Éolien offshore en Normandie : le débat public pointe inquiétudes et manque d'information

  • AFP
  • parue le

Implanter de nouvelles éoliennes offshore en Normandie et où ? Le débat public consacré au sujet a montré un grand besoin d'information des citoyens et aussi la nécessité de planifier globalement les usages de la mer, souligne lundi la commission du débat dans ses conclusions.

En plus des trois parcs déjà prévus sur la façade normande, non encore construits, le gouvernement en a annoncé un quatrième, qui serait attribué d'ici 2021 pour mise en service en 2028. Entamé en novembre 2019, le débat, achevé en août, s'est tenu dans "un contexte critique", sur fond de crainte des pêcheurs quant aux conséquences du Brexit sur le rétrécissement de leur zone d'activité, note la commission.

Cinquième débat normand en dix ans, celui-ci s'est "engagé sur un fond de déjà-vu, de défiance envers le maître d'ouvrage (l'État, NDLR) et d'incrédulité quant aux apports réels des études d'impact", souligne la synthèse. Pour la première fois pourtant, il était organisé très en amont du projet, les participants étant invités à se prononcer sur sa localisation et celle d'autres parcs potentiels.

Ils ont ainsi défini des zones "intouchables" pour cause de ressource halieutique ou de patrimoine (plages du Débarquement, Etretat...). Ils l'ont aussi souhaité loin des côtes (au-delà de 30 km), ou, pour certains, près des trois parcs déjà prévus afin d'en limiter les coûts. Dans ses recommandations, la commission suggère notamment à l'État de permettre la pêche dans les nouveaux parcs, comme cela se fait en Europe du Nord.

Elle relève aussi une forte demande de planification de la mer pour faire cohabiter les usages et "sortir des décisions au coup par coup". Il existe bien un "document stratégique de façade (DSF)" mais il est "insuffisant", explique à l'AFP Francis Beaucire, président de la commission, créée pour superviser ce débat. La recherche scientifique, associée à l'expérience des usagers, doit en outre être développée pour établir l'impact des activités éoliennes sur la faune marine et "lever les controverses inutiles", note M. Beaucire.

Au-delà, la commission demande à l'État de mettre à disposition du public "un bilan écologique et économique complet de toutes les sources de production électrique, nucléaire compris", pour mieux faire comprendre ses choix en matière de ressources énergétiques. Le gouvernement a jusqu'au 19 janvier pour répondre.

La France a depuis 2012 attribué sept projets éoliens marins. De difficultés administratives en blocages judiciaires, aucun n'est encore en activité, et le premier à démarrer devrait être Saint-Nazaire en 2022.

Commentaires

Dominique Guérin

Il faudrait surtout dire à quoi vont servir ces parcs: en effet, comme il y a des jours sans vent, il n'est pas possible de fermer aucun autre moyen de production d'électricité qui doivent être en permanence prêts à démarrer ou tourner au ralenti. Ces milliards investis dans ces éoliennes ne feront qu'économiser un peu de carburant dans les centrales pilotables. Ces éoliennes au nord de la France ne peuvent pas compter sur les barrages hydrauliques situés au sud est pour "réguler" leur production aléatoire. Il va donc falloir installer des centrales à gaz à proximité. C'est du gaspillage d'argent public.

Dominique Guérin

Bonjour, Roland.
Je ne traiterai jamais quelqu'un "d'imbécile" même pas ceux qui roulent à gauche, car ça ne présente aucun intérêt dans un débat qui se doit d'être constructif.
Je vous encourage seulement à aller très régulièrement sur le site electrictymap pour voir ce qui se passe dans les pays qui ont fortement investi en éolien (le Danemark, dont la puissance installée est supérieure à la consommation) mais aussi: l'Angleterre, l'Allemagne, l'Irlande...
Ceci les jours ventés mais aussi les jours sans vent et comparer leurs émissions de CO2 à celles de la France.
Vous découvrirez que même quand il y a beaucoup de vent et que l'éolien produit plus que la consommation, les émissions de CO2 sont au double de celles de la France.
l'éolien est un moyen de diminuer les émissions des pays produisant leur électricité à partir de charbon, de fioul ou de gaz, mais sans jamais pouvoir descendre au niveau du nucléaire, car il y a besoin (en permanence et partout dans les pays) d'assurer localement l'équation: production = consommation et pour ce faire, plus il y a d'éolien, plus il faut de centrales rapides au gaz. (sauf à disposer de beaucoup d'hydraulique comme en Norvège).
En France avec le peu d'hydraulique que nous avons dans les Alpes, l'installation d'éoliennes au Nord ouest, nécessitera des centrales rapides à turbines gaz comme celle qui vient de démarrer près de Nantes(comme par hazard)

Marc Diedisheim

Cher Monsieur, il faut bien constater que les éoliennes ne défendent pas le climat, en tout cas pas en France où l'électricité est presque totalement décarbonnée, avec ou sans elles. Elles ne servent qu'à satisfaire (en apparence) ceux qui demandent l'éradication du nucléaire. En apparence seulement, car le potentiel éolien offshore total estimé par l'ADEME est de 30 TWh par an. A comparer à la consommation française: 475 TWh par an. La messe est dite... Mais tout cet argent investi en éoliennes est détourné du combat urgent et prioritaire: réduire les émissions de CO2. Bienvenu au pays de Descartes. Bien cordialement.

de boissezon

bonjour,
je m'étonne du commentaire de Roland CHARLOU, car il mentionne les Anglais spontanément, en l'incluant dans l'opinion de Dominique, qui ne les a pas mentionné lui. Je crois que cela s'appelle de la manipulation provocatrice.

laurent D

Bonjour,
le nucleaire est aussi sujet à de l'intermittence ou mieux de la variabilté ( lourds travaux de maintenance, arret en raison de la faiblesse des débits des cours d'eaux ...c'est arrivé cet été ou risque de submersion)
j'espère que nous n'aurons jamais à demander des comptes aux supporters du Nucléaire après un accident grave....
Priorités aux ENR pour notre indépendance énergétique et regardons devant nous avec objectivité ( l'EPR est une catastrophe économique!), les techniques de stockage progresse à grands pas;

Alang

Amusant : les écolos pris à leur propre jeu. Les techniques de manipulation et d'influence qu'ils maîtrisent si bien en réunions publiques (et ailleurs) se retournent ici contre un projet officiellement "écologique" car elles y sont utilisées efficacement non seulement pas ceux qui y sont hostiles pour à mon avis de bonnes raisons [*] mais aussi par des écologistes "traîtres" qui, lorsqu'il s'agit de leur 'jardin', ne souhaitent pas pour peut-être de mauvaises raisons voir le projet décoller.
[*] Eh oui, encore un projet qui ne sert à rien de bien important sauf à tenter de satisfaire les écolos pro-éoliens, tentation politique de tous nos gouvernements, sans espoir de rétribution sur le plan politique.

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