La centrale au fioul d'EDF en Guyane autorisée malgré les engagements de Barbara Pompili

  • AFP
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L'administration guyanaise a donné son feu vert pour la construction d'une centrale controversée d'EDF en Guyane, alors que la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili avait demandé de réorienter le projet, a constaté l'AFP.

Par arrêté préfectoral du 23 octobre, le préfet de Guyane, Marc del Grande, a "autorisé" la mise en exploitation de la "centrale thermique" d'EDF Pei en Guyane, dans une forêt marécageuse de la commune de Matoury. "À la mise en service de la centrale thermique, les moteurs fonctionnent au fioul domestique", annonce l'arrêté préfectoral.

Le 17 octobre 2020, Barbara Pompili avait pourtant annoncé dans un communiqué "qu'il était hors de question de miser sur le fioul". "Au regard de l'impact écologique d'un tel projet", la ministre indiquait avoir "demandé de le réorienter" vers une centrale fonctionnant "aux biocarburants" et ce "dès sa mise en service" annoncée pour 2024.

"Il y a une cohérence totale entre les déclarations de la Ministre et l'évolution que nous engagerons sur le dossier", assure Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF, dans une réaction transmise à l'AFP. L'arrêté préfectoral demande à EDF Pei (Production électrique insulaire) de fournir dans "un délai de deux ans", "une étude technico-économique de faisabilité" qui définira les "modalités de mise en œuvre" d'une éventuelle conversion des moteurs au fioul en moteurs à "biocombustible".

Les biocombustibles ne devront notamment pas provenir de matières premières "présentant un risque élevé d'induire des changements dans l'affectation des sols", excluant notamment huile de palme et soja, avait indiqué la ministre. L'arrêté préfectoral mentionne l'interdiction d'envisager un approvisionnement en "huile de palme" mais ne fait pas mention de la filière soja.

La centrale au fioul du Larivot (500 millions d'euros), qui est une réplique de la centrale EDF de Lucciana en Haute-Corse, est classée "Seveso seuil bas". Le projet du Larivot avait reçu un avis défavorable de la commission d'enquête publique en juillet 2020.

La centrale thermique avait été codécidée il y a plusieurs années par la préfecture de Guyane, la collectivité territoriale de Guyane (CTG) et EDF et avait été validée par l'ancien ministre de la Transition énergétique Nicolas Hulot. Le Larivot doit remplacer l'actuelle centrale thermique "extrêmement vétuste et obsolète", selon la préfecture de Guyane, mise en service en 1982 par EDF, à Rémire-Montjoly, et maintenue sous dérogations successives jusqu'à 2023 malgré des fortes émissions polluantes.

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