moindre contrainte ».

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