La « défiance », maître mot du débat public sur les déchets nucléaires

  • AFP
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Le débat sur les matières et déchets radioactifs a témoigné de la "défiance" des Français sur ce dossier, a déclaré à l'AFP la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) à l'occasion de la présentation lundi des conclusions des discussions.

"Ce qui s'exprime dans le débat public sur le nucléaire c'est la défiance, une défiance qui s'est cristallisée au fur et à mesure des années et des débats publics avec le sentiment qu'on ne répondait jamais à leurs interrogations et à ce qu'ils disaient", a indiqué Chantal Jouanno.

La CNDP et la commission particulière chargée d'organiser le débat sur la gestion des matières et déchets radioactifs ont présenté lundi le bilan de cet exercice qui s'est tenu du 17 avril au 25 septembre. Plus de 3 400 participants aux 22 réunions publiques à travers la France, 28 000 visites du site internet, plus de 3 000 messages... Les chiffres ne sont pas extraordinaires, mais "déjà d'avoir pu tenir le débat jusqu'au bout (...) c'est un élément de satisfaction très important", a noté Mme Jouanno, alors que certaines rencontres ont été perturbées par des militants d'ONG antinucléaires qui ont boycotté le débat officiel.

Pour tenter de réconcilier population et décideurs sur cette question stratégique, le rapport appelle l'État et l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui ont jusqu'au 25 février pour répondre à ce bilan, à fournir des "réponses argumentées" et à mettre en place un dispositif "pérenne" d'association du public aux décisions, "sauf à prendre le risque d'accroître la frustration collective".

"Il y a chez certaines personnes un désenchantement, elles se disent à quoi bon organiser un débat public si les décisions prises après n'en tiennent pas compte", a commenté Isabelle Harel-Dutirou, présidente de la commission particulière qui organisait le débat.

Sur un sujet très conflictuel, miroir des clivages autour du nucléaire dans un pays qui possède le deuxième parc de réacteurs au monde, les conclusions mettent aussi en avant le fait que les Français se préoccupent sur ce dossier surtout des questions d'éthique et de société : quel héritage pour les générations futures, impacts sanitaires et environnementaux...

En haut de la liste des inquiétudes des participants également le projet Cigéo d'enfouissement des déchets les plus radioactifs à 500 mètres sous terre. Les déchets de haute activité (HA), qui peuvent être radioactifs jusqu'à des centaines de milliers d'années et doivent rejoindre Cigéo, représentent 0,2% du total des déchets radioactifs, soit l'équivalent du volume d'une piscine olympique, mais 94,9% du niveau de radioactivité.

Commentaires

A. BERNARD

Au sujet des déchets de haute activité qui restent radioactifs des centaines de milliers d'années, je me pose une question sans savoir apporter de réponse précise. Sachant que la radioactivité décroit avec le temps, quel sera le niveau de dangerosité de ces déchets stockés après 100 ans, 1000 ans, 10 000 ans ? présenteront-ils toujours un danger élevé pour l'homme ?

Rochain

Le "danger" restera le même tant que ses divisions successives par sa période de demie vie ne l'aura pas réduit à sa proportion naturelle dans la lithosphère.
Le terme de "danger" s'entend au-delà de cette limite car nous sommes apparus sur Terre avec ce niveau de dilution naturel qui donc ne serait pas dangereux puisqu'il ne nous a pas empêcher d'apparaitre, croitre et "embellir" . Ce qui ne préjuge en rien qu'il serait dangereux au-delà de cette limite.

Philippe Charles

Dans ce pseudo débat public sur la gestion des matières et déchets radioactifs, vous avez pu écrire tout ce que vous avez voulu. Cela n’a aucune importance, aucune incidence. Cela ne changera rien. Les décisions sont prises, les programmes lancés. Pendant qu’on vous distrait avec ce spectacle, les déchets radioactifs continuent de s'accumuler.
Pour les manipulateurs d’opinion, il faut que nous participions à la mascarade. Comme ils disent : « Faire participer, c’est faire accepter ».
Si nous participons à cette parodie, nous laissons croire qu’un débat démocratique a eu lieu. Nous aidons les communicants à roder leur argumentaire pour étouffer la contestation.

FAIRE PARTICIPER C’EST FAIRE ACCEPTER. Voilà le seul but de ce débat. Cette technique est bien connue depuis longtemps : on donne l’illusion aux citoyens qu’ils participent aux grandes orientations politiques du pays, aux grandes décisions sur les choix de société, pour en réalité mieux les éloigner des centres de décision, pour mieux les aliéner.

Ce pseudo débat n’est qu’une manœuvre dilatoire de plus pour faire taire la contestation et lisser les oppositions. Qui peut imaginer un seul instant que même si les contributeurs rejettent majoritairement l’enfouissement des déchets radioactifs, l’exécutif en tiendra compte ? Souvenez-vous, en 2005, le referendum sur le traité établissant une constitution pour l'Europe a été largement rejeté par les français (le « non » a recueilli 54,7 % des suffrages exprimés. De même pour les Pays-Bas où il a été rejeté encore plus massivement (61,6 %). Pourtant on connaît la suite…

Charentas

Vous avez raison. Cependant un tel débat permet de sensibiliser, d'informer, d'exprimer une opinion. Tout cela est essentiel pour une meilleure démocratie... et pour une évolution dans le bon sens !

studer

Vous avez raison cher monsieur : faire participer c'est faire accepter. Non pas de la façon machiavélique que vous sous-entendez, mais en donnant des explications détaillées de façon à faire admettre que les solutions envisagées sont les meilleures.
Sinon que proposez-vous ? Que l'on ne fasse pas participer ? Alors que diriez-vous !!!

BJD

Je ne suis absolument pas d'accord avec ces commentaires négatifs, il y a eu beaucoup de matière déposée par des experts qui ont la charge et ont exprimé l'état d'avancement en toute clarté. les problèmes posés et les voies pour y répondre.
Des efforts de pédagogie ont été fait et il faut le souligner....accessible pour la plupart des citoyens, le sujet est complexe, bien plus que les idées expéditive qui n ont aucun sens sinon celui de faire peur. Il demande beaucoup de temps que manifestement vous n'a pas été pris par ceux qui réagissent ici.
J'étais à Bagnols sur Ceze vraiment honteux la façon dont Sortir du nucléaire à torpillé le débat pendant deux heures , en racontant n'importe dans un chahut généralisé,en toute impunité, empêchant les exposés de se tenir, le vrai public en attente d'information a quitté les lieux...c'est l'objectif rester dans obscurcissement.

Lecteur 27

Comme son nom l'indique, "Sortir du nucléaire" ne poursuit pas le but de comprendre, de s'informer ou d'expliquer : sortir du nucléaire ne veut, depuis toujours, que sortir du nucléaire. Au moins on ne peut pas leur reprocher de ne pas afficher leurs objectifs. Du coup on devrait cesser de les considérer comme une source d'information et de réflexion fiable. Cette prudence pourrait d'ailleurs s'étendre à une bonne partie des ONG dites "environnementales" et nous devrions avoir la même prévention à leur égard. Ces ONG ont besoin des débats publics pour les manipuler, pas pour autre chose. Il faut le savoir, et continuer à organiser des débats publics sur ces questions importantes.

CinquiemeVallee

Ce que l'on veut pour être "informé" , c'est un débat vraiment contradictoire & d'égal à égal entre experts compétents d'avis opposés...car toute médaille a son revers, et l'on veut s'en faire une opinion sans à priori...mais qui donc choisira les fameux "experts" ? toute la question ressort de la déontologie même du "jugement équitable" : la méthode n'en peut être que "juridique", et les jurés , après avoir entendu les plaidoiries , exercent l'esprit critique qu'ils possèdent...à condition de ne pas avoir été au préalable, victimes d'une "lobotomie sociétale" , opération commencée dès l'école primaire sacrifiée sur l'autel du "béni-oui-ouisme dominant"...

bjd

Cinquième vallée, je ne comprend pas votre remarque, tous les meilleurs spécialistes se sont exprimés lors du débat, il suffit de prendre le temps de lire et comprendre les arguments des uns et des autres , la majorité est là, y compris les institutionnels. les absents n'ont pas voulu, ou su s'exprimer.
Beaucoup de questions légitimes ont reçu réponse.
Je ne connais pas un pays au monde qui y fait cela , que voulez vous de plus?

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