- Connaissance des Énergies avec AFP
- parue le

Le Venezuela a réaffirmé mercredi que Trinité-et-Tobago serait tenue de payer pour le gaz extrait d’un important gisement situé dans les eaux vénézuéliennes, après que les États-Unis ont autorisé la reprise de son exploitation.
« Le gaz du Venezuela doit être payé »
Washington a accordé début octobre un nouveau feu vert pour le champ Dragon, dont les réserves sont estimées à 120 milliards de mètres cubes. Cette décision intervient alors que les États-Unis ont récemment déployé des navires de guerre dans les Caraïbes, officiellement dans le cadre d’une opération contre le narcotrafic.
Ce feu vert doit permettre au gouvernement de Trinité-et-Tobago et à sa compagnie nationale de négocier avec Caracas et ainsi faire avancer le projet, sans pour autant contrevenir aux sanctions américaines visant le Venezuela, avait précisé début octobre le procureur général de Trinité-et-Tobago, John Jeremie.
« Le gaz du Venezuela doit être payé. Toute molécule exportée, pas seulement en direction de Trinité-et-Tobago, doit faire l’objet d’un paiement », a affirmé la vice-présidente vénézuélienne, Delcy Rodriguez, lors d’un forum économique. « Il s’agit de coopération internationale, de relations commerciales naturelles », a-t-elle ajouté.
Les modalités de paiement prévues dans l’accord signé en 2023 entre les deux pays et Shell pour la production et l’exportation du gaz issu de ce champ restent ambiguës. Dans le contexte de la crise entre les États-Unis et le Venezuela, l’administration américaine avait révoqué en avril et mai toutes les licences d’exploration et d’exploitation (dérogations à l’embargo et aux sanctions), notamment celle de la compagnie américaine Chevron au Venezuela. La licence relative au champ gazier Dragon comptait parmi ces révocations.
Trinité-et-Tobago, 2e producteur de gaz des Caraïbes
Depuis, fin juillet, l’Ofac (l’agence du Trésor américain en charge du contrôle des avoirs étrangers) a accordé une nouvelle licence à Chevron pour permettre à la compagnie pétrolière de reprendre son activité au Venezuela.
Le gisement gazier Dragon se trouve dans les eaux territoriales du Venezuela, au nord-est du pays, près de la frontière maritime avec Trinité-et-Tobago et à proximité des gisements exploités par Shell dans l’archipel trinidadien.
Deuxième producteur de gaz des Caraïbes, Trinité-et-Tobago — où 20 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et située à une dizaine de kilomètres seulement du Venezuela — traverse une récession économique et fonde de grands espoirs sur les revenus à venir issus de l’exploitation de Dragon.
La Première ministre, Kamla Persad-Bissessar, qui avait rencontré le secrétaire d’État américain Marco Rubio peu avant l’obtention du feu vert, soutient le déploiement américain dans les Caraïbes et adopte une ligne dure à l’égard des autorités vénézuéliennes.