Equinor se met au vert, pas assez pour les écologistes

  • AFP
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Le norvégien Equinor, géant d'un secteur pétrolier pointé du doigt pour ses émissions, a dévoilé jeudi d'ambitieux objectifs climatiques qui ont cependant laissé les défenseurs de l'environnement sur leur faim.

Neutralité carbone pour toutes ses opérations dans le monde d'ici 2030, réduction d'ici 2050 d'au moins 50% de l'intensité carbone (la quantité de gaz à effet de serre émise par unité d'énergie produite), décuplement d'ici 2026 des capacités dans les renouvelables... : Equinor a placé la barre haut.

Le groupe détenu à 67% par l'Etat norvégien a fait ces annonces en marge de la présentation de résultats annuels en baisse.

Pâtissant d'un fléchissement du cours des hydrocarbures, d'une contraction de la production ainsi que de dépréciations d'actifs, le bénéfice net a été divisé par quatre en 2019, à 1,84 milliard de dollars (1,7 milliard d'euros) contre 7,54 milliards un an plus tôt.

Le recul du résultat d'exploitation ajusté, référence sur le marché, est plus limité (-25%), à 13,48 milliards de dollars. Idem pour le chiffre d'affaires en baisse de 19%, à 64,36 milliards.

Mais, plus que les performances financières, ce sont les nouveaux engagements climatiques de la compagnie qui ont retenu l'attention.

Le directeur général, Eldar Saetre, a souligné le rôle du secteur énergétique dans la mise en oeuvre de l'Accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C avant la fin du siècle.

"Nous devons faire partie de la solution pour lutter contre le changement climatique, et accélérer la décarbonisation pour être plus en phase avec les changements dans la société", a-t-il déclaré.

Avec sa nouvelle feuille de route, Equinor durcit les engagements annoncés il y a tout juste un mois, à savoir une réduction d'ici 2030 de 40% des émissions par rapport à 2005 et des émissions "proches de zéro" en 2050.

« Major de l'éolien »

Pour atteindre la neutralité carbone en 2030, l'accent sera mis sur la réduction des émissions, via notamment l'électrification des installations pétrolières en les alimentant avec de l'énergie propre plutôt que par des turbines à gaz polluantes.

Le groupe projette également de neutraliser le reliquat de ses émissions avec l'achat de quotas de CO2 ou le recours à des mécanismes de compensation.

L'objectif de réduction de l'intensité carbone à l'horizon 2050 est encore plus ambitieux dans la mesure où -nouveauté pour Equinor- il englobe les émissions dégagées au stade de la production d'hydrocarbures mais aussi celles liées à leur consommation, par les véhicules par exemple.

L'atteindre sera facilité par le déclin attendu de la part des énergies fossiles dans le portefeuille d'actifs au profit des énergies renouvelables mais cela suppose aussi d'autres mesures: projets CCUS (captage, stockage et valorisation du CO2), développement de l'hydrogène...

Equinor dit vouloir devenir "une major mondiale de l'éolien en mer".

Le groupe, qui participe actuellement à la construction de l'immense champ Dogger Bank au large de la Grande-Bretagne, ambitionne de décupler sa capacité de production dans ce secteur en la hissant entre 4 et 6 gigawatts (GW) en 2026. Vers 2035, elle pourrait être comprise entre 12 et 16 GW.

"Equinor doit être saluée pour avoir, pour la première fois, pris en compte toutes les émissions, de la production à la consommation", a commenté une responsable de WWF Norvège, Else Hendel.

"Les mesures proposées pour réduire les émissions, c'est bien, mais le problème est qu'Equinor n'a toujours pas saisi que, d'ici à 2050, nous devons nous débarrasser totalement des émissions qui viennent des énergies fossiles", a-t-elle expliqué dans un courriel à l'AFP.

Pour l'année en cours, la compagnie envisage une hausse d'environ 7% de sa production d'hydrocarbures et de consacrer environ 1,4 milliard de dollars à la prospection sur des investissements totaux compris entre 10 et 11 milliards.

En 2019, la production s'est effritée de 2%, à 2,072 millions de barils équivalent-pétrole par jour (Mbep/j), malgré un record atteint en fin d'année grâce au démarrage de Johan Sverdrup en mer du Nord.

Quatre mois après son entrée en exploitation, ce gisement géant, le plus productif d'Europe de l'Ouest, pompe déjà 350.000 barils par jour (b/j). Il est en bonne voie d'atteindre son pic de production de 440.000 b/j cet été, a répété M. Saetre.

 

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