Cours du pétrole : une remontée des prix pas aussi rapide qu'attendu en 2017

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Extraction pétrole

(©Anadarko)

Les efforts de l'OPEP et d'autres pays producteurs pour réduire la production et faire remonter les prix du pétrole n'ont pas eu d'effet aussi rapidement qu'espéré, mais le secrétaire général de l'organisation s'est dit mercredi "optimiste" pour les mois à venir.

"Les six premiers mois (de l'année) ont été très difficiles (...) mais nous restons optimistes sur le fait que nous sommes sur la bonne voie pour aider le marché à se rééquilibrer", a déclaré Mohammed Barkindo à des journalistes en marge du Congrès mondial du pétrole d'Istanbul. "L'écoulement des stocks (de pétrole) n'a pas donné lieu à une mise à jour suffisamment rapide des niveaux des stocks", phénomène auquel s'est ajoutée la reprise de la production dans certains pays producteurs, comme les États-Unis, a constaté le Nigérian.

L'OPEP et d'autres pays producteurs, dont la Russie, ont décidé fin 2016, dans un accord historique, de limiter leur production pour six mois, avant, fin mai, de prolonger cet accord jusqu'en mars 2018. Si le cours du baril s'est redressé début 2017, après être tombé jusqu'à 26 dollars début 2016, il reste toujours coincé sous les 50 dollars, contre plus de 100 dollars à la mi-2014. Ce faible niveau de prix met la pression sur de nombreux pays producteurs, qui ont vu leurs revenus s'éroder.

Selon M. Barkindo, l'initiative des pays producteurs a été pénalisée par des "vents contraires", comme des attentes trop hautes des marchés, la reprise de la production aux États-Unis, et une faible demande. L'action de l'OPEP est aussi contrecarrée par la hausse de la production au Nigeria et en Libye ces dernières semaines. Ces deux pays ont été exemptés de quotas, et la question se pose de les associer à l'effort, mais M. Barkindo a jugé "prématuré" d'évoquer ce sujet.

Pour rééquilibrer le marché, "nous devons régler le problème des stocks", a-t-il insisté. "Les résultats sont encourageants" avec un recul des stocks de 100 millions de barils depuis le mois de janvier, et "nous nous attendons à ce que ce retrait soit plus rapide avec une hausse de la demande dans la seconde moitié de l'année", a-t-il estimé.

Le comité de suivi mis en place par l'OPEP et ses partenaires doit se réunir le 24 juillet prochain à Saint-Pétersbourg en Russie pour faire le point sur la mise en place de leur accord. M. Barkindo s'est félicité du "haut niveau" de respect des quotas par les différents pays.

Des quotas de production pour l'OPEP et la Russie jusqu'à fin mars 2018

A l’initiative de l’OPEP, 24 producteurs de pétrole ont décidé le 25 mai 2017 de prolonger leurs quotas de production jusqu’à fin mars 2018 afin de stabiliser les cours du pétrole. État des lieux.

La 172e réunion de la Conférence de l’OPEP a acté le 25 mai le prolongement des accords conclus fin 2016 par 13 pays membres de l’OPEP et par 11 autres grands producteurs de pétrole non membres de l’organisation dont la Russie. Ces 24 pays s’étaient jusqu'ici engagés à réduire leur production cumulée de pétrole de près de 1,8 million de barils par jour (Mb/j) entre le 1er janvier et le 30 juin 2017 par rapport au niveau d’octobre 2016 (dont 1,2 Mb/j pour l’OPEP).

Ces quotas de production ont été officiellement prolongés de 9 mois à Vienne, soit jusqu’au 31 mars 2018. La Guinée équatoriale, dont l’adhésion à l’OPEP a été acceptée lors de cette réunion, prendra sa part à l’effort collectif avec une baisse de production avoisinant 5%. Précisons que ce pays ne produit toutefois que près de 270 000 barils par jour (près de deux fois moins qu’en 2012).

Le ministre saoudien en charge de l’énergie Khaled al-Faleh, qui s’est félicité de la stratégie mise en place pour rééquilibrer les marchés pétroliers, a précisé que différents scénarios de prolongation de l’accord avaient été étudiés, tant sur sa durée (entre 6 et 12 mois) que sur le niveau de production. L’option d’une prolongation de 9 mois sans effort supplémentaire aura finalement prévalu, à la grande déception des marchés.

Quid de la production américaine de pétrole de schiste ?

Cette reconduction de l’accord était attendue ces dernières semaines par les marchés qui espéraient une baisse de production supplémentaire ou une période plus longue de reconduction de l’accord. Après l’annonce à Vienne, le cours du baril de Brent a ainsi fortement chuté (- 3,6% par rapport à la semaine précédente) avant de remonter ces derniers jours (légèrement au-dessus de 52 $ ce 29 mai).         

A ce jour, le comité de suivi de l’accord de réduction de production fait état d’un respect scrupuleux des engagements des différents producteurs concernés. Le cours du baril de Brent est ainsi remonté ces derniers mois au-dessus de la barre 50 $ (52,4 $ en avril 2017 contre 44,7 $ six mois plus tôt) mais cette hausse reste timide.

La hausse des cours favorise en effet dans le même temps une remontée très rapide de la production américaine d’hydrocarbures non conventionnels, dont les coûts de production ont été largement diminués ces dernières années. Le schiste américain se trouve ainsi au cœur de l’équation que cherchent à résoudre les producteurs engagés par l’accord de Vienne. Il devrait encore peser lourdement sur la prochaine Conférence de l’OPEP qui doit se tenir dans la capitale autrichienne le 30 novembre 2017.

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