- Connaissance des Énergies avec AFP
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Un "devoir moral" de "mieux se comprendre": Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont concédé mardi que le couple franco-allemand n'était pas au meilleur de sa forme mais affiché leur détermination à le remettre sur les rails, y compris sur l'épineux dossier de l'énergie.
La France et l'Allemagne forment "un couple très important" pour l'Europe, a martelé le chancelier à l'issue de deux jours d'un séminaire qui se voulait très informel entre les deux gouvernements, sur les bords de l'Elbe, afin de tenter de lever les crispations mutuelles. "Il y a parfois des perspectives différentes sur certaines questions, mais il est possible de développer un point de vue commun", a souligné le dirigeant allemand, se félicitant d'accueillir le président français sur ses terres à Hambourg, dans le nord protestant et tout en retenue de l'Allemagne.
"Nous avons le devoir, je dirais moral, politique, historique, de bâtir des voies communes pour avancer pour nos deux pays et pour notre Europe", a renchéri Emmanuel Macron, appelant à "réinventer des formes de coopération nouvelles", une "fascination réciproque". Comme si rien n'allait de soi malgré ces deux jours sous le signe de la convivialité, le président est apparu en costumes trois pièces et cravate tandis que le chancelier la jouait détendu, sans cravate.
Le tutoiement, dont Emmanuel Macron est pourtant familier, n'était pas encore non plus totalement de mise à l'égard de son homologue.
Électricité dans l'air
Très attendus sur un sujet crucial, la réforme du marché de l'électricité, les deux dirigeants ont aussi voulu se montrer au rendez-vous de ce dossier dont dépend la facture énergétique des ménages et entreprises en Europe. "Nous voulons avancer ensemble, nous allons avancer ensemble", a assuré le chancelier alors que les deux pays se livrent à une passe d'armes interminable à Bruxelles sur la place du nucléaire, banni par l'Allemagne mais central pour la France.
Les deux dirigeants se sont même engagés à essayer de trouver un accord d'ici la fin octobre, a fait valoir le président, pointant des modèles nationaux "extrêmement différents" mais "complémentaires". La France veut une prise en compte des centrales nucléaires déjà existantes dans les mécanismes de contrat à long terme, assortis de compensations financières, prévus par la réforme de la Commission européenne.
L'Allemagne, qui a abandonné l'atome, y est réfractaire, souhaitant privilégier les investissements dans les énergies renouvelables. Les ministres de l'Energie de l'UE se réuniront le 17 octobre pour tenter de trouver un compromis.
La guerre en Ukraine a mis à nu plusieurs divergences de fond sur l'alliance historique des deux pays, motrice de la construction européenne, de l'énergie aux programmes de coopération industrielle sur l'avion de combat et le char du futur.
Diplomatie du « Brötchen »
Au point de pousser les deux premières puissances européennes, en 2022, à reporter de quelques mois le dernier Conseil des ministres franco-allemand et de le remplacer par ce format de "retraite" ou "séminaire" informel, moins corseté. "L'esprit de Hambourg a régné", une volonté amicale de mieux se comprendre", "nous verrons les fruits de Hambourg grâce aux graines que nous avons semées", a lancé le président, volontiers lyrique.
Après une balade en bateau lundi sur l'Elbe, les deux dirigeants se sont offert au deuxième jour une promenade à pied ponctuée d'une dégustation de "Brötchen" (petits pains) au poisson dans un élégant quartier de Hambourg, Blankenese.
Accompagnés de leurs épouses et leurs ministres, ils ont échangé tranquillement en anglais sous un ciel beaucoup plus clément que la veille. "Même le soleil est là pour vous !", a lancé une passante, en serrant la main du président.
Les couples Macron et Scholz ont ensuite rejoint des kiosques à poisson, au bord de l'Elbe. Au menu, sandwich pour tout le monde, à l'anguille pour le président et le chancelier. "Je suis heureux que nous puissions ainsi bâtir de l'intimité dans un moment de grands bouleversements", avait résumé Emmanuel Macron à son arrivée à Hambourg, comme pour mieux graver dans le marbre cette diplomatie du "Brötchen".