- Connaissance des Énergies avec AFP
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L'Agence internationale de l'énergie (AIE), instance devenue incontournable dans les discussions mondiales sur l'énergie et le climat, a annoncé jeudi l'extension de ses missions, et l'ouverture d'un processus pour accueillir l'Inde comme membre à part entière.
L'agence, créée il y a 50 ans par l'OCDE pour aider les pays riches face au choc pétrolier, a réuni pendant deux jours à Paris plusieurs dizaines de ministres de l'Energie et du Climat, notamment de ses 31 Etats-membres (pays européens, Etats-Unis, Japon, Corée du sud...).
Au terme de ce rendez-vous, "les gouvernements ont décidé de franchir un pas très important, qui changera à mon avis la gouvernance internationale de l'énergie pour de bon et à jamais: le gouvernement indien a demandé à être membre à part entière de l'AIE (...) nous avons décidé de répondre positivement, et nous commençons le chemin des discussions pour que l'Inde devienne membre", a dit à la presse le directeur général de l'AIE, Fatih Birol.
L'Inde était membre associé de l'AIE depuis 2017, au même titre que la Chine, le Brésil, le Kenya, l'Indonésie.
"L'Inde est la grande économie à la croissance la plus rapide. Une croissance durable a besoin de sécurité énergétique et de durabilité", a plaidé le Premier ministre Narendra Modi dans un message video aux ministres.
Dans le communiqué ministériel final, l'AIE se voit également confier la charge d'ouvrir une antenne à Singapour, première extension hors de son siège parisien, au coeur d'une région Asie-Pacifique déterminante pour le futur de l'énergie et du climat.
Autre résolution "de nature révolutionnaire" aux yeux de M. Birol, l'AIE devra réfléchir, sur le modèle de ce qu'elle prévoit déjà pour le pétrole (un mécanisme de réserves), à la création d'un "filet de sécurité" pour l'approvisionnement de ses membres en métaux et matériaux critiques de la transition énergétique.
Dans cette déclaration, "les gouvernements disent clairement que le combat contre le réchauffement climatique est une priorité pour eux", a souligné l'économiste turc, qui a accompagné ces dernières années son institution vers une prise en compte prioritaire du réchauffement climatique et vers une ouverture en direction des pays émergents et en développement.
Plus controversé, le rôle de l'énergie nucléaire a pour la première fois droit à un paragraphe dans la déclaration finale. Mais sa rédaction est prudente: "les pays qui décident d'utiliser l'énergie nucléaire ou soutiennent son utilisation reconnaissent son potentiel en tant que source d'énergie propre".
Au cours de ces deux journées, ministres et délégués d'une cinquantaine de pays ont échangé avec des industriels, soulignant le besoin d'innovation technique mais aussi de financement pour permettre la transition, notamment dans les pays du Sud.
Dans leur déclaration, les ministres de l'AIE "notent" que "les investissements dans les énergies propres devront atteindre 4.500 milliards de dollars par an d'ici 2030" si le monde veut limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
"Les investissements destinés aux économies en développement devront plus que tripler, à 2.200/2.800 milliards de dollars par an d'ici le début des années 2030", ajoutent-ils.
"L'agence est devenue l'un des acteurs les plus solides, les plus crédibles, les plus capables pour nous proposer les soutiens" face aux transformations du système énergétique, a jugé Teresa Ribera, ministre espagnole de la transition écologique, présente lors des échanges. "Ce qui compte, ce n'est plus le pétrole et le gaz, c'est le lithium et le cuivre" a-t-elle dit à l'AFP.