La ministre de la Transition écologique propose à nouveau de baisser la fiscalité sur l'électricité « en augmentant celle sur le gaz »

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Gaz

La ministre de la Transition écologique a relancé vendredi sa proposition d'augmenter la fiscalité sur le gaz, énergie fossile qui contribue au réchauffement climatique, tout en baissant celle sur l'électricité, très décarbonée en France grâce au nucléaire.

Une proposition rejetée par Matignon et Bercy fin 2024

"Une solution décarbonée ne devrait jamais être davantage taxée. Je propose que nous baissions la fiscalité sur l'électricité en augmentant celle sur le gaz", a déclaré Agnès Pannier-Runacher dans un entretien au quotidien Le Monde, au jour de l'annonce d'un nouveau ralentissement de la baisse des émissions de gaz à effet de serre en France.

"Il n'y a aucune raison pour que les Français payent deux fois plus de taxes sur l'électricité produite en France que sur le gaz importé", a poursuivi la ministre, à la veille du grand bras de fer budgétaire, déjà marqué l'an dernier par une polémique autour de cette question.

En octobre, sa proposition d'augmenter la fiscalité sur le gaz, rejetée par Matignon et Bercy, avait provoqué une cacophonie gouvernementale sur ce sujet sensible depuis la sortie du bouclier tarifaire sur le gaz, mis en place pendant la crise énergétique à partir de fin 2021.

Dénonciation du populisme

Rendre l'électricité plus compétitive face au gaz par la fiscalité "faciliterait le changement de mode de chauffage et ce serait à la fois juste socialement et efficace climatiquement", a ajouté la ministre.

La forte consommation de gaz et de chauffage, sous l'effet d'un hiver plus frais, est l'une des premières causes de la stagnation des émissions de gaz à effet de serre en France (+0,2% au premier trimestre), aggravant le retard du pays sur ses objectifs climatiques.

La proposition de la ministre macroniste intervient aussi au lendemain de sa passe d'arme avec son collègue Les Républicains Bruno Retailleau, dont elle a étrillé une tribune réclamant l'arrêt des subventions à l'éolien et au photovoltaïque.

"Depuis quelques mois, la droite et l'extrême droite voudraient balayer tout ce qui a été construit avec le président de la République, Emmanuel Macron, en répétant que l'écologie est un danger", a-t-elle estimé. Elle dénonce "du populisme, du court-termisme électoral déguisé en soi-disant bon sens qui protégerait les classes populaires et la ruralité".

Pour la ministre, "cela expose les Français aux dangers du changement climatique et affaiblit la position de la France face à nos fournisseurs de gaz et de pétrole qui ne sont pas toujours des États alliés, comme la Russie, les États-Unis, l'Algérie ou des pays du Moyen-Orient".

Commentaires

Rochain Serge
Excellente proposition....favoriser l'électrique au détriment des fossiles....qui ne doivent plus être utilisés pour produire de l'électricité....il reste les renouvelables dans l'immédiat, et pour dans 15 ans si tout va bien....le nucléaire.
Etienne Leroy
Rochain, tu devrais te réjouir avec un peu plus de prudence. Parce qu’avec cette logique, c’est justement le nucléaire qu’on devrait soutenir à fond aujourd’hui. Pas “dans 15 ans”, mais maintenant. C’est lui qui fait déjà tourner le pays avec 400 TWh décarbonés par an. Et c’est lui qui rend justement cette électricité moins carbonée que l’éolien ou le solaire… grâce à une production stable, massive et locale. Tu parles de “favoriser l’électrique” ? Très bien. Mais alors soyons cohérents : 80 % de notre électricité est nucléaire. Le gaz est importé, cher, et émetteur. L’électricité, elle, est française, pilotable, et bas-carbone. Donc pourquoi est-elle plus taxée que le gaz ? C’est absurde. Quant à ta rengaine sur les renouvelables “dans l’immédiat”… elle ne résiste pas à la réalité du réseau. Ce sont justement leur intermittence et leur manque d’inertie qui provoquent des instabilités croissantes, comme le blackout espagnol, tchèque, ou les tensions sur les réseaux allemands. Alors oui, la ministre a raison de vouloir rendre l’électricité plus compétitive. Mais si elle veut être cohérente jusqu’au bout, qu’elle assume clairement son soutien au nucléaire. Et pas seulement dans les notes de bas de page.
COCHELIN
"Il reste les renouvelables dans l'immédiat". Il faudrait préciser un peu plus quelle place !

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