Inclusion du gaz et du nucléaire dans la « taxonomie verte » : un premier rejet de 2 commissions au Parlement européen

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le

Deux commissions du Parlement européen se sont prononcées mardi contre le projet de Bruxelles d'inclure le gaz et le nucléaire parmi les énergies "vertes" de l'UE, ouvrant la voie à un vote de l'ensemble des eurodéputés susceptible de bloquer ce texte controversé.

La Commission européenne avait présenté en décembre un projet de labellisation verte ("taxonomie") pour les centrales nucléaires et à gaz, qui vise à faciliter le financement d'installations contribuant à lutter contre le changement climatique - au grand dam d'ONG écologiques et de plusieurs États membres.

Ce texte sera considéré définitivement adopté le mois prochain, à moins que le Parlement européen (à la majorité absolue, soit 353 députés) ou les États membres (à une majorité qualifiée, soit au moins 15 États représentant 65% de la population de l'UE) n'opposent leur veto d'ici au 11 juillet, auquel cas Bruxelles devra modifier ou retirer sa proposition.

Lors d'une réunion conjointe des commissions parlementaires Affaires économiques et Environnement, 76 eurodéputés ont adopté mardi une objection au projet de la Commission (62 voix contre, 4 abstentions) : celui-ci devra donc faire l'objet d'un vote en session plénière du Parlement début juillet.

S'ils admettent que le gaz et le nucléaire peuvent contribuer à fournir de l'électricité pendant la transition vers des énergies durables, les eurodéputés ont considéré mardi que les normes techniques pour les inclure dans la taxonomie verte "ne respectent pas les critères (européens) d'activités durables sur le plan environnemental". Les Verts ont applaudi ce revers infligé à "la plus vaste opération de greenwashing du moment", qui est aussi "une claque" pour la France qui s'est battue pour cette inclusion du nucléaire.

Si ce vote de commissions parlementaires n'implique pas nécessairement qu'une majorité d'eurodéputés se prononcera pour un veto, plusieurs ONG ont salué un signal positif.

Pour Marta Toporek, de ClientEarth, ce vote "est le clou dans le cercueil de l'inclusion du gaz" dans la finance verte, "un auto-sabotage climatique flagrant" contredisant les règles environnementales de l'UE. "Il n'y a rien de durable dans les énergies fossiles et déchets nucléaires (...) La plénière doit maintenant suivre les deux commissions et rejeter ce qui serait une erreur climatique énorme et coûteuse, orientant des milliards vers des projets non durables" au détriment des énergies renouvelables, abonde Sébastien Godinot, du WWF.

Du côté du Conseil européen, près d'une dizaine d'États (Allemagne, Espagne, Suède, Autriche, Danemark, Luxembourg, Portugal, Malte...) s'opposent à l'inclusion du nucléaire, certains autres (Pays-Bas...) refusent d'y intégrer le gaz.

Commentaires

Denis Margot
Et pendant ce temps, les verts de gris continuent de grignoter le fruit et applaudissent un modèle allemand qui fait la preuve tous les jours de son impuissance à résoudre la crise climatique tout en rejetant religieusement une technologie qui démontre sa capacité à réduire l’empreinte carbone. Ce jour : Allemagne = 295 gCO2/kWh, Espagne = 257 g, Autriche = 108 g, Danemark = 110 g, Luxembourg = 217 g, Portugal = 266 g, Malte = ? France = 84 g.
EtDF
Arrêtons les interconnections... les grünen vont bleuir de froid...
Postyt94
Heuuu, si effectivement le soleil et le vent sont des sources d'énergie renouvelable, leur moyens de production, eux non ... Greenwashing, quand tu nous tiens ...
studer
Juridiquement, le Traité Euratom devrait clouer le bec aux membres de la CE ou aux parlementaires européens, sinon la CJUE devrait leur remettre en mémoire ce document fondateur de l'UE. Techniquement, les pays qui comme l'Allemagne visent un mix éolien (+ solaire) et gaz n'atteindront jamais le "net zero". Car le remplacement ultérieur du gaz "naturel" par de l'hydrogène électrolytique importé du Maroc est un mirage. Les Allemands seront devant deux choix draconiens : - ou ils pérennisent le mix éolien + gaz et il faudra qu'ils reconnaissent leur échec écologique. Mais comme aucune sanction n'est prévue dans la COP21 ou dans des textes communautaires, ils prendront un air faussement contrit et nous serons les dindons de la farce - ou ils veulent à tout pris arriver au "net zero" en 2050 voire 2045, et alors ils devront arrêter d'utiliser du gaz. Et pour compenser l'intermittence de leurs éoliennes ils demanderont à la France de leur vendre de l'électricité nucléaire ou à l'Autriche de l'électricité hydraulique lors des périodes sans vent. Et s'il n'y en a pas de disponible ? Il faudra alors leur faire un bras d'honneur et leur rappeler leur comportement inamical sur la Taxonomie.
Zamur
Les deux commissions changeront probablement d'avis quand les européens auront vraiment froid.

Ajouter un commentaire