- Source : Ifri
« Le défi de la finance verte est d’aligner les flux de capitaux sur les objectifs climatiques, en particulier ceux acquis à l’issue de la COP21 et de la signature de l’accord de Paris » (comme le prévoit l’article 2.1.c dudit accord(1)), rappelle une nouvelle étude du Centre Énergie-Climat de l'Ifri publiée le 15 avril. De nombreux outils destinés à financer des actifs « verts » ont depuis été développés pour accompagner la transition bas carbone.
Dans cette étude, accessible ci-après, Pauline Deschryver, Charlotte Gardes, Théo Maret et Clémence Pèlegrin(2) rappellent la définition - « relativement élastique » - de la finance « verte », ses caractéristiques(3) et instruments associés (comme les green bonds ou obligations vertes). Il y est précisé l’action et le rôle des différents acteurs dans le cadre du financement de la transition bas carbone (agences de notation, régulateurs, institutions multilatérales, etc.)(4).
Les auteurs restituent de nombreux chiffres clés témoignant du « boom de la finance durable », comme la progression des émissions de dette dite « verte »(5) (prêts et obligations confondus) qui ont plus que quintuplé dans le monde entre 2015 et 2019 (atteignant 257 milliards de dollars en 2019). Ils mettent toutefois en garde sur l’efficacité des outils développés, appelant notamment à renforcer les obligations vertes en veillant à ce qu’elles ne constituent pas des opérations de greenwashing.
Dans la seconde partie de cette publication, les auteurs présentent des « pistes de consolidation » pour maintenir le rôle central de l’Union européenne dans le cadre de la finance verte. Ils y rappellent entre autres que « faute de politique énergétique et écologique commune, tant au sein de l’UE que du monde, l’absence d’une classification internationale du caractère durable d’un investissement rend difficile l’allocation des capitaux vers la transition bas carbone »(6). Ils recommandent notamment sur ce sujet l’instauration de principes communs au sein du G20.
Sources / Notes
- L'Accord « vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des changements climatiques, dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté, notamment en [...] rendant les flux financiers compatibles avec un profil d'évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques ». Accord de Paris, Nations unies, 2015.
- Pauline Deschryver, qui dirige la présente étude de l’Ifri, termine une formation en économie du développement et en politiques énergétiques et environnementales à Columbia University, avec une spécialité sur les green bonds.
Charlotte Gardes est doctorante en économie du droit sur le concept de responsabilité des marchés financiers face au risque climatique (Paris II – Assas).
Théo Maret est étudiant en économie à l’ENSAE.
Clémence Pèlegrin est consultante en gestion de grands programmes chez PwC et directrice du programme Énergie et Environnement du Groupe d’Études Géopolitiques. - « En pratique, il s’agit, selon l’OCDE, d’un mode de financement destiné à réaliser la croissance économique tout en réduisant la pollution et les émissions de gaz à effet de serre, en minimisant les déchets et en améliorant l’efficacité dans l’utilisation des ressources naturelles ».
- Différentes initiatives en matière de finance durable y sont également présentés comme le Green Finance Institute créé au Royaume-Uni (qui rassemble des acteurs publics, privés et académiques). Site du Green Finance Institute.
- Dont les définitions et standards n’ont toutefois « pas encore été décidés », rappelle l’étude.
- Le rôle de l’énergie nucléaire dans le cadre de la transition énergétique a en particulier « suscité des débats importants dans le cadre des négociations » au sein de l’UE et restera « l’un des points clefs de discussion en 2020 ».