En Asie, le cours du pétrole bondit de plus de 3%, après les sanctions américaines contre la Russie

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le
Derrick de pétrole

Le pétrole a bondi de plus de 3% jeudi en Asie après les sanctions américaines contre les groupes russes d'hydrocarbures, qui attisent les craintes de tensions sur l'offre, tandis que les Bourses asiatiques ont dans l'ensemble reculé dans un regain d'inquiétudes sur les tensions commerciales.

Le pétrole s'échauffe, les groupes russes sanctionnés

Vers 06H30 GMT, le baril de WTI nord-américain grimpait de 3,81% à 60,73 dollars et celui de Brent de la mer du Nord 3,55% à 64,81 dollars. Les cours ont flambé dès l'annonce par le ministère américain des Finances de sanctions contre les producteurs russes d'hydrocarbures Rosneft et Lukoil.

Expliquant cette décision par "l'absence de volonté sérieuse de la Russie de s'engager dans un processus de paix afin de mettre fin à la guerre en Ukraine", Washington a par ailleurs invité ses alliés "à se joindre à (ces) sanctions".

"Cette décision met en lumière les raisons pour lesquelles les Etats-Unis ont reconstitué leurs réserves stratégiques en début de semaine: l'administration estime clairement que les prix du pétrole se situent à un niveau (...) suffisamment bas pour mettre en œuvre des politiques susceptibles de perturber l'offre mondiale", observe Kyle Rodda, analyste du cabinet Capital.com.

La Russie est le troisième producteur mondial de pétrole brut, derrière les États-Unis et l'Arabie saoudite, avec environ 11% de la production du globe l'an dernier.

"Ces sanctions ne sont pas qu'un bout de papier, elles modifient le coût du transport d'un baril" car "les cargaisons liées à Rosneft ou Lukoil comportent désormais une prime de risque impossible à couvrir", et les sanctions les coupent du "système dollar" avertit Stephen Innes, analyste de SPI Asset Management.

Or, "Rosneft et Lukoil représentent à elles deux l'essentiel des exportations de brut russe (...) et sont la plomberie de la logistique pétrolière mondiale, leurs pétroliers mélangeant, négociant et expédiant du brut qui subit des changements de pavillon et de prix une demi-douzaine de fois", explique-t-il.

Ces sanctions interviennent alors que Washington accroît sa pression sur les pays européens mais aussi sur l'Inde et le Japon - grands importateurs d'hydrocarbures - pour qu'ils cessent leurs achats d'énergie à la Russie, estimant que cela contribue à financer la guerre menée par Vladimir Poutine.

Bourses sous pression, commerce et plénum sur le radar

A la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a reculé en clôture de 1,35% à 48.641,61 points et l'indice élargi Topix de 0,39% à 3.253,78 points. La Bourse de Séoul a fini en baisse de 0,98%, Taipei a lâché 0,42% et Sydney a terminé à l'équilibre (+0,03%). L'indice hongkongais Hang Seng gagnait 0,24% vers 06H30 GMT, effaçant ses pertes du début de séance. Les marchés s'alarment à nouveau d'une possible aggravation des tensions commerciales entre Pékin et Washington.

Et ce après avoir misé ces derniers jours sur une accalmie entre les deux puissances à l'orée d'une visite du président américain Donald Trump en Asie et d'un possible entretien la semaine prochaine avec son homologue Xi Jinping.

"Des informations parues dans la presse suggèrent que l'administration Trump envisage d'imposer des restrictions à l'exportation contre la Chine, ce qui empêcherait l'achat d'un large éventail de logiciels critiques", souligne Michael Wan, analyste de MUG.

Les investisseurs guettent aussi les conclusions d'une réunion cruciale du Parti communiste chinois, un plénum s'achevant ce jeudi et consacré aux orientations économiques de Pékin pour les cinq prochaines années.

"Les marchés seront attentifs à tout signe (important) de réorientation vers la demande intérieure et de rééquilibrage, notamment par une augmentation des dépenses sociales" pour doper la consommation comme moteur du PIB, explique Michael Wan.

Dans ce climat volatil, l'or jouait les montagnes russes, grimpant de 0,41% vers 06H30 GMT à 4.115 dollars l'once. Le yen recule, Takaichi scrutée Vers 06H30 GMT, la monnaie japonaise perdait 0,38% à 152,55 yens pour un dollar.

Les investisseurs étaient attentifs aux premiers indices sur la politique économique de la nouvelle Première ministre japonaise Sanae Takaichi, avant son discours de politique générale vendredi. "Les marchés semblent s'attendre à ce que la nouvelle administration freine la faiblesse de la devise et encourage tacitement les hausses de taux de la Banque du Japon", mais le rôle de la ministre des Finances Satsuki Katayama "pourrait être de modérer les dépenses publiques excessives", jugent les analystes de Nomura.

Ajouter un commentaire